jeudi 30 janvier 2014

Le langage Scrabble... vous connaissez?

C'était bien des bès qu'il ouit près de l'aa du puy, et non du wu ou du kwa ou quelque dialecte éwé. En dépit des ahans, il sentait son ka intact, solide comme un jas ou une dure pièce d'inox. Il échappa quelques leks et l'obel de son manuscrit en enjambant le ru...

Ces phrases n'ont aucun sens et sont serties de mots que je n'utiliserai sans doute jamais de ma vie.. sauf si je me retrouve dans un match de Scrabble...  Je n'aime pas beaucoup les jeux en ligne, ayant eu mon débordement d'Angry Birds il y a quelques années... Mais récemment, je me suis laissé attirer dans un horrible guet-apens : le Scrabble en ligne via Facebook...

Cela a l'air inoffensif jusqu'à ce qu'on commence à jouer. Dans le jeu face à face, on n'utilise pas le dictionnaire (si je me souviens bien) à moins qu'un mot soit contesté par un adversaire... En ligne, le dictionnaire intégré indique automatiquement s'il y a erreur, sans pénalité pour le joueur qui a commis l'erreur. Et tout joueur peut consulter le dictionnaire en tout temps...

De plus, le dictionnaire présente toujours TOUS les mots de deux lettres, fort utiles dans les coins et recoins de la grille, ou à la fin du match... 

Et il y a la fonction « professeur », la plus enrageante du Scrabble en ligne. Après avoir placé un mot, cliquer sur « professeur » nous informe des points qu'on aurait pu accumuler en optimisant notre sélection de lettres. Quand le visage du professeur grimace, on sait qu'on a commis une bourde... Mais même quand il sourit, on voit presque toujours apparaître quelque chose comme : « C'est bien, mais voici comment vous auriez pu faire mieux ». Grrrr...

Comme je n'ai pas de talent inné pour l'alignement correct de lettres, je manque souvent l'occasion de placer un mot contenant mes sept tuiles, ce qui me vaudrait un boni de 50 points. Ma fille aînée (et son conjoint) me semblent particulièrement habiles à entasser les bonis de 50 points... Je pense qu'ils sont presque aussi rusés que le « professeur »...

Mais, sans aucun doute, ce qui m'irrite le plus, ce sont ces mots inconnus (de moi, en tout cas) qui permettent, entre autres, d'utiliser de façon optimale les lettres k, w, x, y et z... Alors aujourd'hui, j'ai décidé d'en prendre quelques-uns et de scruter mes dictionnaires pour en découvrir le sens... 

Voici donc une série de mots que des amis Facebook m'ont servis pour mon plus grand malheur dans des parties de Scrabble en ligne... et les résultats de mes recherches dans les dictionnaires Robert 2012 et Larousse 2010...

aa (coulée de lave constituée de blocs chaotiques)
ay (pas dans mes dictionnaires de noms communs - c'est un vin de la commune de Champagne, m'informe Elisabeth Delaporte)
wu (dialecte chinois)
be (bé ou bè, onomatopée qui imite le bêlement)
douvelle (petite douve de tonneau - douve, pièces de bois longitudinales assemblées pour former un tonneau)
kwa (groupe de langues nigéro-congolaises)
ahana  (du verbe ahaner, faire entendre des ahans, souffles bruyant marquant un effort pénible ou fatigue)
yet (pas dans les dictionnaires)
gex (apparamment un nom propre, région au nord de Genvève)
kan (pas dans les dictionnaires)
ka élément constitutif de la personne représentant sa force vitale (mythologie égyptienne)
ewe (éwé peuple du Togo)
ru (petit ruisseau - j'aurais dû me souvenir de mes anciens mots croisés...)
jas (barre transversale d'une ancre)
wus (pluriel de wu?)
puy (cratère volcanique en Auvergne)
xi (ou ksi, 14e letre de l'alphabet grec)
obel (marque utilisée par les paléographes, expert en science des écritures anciennes, pour noter un passage dans les anciens manuscrits)
lek (unité monétaire de l'Albanie)
inox (acier inoxydable - lui, j'aurais dû savoir...)


Personnellement, je ne vois aucune utilité (autre qu'au Scrabble) à connaître ces mots dans la vraie vie... sauf peut-être pour inox....

Bon, trêve de rédaction... les petites cloches de mon iPod viennent de sonner... Mon partenaire au Scrabble vient de jouer... peut-être un nouveau mot à ajouter à la collection ci-haut... Allons voir...


samedi 25 janvier 2014

Adieu, Jean-Louis Fujs



À mon âge, les avis de décès font partie des incontournables du journal quotidien... Ce matin, dans Le Droit, un tout petit avis - le plus petit de l'abondante nécrologie du samedi - a retenu mon attention. Ce fut d'abord le nom, peu commun en Amérique du Nord. Puis la brièveté du texte de l'avis de décès d'un enfant unique et d'une lignée qui s'éteint, presque dans l'anonymat.

Mais ce Jean-Louis Fujs, je l'ai connu, jadis. Quand je suis entré à l'Université d'Ottawa, à la faculté des sciences sociales, en septembre 1963, il fut mon professeur de littérature française. On s'amusait cette année-là à noter que l'âge moyen de nos profs oscillait autour de la mi-vingtaine. Mais Jean-Louis Fujs était le plus jeune... Il n'avait que 21 ans !

Évidemment, à l'époque, en pleine Révolution tranquille, en science politique par surcroit, la littérature était le dernier de nos soucis et les enseignements, sans doute excellents, de M. Fujs sont depuis longtemps effacés de mes souvenirs. Quand j'ai vu l'avis de décès ce matin, j'ai donc voulu me rafraîchir la mémoire et suis allé voir ce qu'Internet avait conservé de lui.

Le résultat fut presque aussi bref que l'avis en section nécrologique du Droit. J'ai d'abord trouvé l'avis de décès de sa mère Laure Grahovac, née en Croatie, morte en 2006, et de son père Jean Fujs, né en France, décédé en 2003. Pour le reste, je n'ai trouvé que deux mentions d'importance: la lecture de poèmes de Nelligan par Jean-Louis Fujs, et un hommage à Hedwidge Herbiet du département de théâtre de l'Université d'Ottawa, où son nom est inclus parmi les connaissances de Mme Herbiet.

Et c'est tout. Il a sans doute été professeur et comédien, actif dans le théâtre français d'ici (que je ne connais guère), mais je n'ai trouvé aucune référence dans le site Web du Droit. Ni sur sa vie, ni à l'occasion de sa mort, survenue à la mi-décembre 2013 mais annoncée seulement à la fin de janvier pour inviter les amis et amies de M. Fujs à une cérémonie commémorative, le 28.

Je trouve ça un peu triste, qu'une vie sans doute bien remplie se termine dans un oubli relatif, et se résume à un avis de décès de quelques lignes. « Il laisse dans le deuil ses ami(e)s. » J'espère qu'ils sont nombreux, ces ami(e)s, et qu'à cette ère des médias tous azimuts, quelque connaissance ou chroniqueur voudra transmettre aux générations actuelles et suivantes un portrait de mon premier (et seul) prof de lettres françaises à l'université...

Adieu, M. Fujs. Sachez que je me suis souvenu de vous et que je vous salue une dernière fois.






vendredi 24 janvier 2014

Les derniers jours de Louis-Joseph Papineau

Dans ce débat sur le projet de charte des valeurs, portant sur le thème central de la neutralité religieuse de l'État, les plus vieux d'entre nous avons souvent comme point de repère l'ancienne époque (avant la Révolution tranquille) où la société québécoise, canadienne-française et acadienne était dominée par l'Église catholique. Ceux et celles qui osaient remettre en question le rôle central de la religion, même dans les affaires de l'État, étaient souvent marginalisés.

Mais il y en a eu, de ces gens audacieux qui ont bravé les autorités ecclésiastiques pour affirmer le caractère privé des croyances et la nécessaire séparation de l'Église et de l'État. Un de ces pionniers fut Louis-Joseph Papineau, chef des Patriotes de 1837-1838. La déclaration d'indépendance de 1838 énonçait à l'article 4 que « toute union entre l'Église et l'État est par la présente déclarée être dissoute ». À l'époque, de telles intentions pouvaient mener à l'excommunication, mais Papineau tint bon à ses principes jusqu'à sa mort en septembre 1871.

Cette semaine, en scrutant les étagères de la petite librairie d'occasion de mon quartier (à Gatineau), je suis tombé sur un exemplaire de la biographie de Papineau par Robert Rumilly*, publiée en 1933, et que j'ai achetée avec empressement. C'est donc écrit à l'époque où la grande noirceur sévissait toujours ici, et j'étais curieux de voir ce qu'un auteur conservateur comme Rumilly écrirait sur le dernier chapitre de la vie du vieux Patriote.

Je vous propose ici les trois dernières pages du livre, parce qu'elles sont émouvantes, mais aussi parce qu'elles peuvent servir d'inspiration à ceux et celles qui poursuivent le combat pour la neutralité religieuse de l'État au 21e siècle :

« Papineau, à l'époque de sa mort, était entouré à la Petite-Nation du cercle de sa famille réduite : sa fille Ezilda, son fils Amédée et sa bru, son gendre Napoléon Bourassa et ses petits-enfants.

« Le jeudi 14 septembre 1871, en dépit d'une légère indisposition, il descendit en pantoufles et robe de chambre pour donner des instructions au jardinier. Il faisait très frais. Papineau frissonna. Il ne fut pas bien le reste de la journée, et ce malaise s'aggrava les jours suivants.

« Il ne respirait qu'avec peine. Le lundi on fit venir un médecin de Montréal. Les poumons étaient congestionnés. L'oppression s'accrut, devint telle qu'il dut rester assis. Pendant cinq jours et cinq nuits, il ne put se coucher; il allait d'une chaise à l'autre. Il était entouré de soins admirables. Il s'excusa de donner aux siens tout ce mal inutile, car il sentait bien la fin prochaine. Il en parla sans crainte, expliquant en détail les intentions de son testament. À ses petits-enfants il conseilla de mettre du bon vouloir et de la sympathie dans toutes les relations de la vie. De temps à autre, il buvait sa potion et disait en souriant : "C'est pour satisfaire le docteur, mais il sait aussi bien que moi que c'est inutile."

« Il eut alors à prendre une décision pénible, mais à laquelle il avait longuement réfléchi. Le Père Bourassa vint lui offrir les derniers sacrements. "Mon cher curé, dit Papineau, vous êtes un digne prêtre et un bon ami. Depuis cinquante ans que je médite sur les fins dernières, je crois à l'existence de Dieu et aux devoirs moraux des hommes, mais je ne parviens pas à croire à la Révélation. Alors, je ne puis sans mentir à Dieu et aux hommes recevoir vos services comme prêtre."

« Il s'arrêta pour reprendre haleine, puis : "Je vois venir la mort avec un calme absolu. Dieu ne me punira pas de n'avoir point cru, en mon âme et conscience, à des dogmes."

« Il se raidissait, mais ses mains esquissaient le geste de carder les accoudoirs du fauteuil. Le Père les emprisonna dans les siennes et doucement, amicalement, insista sur le bon exemple que Papineau avait donné toute sa vie et qu'il lui fallait donner une dernière fois. Le vieillard demanda: "Je n'ai jamais déguisé ma pensée. Voudriez-vous donc, mon cher curé, que j'arrive devant Dieu avec un mensonge à la bouche?" Il dit encore : "Si je me trompe, c'est de bonne foi, et je compte sur la miséricorde de mon Créateur."

« Les deux hommes souffraient de s'infliger cette peine mutuelle; mais chacun se devait encore de lutter. Le curé observa qu'il serait peut-être difficile de faire inhumer Papineau, s'il persistait, dans sa chapelle mortuaire, à côté de ses parents. "Vous avez assisté mon fils Gustave, dit Papineau, et ma femme bien-aimée. Vous savez comme j'ai respecté leurs croyances, comme je leur ai procuré les consolations religieuses qu'ils désiraient avoir. Laissez-moi reposer près d'eux en paix... dans la dernière demeure que j'ai préparée pour eux et pour moi. "Je dois en référer à l'évêque d'Ottawa", dit le prêtre. "Il m'estime et ne manquera pas de charité", répond Papineau.

« Le malade était blême d'épuisement. Le curé s'en alla, repassant par le salon où il s'était souvent assis en face de M. Papineau pour la partie de cartes ou de trictrac. Cette fois, il s'était montré patient comme jamais, et n'en venait pas moins de perdre la partie pour le gain de laquelle il aurait donné sa main à couper. D'un geste machinal, il croisait et décroisait ses gros doigts qui tremblaient. Il partit pour Ottawa, où l'évêque devait lui conseiller de ne pas soulever de discussion pénibles, et d'assister aux funérailles, en soutane seulement.

« Le prêtre sorti, Papineau s'excusa auprès des siens de cette suprême et triste victoire, et répéta, hochant la tête: "Je compte sur la miséricorde de mon Créateur."

« Vint le moment où il ne put se déplacer. Il fit alors traîner son fauteuil près de la fenêtre. Il voulait contempler une dernière fois le coucher du soleil. Il regarda de tous ses yeux le jardin qui commençait de prendre les teintes carminées de l'automne. Il dit: " Je ne verrai plus mon jardin et mes fleurs."

« Puis il parla difficilement. Il remercia par des ébauches de sourire ceux qui prenaient soin de lui. On lui fit absorber un calmant. Demi-conscient, il dit encore, levant les bras vers le mur : "Un appel... en faveur... des pauvres Irlandais." Puis il repris son entière connaissance et dit: "C'est stupide de s'en aller quand il se passe de si grandes choses dans le monde... Les affaires de la France et de l'Angleterre sont si embrouillées..."

« Le soir du 23 septembre, un samedi, il fit ses adieux au médecin: "Tout ce que la science peut faire, vous l'avez tenté." Et dans un dernier souffle : "Merci, mon cher docteur, et adieu."

« Quelques minutes après - à neuf heures, l'heure où était mort Gustave - il laissa tomber sa tête en arrière sur le fauteuil. Le médecin prit son pouls et dit: "Adieu, monsieur Papineau." Le coeur trop ardent avait cessé de battre.

« Les trembles et les érables de la Petite-Nation se paraient de rouille et de pourpre. Aux flancs des Laurentides résonnaient les premiers accords de la grande symphonie automnale. Les plus précoces des oiseaux migrateurs rayaient le ciel de leur vol triangulaire. Un vent léger soulevait, faisait tourbillonner les premières feuilles mortes. »

Le projet actuel de charte des valeurs (des valeurs universelles et non uniquement québécoises) s'inscrit dans l'héritage de la rébellion républicaine, démocratique et laïque des Patriotes d'il y a 175 ans. Les derniers jours de Louis-Joseph Papineau montrent à quel point s'étaient enracinées les valeurs qu'ils avaient défendues au péril, et parfois au prix de leur vie. Ils ont défié l'intégrisme de l'époque et auraient sans doute combattu ceux d'aujourd'hui.


* Papineau, par Robert Rumilly. Éditions Valiquette, Montréal, 1933, 281 p.

Signes religieux, liberté de religion, liberté d'expression: on jase là...

Cela me fascine d'entendre les gens argumenter autour des principes justifiant (ou pas) le projet de charte des valeurs, ou sur les conséquences appréhendées de leur application. Quant à moi, ma position en faveur d'une séparation totale de la religion et de l'État, y compris l'interdiction de signes religieux visibles, est simple et facile à expliquer. On sera pour ou on sera contre sans avoir à peser mille et un détails et nuances... On adopte, ou on rejette...

Les libéraux

Les libéraux de Philippe Couillard ont justement des tas de problèmes parce qu'ils s'éloignent de ce que je croyais être leur position de départ, soit l'autorisation complète des signes religieux et une opposition tous azimuts au projet de charte du gouvernement Marois. Je ne partage pas cette vision des choses, mais elle a le mérite d'être claire. De toute évidence, une partie de l'électorat libéral, et même certains députés, n'étant pas aussi tranchés, M. Couillard a tenté d'échafauder un compromis.

Et comme il fallait le prévoir, il s'est enfargé dans les signes religieux, et notamment dans la perception que certains signes religieux - surtout ceux de la religion musulmane - consacrent une infériorisation de la femme. Or, aujourd'hui, fort heureusement, on ne badine plus avec l'égalité des sexes. Dans sa plus récente position, le PLQ prône donc - pour le personnel de l'État - l'interdiction de la burqa, du niqab et du tchador, sans doute les plus visibles et englobants des vêtements destinés aux femmes musulmanes.

« Nous considérons que le port de ces trois vêtements par la femme est l'instrumentalisation de la religion pour des fins d'oppression et de soumission », a déclaré M. Couillard, cité dans Le Devoir. Fort bien. C'est une opinion que je partage, mais qui serait sûrement dénoncée par certains chefs religieux musulmans. Et on pourrait sans doute trouver des femmes qui jureraient qu'elles ont librement choisi de porter une burqa, un niqab ou un tchador...

Ce que je ne comprends pas, et qui à mon avis est indéfendable, c'est pourquoi seulement les trois vêtements les plus visibles infériorisent la femme. Le foulard, le hijab ne le font-ils pas autant? La seule différence, c'est qu'ils sont moins énormes, moins englobants. Dans le cas du tchador comme du foulard, on trouvera des gens pour dire qu'il s'agit d'un libre choix, et d'autres pour dire qu'il s'agit d'une obligation... Alors c'est quoi, une grosse infériorisation on interdit, mais on permet les plus petites? L'inégalité hommes-femmes peut être tolérée si l'écart ne dépasse pas une certaine marge?

C'est un peu comme affirmer qu'un vol de millions $ sera interdit, mais que les petits larcins de quelques milliers de dollars seront tolérés... Un vol c'est un vol... Un signe religieux, c'est un signe religieux... Qu'il puisse être imposé par surcroit le rend simplement plus odieux...

La liberté de religion et d'expression

L'autre argument qui me chicote, c'est celui de la liberté de religion et d'expression, qui serait brimé par l'interdiction, faite au personnel de l'État, de porter des signes religieux ostentatoires. D'abord, il me semble qu'on oublie trop vite que les codes vestimentaires font partie de nombreux milieux de travail, dans les secteurs privé et public, depuis fort longtemps. Je n'ai jamais beaucoup aimé ces codes vestimentaires et les ai contestés à l'occasion quand je les croyais injustifiés... particulièrement le port obligatoire de la cravate pour les hommes à plusieurs endroits...

Par contre, il y en a de ces codes qui sont justifiés. Personne ne contestera aujourd'hui l'obligation de porter des vêtements de sécurité quand le danger d'un emploi l'exige. Et cela peut avoir des conséquences pour certains signes religieux... on ne peut guère porter un turban sous un casque protecteur de chantier de construction.

L'État, par sa nature, est exceptionnel. C'est la seule structure qui représente tous les citoyens et citoyennes, toutes tendances, toutes opinions, toutes religions, croyances ou non-croyances confondues. L'État doit desservir toutes ces personnes qui ont des droits citoyens égaux, et ce, dans le plus strict respect de l'égalité hommes-femmes. Pour ce faire, il doit afficher une neutralité absolue - dans son affichage, dans les lieux publics, dans les services rendus et dans l'apparence des personnes qui rendent ces services.

Qu'une personne tienne à porter des signes religieux dans sa vie privée, dans le respect des lois, je n'y peux rien, même si certains de ces signes me déplaisent. C'est le droit de cette personne de s'exprimer et de pratiquer sa religion, dans le respect des lois, et je défendrai ce droit sans compromis. Mais il y a une différence fondamentale entre s'exprimer dans sa vie privée, à titre personnel, et s'exprimer en étant auréolé du titre d'employé ou de représentant de l'État. On s'exprime alors dans un lieu public et dans le cadre d'une fonction publique avec un mandat qui provient de l'État qui représente TOUS les citoyens.

Pour moi, il apparaît clair qu'il existe une différence entre M. ou Mme Untel qui vient me rencontrer avec sa croix, son kippa ou son foulard, et M. ou Mme fonctionnaire de l'État qui se présente devant moi avec les mêmes signes. Le premier s'exprime à titre personnel. Le second s'exprime vêtu de l'autorité de l'État. Je ne réponds pas au premier comme au second, surtout si j'ai besoin d'un service important - de santé par exemple - de ce second...

Le port de signes religieux par un membre du personnel de l'État, dans le cadre des fonctions qu'il exerce et de l'autorité qu'il représente, brime la liberté d'expression de son interlocuteur citoyen privé, qui pourrait ne pas oser dire ses opinions par crainte des conséquences... Il y a là un potentiel abus de pouvoir.

Enfin, c'est ce que je pense. Comme dirait une de mes filles, on jase là...

jeudi 23 janvier 2014

Guerre de 1812: propagande sculptée...

Le croquis du monument à la Guerre de 1812, publié dans le quotidien Le Droit. Voir http://bit.ly/1egVdy0 

En regardant de près l'image de la sculpture sur la Guerre de 1812 qui doit être érigée d'ici septembre sur la Colline parlementaire, à Ottawa, on peut conclure que le gouvernement conservateur a opté pour une oeuvre de désinformation et de propagande. L'auteure de la sculpture, la torontoise Adrienne Allison, déclarait justement, en juin 2013, que les Canadiens « ne connaissent pas leur propre histoire ». Elle a tout à fait raison, et son oeuvre en sera une preuve de plus !

Cette création de 2 millions $ sera intitulée, selon un article du quotidien Le Droit, « Triomphe grâce à la diversité ». Elle consistera en un cercle sur lequel figureront sept personnages, dont un marin et un fantassin britanniques, un milicien Métis, un guerrier autochtone, un fermier armé, et au moins un Voltigeur du Bas-Canada (Québec). Le gouvernement Harper veut, comme dans ses autres initiatives visant à commémorer la Guerre de 1812, présenter le conflit comme une des assises de « l'unité nationale » canadienne telle que conçue par les Anglo-Canadiens.

Que cela relève largement de la fiction ne semble pas soulever beaucoup de vagues. Que la Guerre de 1812-1814 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis ait été importante pour la suite des événements au Canada ne fait pas de doute. Qu'elle ait été un ciment d'unité nationale entre Britanniques, Anglo-Canadiens, Bas-Canadiens (Québécois), Métis et Autochtones constitue un mensonge grossier. C'est une réécriture de l'histoire par un gouvernement qui veut utiliser le passé pour justifier ses orientations monarchiques et militaristes.

Mais comme les Québécois et les Canadiens connaissent mal ou peu leurs histoires nationales (vivement un retour (?) à l'enseignement chronologique et approfondi de cette matière!), on peut leur passer à peu près n'importe quel sapin... Que la Guerre de 1812 ait influencé l'éclosion d'une identité nationale chez les francophones de la vallée du Saint-Laurent me semble une thèse défendable. Qu'elle ait rallié les loyalistes anglophones à la défense de la mère-patrie me paraît évident. Mais les faits contredisent un quelconque rapprochement identitaire des deux groupes linguistiques...

D'abord les Bas-Canadiens ont résisté à la conscription, un grand nombre refusant de se présenter, d'autres désertant. Les arrestations de conscrits récalcitrants ont engendré des affrontements armés entre francophones et l'armée britannique. Quant aux exploits très réels du colonel de Salaberry, on néglige de rappeler que les Britanniques avaient limité à quelques centaines le nombre de « Voltigeurs » qu'il aurait le droit de recruter, et que les miliciens francophones formaient plus de 90% des troupes qui ont repoussé des milliers de soldats américains à Châteauguay. Et que le gouverneur britannique a par la suite tenté de diminuer la gloire de Salaberry...

La contribution des Bas-Canadiens au conflit contre les États-Unis a été majeure, mais cela ne leur a rien donné. Ils luttaient déjà, avant la Guerre de 1812, pour la reconnaissance de leur langue et pour un gouvernement démocratique et responsable. La répression britannique au Bas-Canada s'est poursuivie en dépit des services rendus au combat, et cela n'a servi qu'à aviver l'esprit combatif d'un des vaillants capitaines de la milice canadienne durant la Guerre de 1812, un certain Louis-Joseph Papineau, qui devait être élu président de la Chambre des députés en janvier 1815 et éventuellement mener le Parti patriote vers l'insurrection de 1837 contre la Grande-Bretagne.

Ces événements, on n'en a pas parlé pas dans les campagnes fédérales de propagande. Dieu sait ce qui nous attend au cours des quatre prochaines années, alors que s'amorce la commémoration de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Il y a fort à parier que la crise de la conscription (la deuxième après celle de 1812) ne figurera pas à l'avant-plan du programme conservateur... 






lundi 20 janvier 2014

«Que notre volonté soit citoyenne!»

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N'oubliez pas : c'est aujourd'hui (21 janvier) l'anniversaire de notre magnifique fleurdelisé !
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En adoptant la Charte de la laïcité - qu'il y ait ou non entente complète sur l'interdiction du port visible de signes religieux par le personnel de l'État - le Québec aura dénoncé très clairement deux assises de la Constitution canadienne et jeté les bases d'une éventuelle constitution républicaine.

Dans son préambule, le projet de loi 60 du gouvernement Marois se lit comme suit : « L'Assemblée nationale du Québec affirme les valeurs que constituent la séparation des religions et de l'État ainsi que la neutralité religieuse et le caractère laïque de celui-ci. » Ce principe pourrait sans doute obtenir une approbation unanime des députés du Québec.

Or, cette simple phrase viole au départ l'article 3 de la Loi constitutionnelle de 1867, lequel déclare : «À la Reine continueront d'être et sont par la présente attribués le gouvernement et le pouvoir exécutifs du Canada». Bien sûr, ces pouvoirs de la Reine sont maintenant concentrés dans la fonction du premier ministre mais le monarque britannique demeure le chef d'État du Canada, et, de ce fait, du Québec.

Or, selon les règles officielles de succession de l'Angleterre, la roi ou la reine doit être de religion anglicane (dont il ou elle est l'un des chefs). Non seulement doit-il épouser et gouverner l'Église d'Angleterre, mais il lui est interdit d'accéder au trône si il ou elle est catholique, ou même s'il ou elle a été marié à un catholique. L'État canadien a donc un chef d'État associé, par sa fonction, à l'Église anglicane, et un chef d'État qui, par ses propres règles, répudie le catholicisme.

Comme neutralité religieuse et laïcité, c'est nul !!! Par surcroit, le préambule de la Loi constitutionnelle de 1982, (adoptée sans l'accord du Québec), reconnaît « la suprématie de Dieu »... C'est logique quand on sait que le chef d'État est obligatoirement anglican, mais il reste que 23% des citoyens du pays se disent athées, et un autre 7% agnostiques... Personnellement je suis catholique croyant, mais j'aimerais bien que l'État soit neutre, dans sa définition et son apparence, face à toutes les croyances et non-croyances.

Enfin, le fait que l'affirmation de la laïcité et de la neutralité religieuse de l'État provienne de l'Assemblée nationale du Québec, la chambre élue par le peuple, constitue en soi une gifle à la monarchie. Les ordres viennent du peuple, et non du souverain imposé par l'ancien régime colonial. «Que notre volonté soit citoyenne», chante Paul Piché. Eh bien cette fois, elle l'est. Cette «volonté citoyenne» attaque non seulement les attributs religieux du monarque, mais ébranle aussi son statut au sommet de la pyramide du pouvoir.

C'est un premier pas important vers l'établissement d'une structure de type républicain à l'intérieur d'un pays monarchique. Une société très distincte, en attendant mieux...




vendredi 17 janvier 2014

Entre la Cour suprême et le Gainsbourg...

Vous connaissez les « 5 à 7 » ? Moi, pas beaucoup... Étant à la demi-retraite, j'entends surtout parler de ceux des autres, d'amis ou de collègues qui se rencontrent dans une salle ou un resto, y prenant un verre (ou plus) et grignotant des canapés pour souligner un anniversaire ou une retraite, marquer une activité ou un événement, ou pour toute autre occasion spéciale...

Si j'en parle, c'est qu'hier (jeudi 16 janvier), moi qui n'ai jamais fréquenté ces fins d'après-midi arrosées, j'en avais deux à l'ordre du jour... en même temps... La première : le lancement de la troisième édition de l'oeuvre monumentale Les droits linguistiques au Canada, dans le lobby de la Cour suprême du Canada, à Ottawa, en présence des auteurs, du Commissaire aux langues officielles et des juges du plus haut tribunal du pays... La seconde, d'un tout autre ordre : le 5 à 7 inaugural de 2014 de la section outaouaise de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), au bistro Gainsbourg, sur la rue Aubry, dans le Vieux Hull.

Étant rarement invité dans l'univers juridique de la Cour suprême, il était déjà tentant, curiosité oblige, d'y mettre le nez, ne fut-ce que pour un lancement d'ouvrage érudit. Mais il ne s'agissait pas de n'importe quel ouvrage érudit : en tant qu'ancien militant franco-ontarien, en tant que journaliste-éditorialiste passionné par le sort des minorités linguistiques et inquiet de l'avenir du français, même au Québec, ce volume d'un collectif d'auteurs dirigé par de brillants juristes comme Michel Bastarache et Michel Doucet constituait pour moi un appât irrésistible.

Alors hop ! En voiture à l'heure de pointe, pour découvrir à l'arrivée sur le terrain de la Cour suprême, rue Wellington, à quelques pas du Parlement, qu'il n'existe AUCUN espace de stationnement pour les visiteurs... Après avoir tourné en rond autour de l'édifice de la Cour, j'aperçois un agent de la GRC et lui explique que je suis invité par l'un des auteurs (Michel Doucet) d'un livre dont le lancement officiel doit avoir lieu dans le foyer de la Cour suprême... À l'heure qu'il est (près de 17 h), je peux garer la voiture dans une des aires réservées où, dit-il, je ne devrais pas avoir de problème...

Premier obstacle franchi... Et me voilà à l'entrée de la Cour, devant d'autres agents de la GRC qui contrôlent l'accès. Qui êtes-vous, me demande-t-on? Je m'identifie verbalement, et ayant constaté que mon nom figure sur la liste, sans autre preuve d'identité, on me laisse passer avec le sourire. Ils doivent penser que je suis un juriste ou un juge... et non un scribe des médias (j'étais d'ailleurs le seul) qui a établi des rapports avec l'un des auteurs sur Twitter... Une chance pour nous d'associer un visage aux textes que nous échangeons de temps à autre sur les questions concernant les minorités francophones hors-Québec.

Je suis ici un poisson hors de l'eau... D'abord je ne porte pas de cravate... un accessoire qui semble obligatoire pour tous les avocats et juges, du moins dans cette solennelle enceinte... De toute façon, je ne connais personne, à l'exception du Commissaire aux langues officielles Graham Fraser. C'est heureusement le premier individu que je croise... Quelques échanges avec lui me permettent de rencontrer le registraire de la Cour suprême, Roger Bilodeau (un Franco-Manitobain), et celui qui m'avait permis d'être présent, Michel Doucet, un éminent juriste acadien et ancien doyen de la faculté de droit de l'Université de Moncton.

J'en profite pour acheter le livre Les droits linguistiques au Canada qui, à 125 $ l'exemplaire, ne figurera sans doute jamais sur la liste des best-sellers, malgré un excellent rapport qualité-prix. Pour qui s'intéresse aux questions juridiques liées aux droits linguistiques, c'est ni plus ni moins une bible de plus de 1200 pages. Une vaste compilation, sous l'angle du droit, des interminables souffrances infligées aux francophones de ce pays depuis 1867. Le fait que le volume épaississe d'édition en édition constitue une preuve évidente que les injustices linguistiques restent florissantes et que les remèdes juridiques constituent souvent la seule voie ouverte pour faire valoir les droits bafoués.

Tant de brillants cerveaux ayant consacré des pans de vie et des carrières à plaider, recenser ou codifier, défendre et promouvoir des droits linguistiques, essentiellement ceux des francophones, alors qu'ils auraient pu faire oeuvre utile autrement. Les anglophones n'ont pas besoin, eux, d'une armée de juristes, de politiciens, d'animateurs et de citoyens militants pour assurer la survivance et la promotion de leur langue et de leur culture dans un environnement trop souvent hostile. L'oeuvre magistrale dirigée par Michel Doucet et par l'ancien juge de la Cour suprême Michel Bastarache ne pouvait qu'être écrite en français. Les droits violés sont presque toujours les nôtres.

L'événement d'hier m'a fortement impressionné... et je suis fort reconnaissant au professeur Doucet de m'avoir permis d'entrer un moment dans les hautes sphères de la communauté juridique canadienne. Il me reste maintenant à lire, avec grand plaisir, et annoter cette « bible » des droits linguistiques...

La FPJQ-Outaouais

Les discours étant terminés, quelques autographes d'auteurs obtenus, il me restait suffisamment de temps pour arriver avant la fin du 5 à 7 des journalistes de la FPJQ-Outaouais. Heureusement, entre la Cour suprême à Ottawa et le bistro Gainsbourg, rue Aubry, à Gatineau, le trajet en voiture ne prend qu'un peu plus de cinq minutes... Quel contraste... À l'entrée du resto, à gauche, à travers un panneau vitré, on brasse de la bière... à droite et devant, des clients attablés dans un décor rustique... Là-bas j'étais le seul homme sans cravate, ici je suis le seul avec un veston...

Je ne reconnais personne, jusqu'à ce qu'une serveuse me dirige à l'étage où un groupe a réservé la salle... C'est bien là et heureusement que s'y trouve Guy Badeaux, le caricaturiste du Droit, qui a dépassé la soixantaine, parce que tous les autres semblent être nés à une époque où ma propre carrière journalistique était déjà bien entamée... Des jeunes dans la vingtaine et la trentaine. Encore une fois, un poisson hors de l'eau...

À leur âge, nous allions au resto La Paloma, à l'hôtel Chez Lucien, au Bocage, au Matador, aux tavernes du Vieux Hull... Toutes ces places ont disparu. Il n'en reste aucune... Et les salles des nouvelles étaient plus nombreuses... Les entreprises de presse ont toutes subi des cures radicales d'amaigrissement... Enfin, il semble y avoir toujours une relève dynamique dans les effectifs qui restent, et c'est ce que je comptais découvrir en renouant avec la FPJQ.

De toute évidence, ce n'est pas lors d'un 5 à 7 au Gainsbourg que j'irai beaucoup plus loin que des présentations... Mais c'est quand même une occasion d'associer des visages à des boîtes autres que Le Droit... Il y avait là aussi des journalistes de Radio-Canada, de Transcontinental, de la radio 104,7 FM, et même de la Presse canadienne. En espérant qu'il y ait dans le groupe quelques graines de militantisme, parce qu'à regarder le travail actuel des médias dans certains dossiers chauds - la charte des valeurs entre autres - il est temps de porter à l'avant-plan les grands enjeux d'éthique professionnelle...

Mais ça, ce sera pour un autre jour... Pour l'instant, je me contente d'une petite heure en excellente compagnie. En prime, la bière, le poisson et les frites étaient délicieux!













mercredi 15 janvier 2014

Chère Mme Payette



Chère Mme Payette,

Dans ce merveilleux documentaire que votre petite-fille Flavie a créé pour la télé, j'ai revécu avec intensité des grands moments de votre vie et de votre carrière, et dans son sillage, des chapitres importants de l'histoire récente du Québec. Mais après ce fier regard sur votre passé et sur vos combats,vos réflexions sur l'avenir et la vieillesse semblaient marquées par l'incertitude.

« J'arrive à l'âge où je vais bientôt déposer l'avenir de ce que j'ai pu commencer », en disant « bonne chance ». Vous avez ajouté, au sujet de votre grand projet collectif : « Je ne le verrai pas de mon vivant... le Québec indépendant. » Et dans votre bref échange sur la vieillesse avec Gilles Vigneault pointait toute l'hésitation de fin de vie qu'on est en droit d'envisager, à mon âge comme au vôtre.

Vous avez 82 ans, soit. Mais n'oubliez pas que vous les avez toutes, ces années. Pas seulement la 83e amorcée... Quand vous évoquiez votre grand-mère Marie-Louise, vos paroles et votre regard ravivaient l'enfance toujours présente en vous. En racontant votre séjour à Paris et votre retour au Québec, toute l'énergie de votre trentaine a ressurgi. Et vous avez à portée de mémoire toute la fougue de la mi-quarantaine, alors que vous pilotiez, comme ministre, l'épineux dossier de l'assurance-automobile.

Pour ma part, j'ai 67 ans, ce que mon corps ne manque pas de me rappeler à tous les matins. J'imagine que le vôtre vous donne sans doute aussi du fil à retordre parfois. Mais ce qui fait de nous ce que nous sommes, c'est la matière grise, c'est le coeur qu'on met à l'ouvrage, et de ça, vous n'avez rien perdu. S'y sont même ajoutés, en prime, votre longue expérience et un brin - pas trop - de sagesse.

Qu'il reste à votre vie quelques mois, quelques années ou, qui sait, quelques décennies, mon plus ardent souhait, c'est que vous continuiez à nous offrir ce trésor quotidien de rappels, d'encouragements, de réflexions... serti d'honneur et d'idéaux. Chaque pas que vous faites sera le vôtre mais aussi le nôtre. Comme le disait si bien Céline Dion, « vous avez habité tout le peuple québécois, vous êtes en nous ».

Après 45 ans de journalisme, j'ai une bonne croûte de cynisme et de scepticisme pour me protéger contre les marchands d'illusions. Mais en vous écoutant je crois qu'à certains moments, comme vous jadis avec René Lévesque, je serais tenté de « vous suivre au bout du monde pour faire ce que vous dites que nous devons faire ».

Nos héros du passé sont presque tous des hommes. Et trop souvent des héros tragiques, qui ont lutté en vain dans des causes justes contre plus forts qu'eux. Pendant ce temps, nos grands-mères restaient le plus souvent à la maison et préparaient une abondante relève, de génération en génération. Votre tour arrive. Vous comptez parmi les pionnières, vous êtes de celles qui avez préparé la voie des Pauline Marois et des autres qui suivront.

Et aujourd'hui, dans ce débat épique sur les valeurs qui guideront notre société et notre État, deux doyennes s'imposent. Pendant que d'anciens hommes du pouvoir vacillaient, Janette Bertrand, ainsi que vous Mme Payette, avez porté bien haut le flambeau de l'égalité hommes-femmes, sans laquelle la neutralité et la laïcité essentielles de l'État restent ouvertes à tous les accommodements déraisonnables.

Enfin, ne désespérez pas de voir de votre vivant ce jour où le peuple québécois décidera d'aller « un peu plus haut, un peu plus loin », ce jour où toutes ces défaites, où toutes ces « blessures » nous auront convaincus de façonner enfin un avenir collectif à notre image. La nuit serait à son plus sombre juste avant l'aube, dit-on.

En regardant avec mon épouse le documentaire de votre petite-fille, dimanche soir, à Télé-Québec, j'ai passé par la gamme des émotions. Et à la fin, je dois l'avouer, j'étais fier de vous. Très fier.

lundi 13 janvier 2014

Avant le « spectacle », une réflexion...

Alors que ne commence demain le spectacle des audiences publiques sur le projet de charte des valeurs, je crois important de soulever un point largement négligé du débat entourant le port de signes religieux ostentatoires par le personnel de l'État, seule réelle pomme de discorde du projet de loi 60.

Précision au départ: je suis favorable aux principes exprimés dans le projet de charte, pour des motifs que j'ai déjà clairement exprimés (voir mon blogue d'août 2013*). Dans une société pluriculturelle, seul un État réellement neutre et laïc peut assurer l'ouverture sur la diversité citoyenne dans le respect du droit fondamental de l'égalité homme-femme. Au cours de l'histoire humaine, et encore aujourd'hui, le couple religion-politique a fomenté parmi les pires horreurs.

Alors revenons au sujet du départ. Depuis le début, les adversaires de la Charte affirment que l'interdiction des signes religieux « ostentatoires » (ciel, que je hais ce mot...) piétine le droit de liberté de religion de ceux et celles qui tiennent, en vertu de leur adhésion religieuse, à porter une croix, un kippa, un turban, un foulard ou autre signe dans l'exercice de leurs fonctions au sein de l'État. Ce débat n'est pas clos. J'estime pour ma part qu'il s'agit d'une limite raisonnable, permise par la Constitution, à leur liberté d'expression religieuse.

Mais ce n'est pas de cela dont je peux parler. Dans notre société où les valeurs n'ont plus vraiment de repères solides, nous sommes toujours plus prompts à affirmer des « droits » et des « libertés » qu'à reconnaître nos devoirs et responsabilités comme citoyens et citoyennes. J'aimerais donc poser la question autrement: il existe un large consensus sur la neutralité et la laïcité de l'État. Le diable est dans les détails, dans la manière de l'appliquer. Alors pourquoi ne pas davantage s'interroger sur la façon de respecter cette neutralité, au lieu d'insister sur le « droit » d'y contrevenir à titre personnel...

Est-ce trop demander à un citoyen - de quelque confession - de respecter dans son apparence vestimentaire un code conforme aux principes défendus l'État qui l'emploie, un code qui permette à tout citoyen de rencontrer ou d'obtenir des services d'un fonctionnaire ou d'un membre d'un service public sans que ce fonctionnaire ou ce membre d'un service public lui braque un signe religieux (ou anti-religieux) quelconque dans la face?

Autant que je sache, le port de signes religieux relève essentiellement du choix individuel dans toutes les grandes religions. Le grand rabbin de France a affirmé récemment qu'il ne voyait aucun problème pour un Juif d'enlever son kippa au service de l'État. La majorité des Musulmanes d'ici ne portent pas de foulard et s'il est vrai que des imams le leur reprochent, il y en a d'autres qui affirment le libre choix. Quant aux croix chrétiennes, plus personne aujourd'hui n'y verra une obligation de la porter dans l'exercice de fonctions publiques.

Alors on se retrouve dans le domaine flou des choix individuels. Sauf peut-être dans le cas du foulard islamique, vu avec justesse par plusieurs comme une manifestation de l'infériorisation des femmes. L'islam n'est pas seule: le catholicisme impose aussi des limites injustifiables aux femmes, mais cela ne se manifeste plus dans les accessoires vestimentaires. Sur ce point, aucun compromis n'est possible. L'égalité homme-femme, ce qui revient à dire l'égalité de tous les humains, n'est JAMAIS négociable dans les lieux publics.

Quant aux choix individuels, la question est autre. Alors je repose la question. Quelle est, pour le personnel de l'État, l'importance d'adhérer aux principes d'égalité homme-femmes, ainsi que de neutralité et de laïcité ? Est-ce trop demander que de se présenter simplement comme « fonctionnaire », comme « membre du personnel », plutôt que comme fonctionnaire catholique, juif ou musulman? Qu'ont à voir des signes religieux avec l'exercice de fonctions publiques? Rien du tout !

Alors qui défendent-ils, ces pourfendeurs du projet de charte des valeurs? Défendent-ils le peuple québécois dans toute sa diversité - hommes et femmes à égalité - ayant le droit de compter sur les services d'un État rigoureusement neutre, ou finissent-ils par protéger les privilèges d'une minorité d'individus tellement rigides en matière religieuse qu'ils ne savent plus comment « rendre à César ce qui va à César et à Dieu ce qui est à Dieu »?

Je reste convaincu qu'une charte ferme sur cette question ne suscitera pas de débats à long terme. La quasi totalité du personnel de l'État s'y conformera et dans quelques années, on n'en parlera à peu près plus...



* Assez, c'est assez, sur mon blogue, 28 août 2013. http://bit.ly/17lMWqT





vendredi 10 janvier 2014

Syndicalistes, professeurs, artistes...

À ceux et celles qui n'ont jamais cru que les mesures de guerre étaient d'abord dirigées contre le FLQ en octobre 1970, un petit chapitre du livre Un bodyguard pour mon âme*, de Percy Gagnon (ex-policier, 15 ans aux enquêtes criminelles) viendra renforcer vos convictions.

À l'époque, M. Gagnon était membre de l'escouade des homicides, attaché au quartier général de la Sûreté du Québec (dans la ville de Québec). Au moment de la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre (16 octobre), c'était partout le branle-bas de combat dans les corps policiers québécois et fédéraux.

Après la découverte du corps du ministre Pierre Laporte, raconte l'auteur, il avait été décidé de procéder à une opération spéciale partout au Québec, en fin de nuit. Les mesures de guerre permettaient les perquisitions et arrestations sans mandat s'il y avait une perception de lien avec le Front de libération du Québec. Les personnes arrêtées pouvaient être incarcérées sans motif et sans le droit de consulter un avocat. Des kidnappings légalisés !

Percy Gagnon écrit à ce sujet:  « Le commandant me montra une liste de personnes qui lui avait été envoyée par le quartier général de Montréal, qui comprenait des noms de personnes qui demeuraient un peu partout au Québec, liste qui avait été compilée par une escouade spéciale travaillant au service de renseignements sur des personnes qui pouvaient être reliées de près ou de loin, à l'organisation du FLQ. Ces personnes devaient être trouvées et arrêtées sans mandat en vertu de la Loi sur les mesures de guerre, et détenues » en prison.

M. Gagnon a alors rassemblé son escouade pendant la nuit pour discuter de l'opération imminente. « Nous avons commencé à lire la liste des gens que nous devions arrêter et nous reconnaissions des personnes telles que des syndicalistes, des professeurs d'université, des artistes, etc. Je voyais bien qu'il n'y avait personne parmi nous qui avait la motivation au coeur de prendre la route et d'aller arrêter ces gens-là. » Il était déjà évident que la rafle visait autre chose que le FLQ...

C'est alors que Percy Gagnon eut une idée brillante. Plutôt que d'emprisonner des innocents, pourquoi ne pas utiliser les pouvoirs immenses des mesures de guerre pour s'attaquer à de vrais criminels? « Tous les voleurs de banque que nous soupçonnons et contre lesquels nous n'avons pas assez de preuves pour porter des accusations, celle loi nous permet de perquisitionner, sans mandat, leurs lieux de résidence, de les arrêter sans mandats et de les détenir pour une période indéfinie, soit tout le temps dont nous aurons besoin pour monter la preuve contre eux... »

À l'un des policiers qui rétorquait qu'il n'y avait pas de lien évident avec le FLQ, le policier Gagnon a répondu : « Qui te dit que l'argent qu'ils volent des banques ne sert pas à financer des membres du FLQ? » Et voilà ! Vers 5 heures du matin, ils se sont mis à enfoncer les portes de suspects, mitraillettes à la main. Mais c'étaient leurs suspects, pas ceux de « la liste »...

Devant les protestations, un des policiers répondait : « C'est la guerre, on n'a pas besoin de mandat. C'est la guerre à Trudeau et si tu n'es pas content, t'a juste la peine de l'appeler. » « Je crois, conclut M. Gagnon, que cette nuit-là, j'ai eu le plus beau party de toute ma carrière policière ! »

Conclusion? « Les jours et les semaines passèrent. Les voleurs de banque, bloqués dans leurs cellules, sans pouvoir sortir sous caution, sans avocat, se sont mis à parler. Nous avons éclairci une série de vols de coffre-forts et de vols à main armée. »

Ce que je retiens ce cette histoire, c'est que les mesures de guerre visaient d'abord, comme dit M. Gagnon, des syndicalistes, des professeurs, des artistes... et non le FLQ. Et que c'était tellement évident que des policiers de la SQ à Québec ont refusé d'obéir aux ordres donnés d'arrêter une série de personnes qui n'avaient commis aucun acte illégal et qui n'étaient aucunement liés aux activités criminelles du FLQ.

La preuve que les enquêteurs à Montréal étaient déjà sur des pistes précises ? Le jour de l'opération dont parle Percy Gagnon, le 18 octobre, un mandat d'arrestation a été émis contre Paul Rose, chef de la cellule Chénier (cellule responsable de la mort de Pierre Laporte)...

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Un bodyguard pour mon âme, par Percy Gagnon, publié au début de 2012.
www.bodyguardpourmoname.com


jeudi 9 janvier 2014

Je me souviens des journalistes en prison...


Je viens de relire avec beaucoup d'intérêt le mémoire sur la liberté de presse au Québec, rédigé il y a plus de 40 ans (en 1972) par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. On y parle de sujets très contemporains, y compris la concentration des entreprises de presse, le droit à l'information, la participation du public et l'éthique. Mais, époque oblige, on revient beaucoup sur la crise d'octobre... et j'y ai trouvé des témoignages qu'il ne faudrait pas oublier...
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La crise d'octobre de 1970, ou « la crise de l'automne » ainsi que Fernand Dumont l'avait nommée dans les mois qui l'ont suivie, a été utilisée par les gouvernements supérieurs - Ottawa, Québec et Montréal - pour mettre des adversaires en prison, bien plus que pour capturer la petite poignée de terroristes et/ou meurtriers du Front de libération du Québec (FLQ).

Le gouvernement fédéral en savait suffisamment pour avoir la certitude qu'il n'y avait pas d'insurrection appréhendée au Québec. Ottawa a invoqué les mesures de guerre pour réduire au silence la presse et les principaux porte-parole des organisations susceptibles de lui faire obstacle dans ce qui était vite devenu une croisade anti-indépendantiste (politiciens, syndicalistes, artistes et autres) déguisée en opération policière et militaire contre un soi-disant complot orchestré par le FLQ et une armée de sympathisants.

Au moment du déclenchement des mesures de guerre, il n'y avait que deux enlèvements, ceux de James Cross et Pierre Laporte, oeuvre d'une douzaine de felquistes tout au plus. Le ministre Laporte était toujours vivant. Mais la dynamique médiatique, avec le foisonnement d'information à la radio, à la télé et dans les journaux, avait créé un drôle de climat dans la population, dont une part appréciable semblait avoir une certaine sympathie pour les récriminations du FLQ sans toutefois appuyer ses stratégies violentes. Cela est devenu particulièrement évident après la lecture du manifeste du FLQ à la télé, le gouvernement canadien percevant une « érosion » de l'opinion publique...

C'est ça que le gouvernement voulait casser en lançant l'armée dans la bagarre et en supprimant les droits et libertés de tous les citoyens canadiens. Québec et Montréal avaient assez de moyens policiers pour identifier et éventuellement capturer le petit noyau de criminels qui avait orchestré les enlèvements. Mais pour faire taire les médias et des milliers de contestataires innocents dans tous les milieux, il fallait bien plus. Il fallait supprimer les droits constitutionnels...

Et cela a réussi. J'étais courriériste parlementaire à Ottawa à l'époque, et je me suis retrouvé à Montréal le 16 octobre, journée de l'entrée en vigueur de la Loi sur les mesures de guerre. Je me souviens des troupes autour de l'hôtel de ville et du palais de justice de Montréal, dépêchées de je ne sais où pour mater une soi-disant insurrection et ne comprenant pas pourquoi ils étaient entourés de plein de gens souriants qui trouvaient leur présence curieuse et qui plaçaient leurs enfants autour d'eux pour prendre des photos pour les albums de famille...

Des citoyens montréalais, le 16 octobre 1970, jasant et photographiant des militaires accourus pour mater l'insurrection...

Ce climat de bonhommie a duré jusqu'à la mort de Pierre Laporte, le lendemain des mesures de guerre. Le FLQ a perdu d'un coup tout son capital de sympathie par cet acte criminel. L'opinion publique se serait probablement rangée derrière les gouvernements sans les mesures de guerre. Mais l'effet de cette loi draconienne, avec ses arrestations arbitraires et la censure médiatique, a favorisé un climat de crainte dans la population qui a alors toléré les pires abus des autorités. Au-delà des emprisonnements sans justification de centaines d'innocents, la liberté de presse aura été l'une des principales victimes du coup de masse gouvernemental en octobre.

J'ai retrouvé dans mes dossiers le mémoire présenté par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) à une commission parlementaire spéciale sur la liberté de presse en 1972, et portant entre autres sur les événements de l'automne 1970. Le document recense les arrestations injustifiées de journalistes, les perquisitions tout aussi injustifiées chez des reporters et photographes, ainsi que la censure dans différents médias. Cela vaut la peine, près de 45 ans plus tard, de rappeler les noms de ces journalistes :

1. René Malhot, de Radio-Canada, arrêté par l'escouade anti-terroriste et brutalisé à quelques reprises  par des policiers, relâché presqu'aussitôt cependant.
2. Michel Belleau, journaliste à l'Action de Québec, emprisonné pour neuf jours sans motif à Orsainville.
3. Nick Auf Der Maur, de Radio-Canada, arrêté par la GRC et emprisonné pendant trois jours.
4. Uwe Siemes, journaliste du magazine allemand Stern, séquestré par quatre policiers pendant une journée dans sa chambre d'hôtel...
5. Claude Dulac, directeur du Bulletin de Buckingham (Outaouais). Les policiers reconnaissent qu'ils n'ont rien à lui reprocher, mais il est incarcéré pour quatre jours...
6. et 7. Jean Gagnon et Jacques Massé, du magazine Point de mire. Le premier passe 18 jours en prison, le second 9.
8. Rhéal Casavant, des affaires publiques de Radio-Canada à Ottawa, tiré de son sommeil par les policiers et incarcéré pendant 13 jours. On ne lui a jamais dit les motifs de son arrestation.
9. Colette Duhaime, alors au Journal de Montréal, arrêtée sans motif en pleine salle des nouvelles et emprisonnée pendant plusieurs jours.
10. et 11. Gilles Bourcier et Roger Bélanger, respectivement journaliste et photographe à Montréal-Matin, arrêtés pendant qu'ils couvraient un événement sportif à Toronto...
12. Ronald Labelle, photographe pigiste, détenu une semaine à Parthenais.
13. Gérald Godin, alors à Québec-Presse (devenu plus tard député), détenu une semaine.
14. Louis Fournier, journaliste à la station CKAC, arrêté pour une journée avant les mesures de guerre.
15. et 16. Célestin Hubert, de Radio-Canada, et Robert Pilon, du Quartier Latin, interrogés par qu'ils étaient avec Louis Fournier.
17. Raymond Bernatchez, de Montréal-Matin, arrêté dans la salle des nouvelles, puis relâché.
18. Gilles Paquin, ancien journaliste au Droit et à La Presse, arrêté, détenu et relâché sans motif.

Il ne faut pas sous-estimer l'effet de ces arrestations sur les individus concernés, sur leurs organisations respectives et sur le public qui a été privé d'information et d'opinions essentielles sous un régime répressif qui a duré plusieurs semaines. Je me souviens du climat dans les médias... et au Parlement canadien qui était mon principal lieu de travail. Mes parents s'inquiétaient qu'à tout moment, les policiers frappent à ma porte pour me passer les menottes. J'y ai moi-même pensé... Faut croire qu'étant franco-ontarien, j'étais absent de leur radar...

Mais de voir des collègues « disparaître » sans motif, cela laisse des traces... On devient plus prudent... J'ai arrêté de faire des entrevues dans la rue quand un des « interviewés » s'est retrouvé en prison à cause des opinions exprimées... On hésite davantage avant de poser des questions pointues à des ministres et députés fédéraux constamment accompagnés de militaires en tenue de guerre... Dans un restaurant de Hull, où nous célébrions le 25e anniversaire de mariage de mes parents (24 octobre), on a dû manger à la table voisine d'un député local, flanqué d'un soldat armé d'une mitraillette...

Tout ça pour dire qu'en cas de crise, les médias comptent invariablement parmi les premiers groupes visés par les gouvernements, et que la libre circulation de l'information et de l'opinion reste l'un des droits les plus précieux d'une société.

Je n'éprouve aucune sympathie pour la violence du FLQ. Les auteurs des deux enlèvements et du meurtre de Pierre Laporte méritaient de croupir longtemps en prison.

Mais d'autres s'en sont tirés sans égratignure. Pour avoir provoqué l'emprisonnement de centaines d'innocents et supprimé sans justification les droits et libertés de tout un pays, les Pïerre Elliott Trudeau, John Turner, Jean Marchand, Mitchell Sharp, Bryce Mackasey, Gérard Pelletier, Charles Drury, Edgar Benson et leurs complices québécois, y compris Robert Bourassa, Jérôme Choquette et Jean Drapeau - collectivement coupables du plus sauvage abus de pouvoir depuis la Confédération - n'ont jamais goûté à la justice qu'ils méritaient.

Cette histoire n'a pas encore été entièrement racontée. Il faudrait le faire avant que tous les acteurs et actrices de cette crise soient morts et enterrés.






mardi 7 janvier 2014

Ils peuvent bien l'appeler Team Canada...

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Goaltenders

#JoueusePositionTirTaillePoidsDDNVille d'origineEquipe actuelle

Defense

#JoueusePositionTirTaillePoidsDDNVille d'origineEquipe actuelle
Jamie BennAD6’2”20705/11/13Victoria, C.-B.Stars de Dallas (LNH)
Patrice BergeronAD6’2”19405/11/13Sillery, QcBruins de Boston (LNH)
Jay BouwmeesterDD6’4”21205/11/13Edmonton, Alb.Blues de St. Louis (LNH)
Jeff CarterAD6’4”21005/11/13London, Ont.Kings de Los Angeles (LNH)
Sidney CrosbyAD5’11”20005/11/13Cole Harbour, N.-É.Penguins de Pittsburgh (LNH)
Drew DoughtyDD6’1”20805/11/13London, Ont.Kings de Los Angeles (LNH)
Matt DucheneAD5’11”20005/11/13Haliburton, Ont.Avalanche du Colorado (LNH)
Ryan GetzlafAD6’4”22105/11/13Regina, Sask.Ducks d'Anaheim (LNH)
Dan HamhuisDD6’1”20905/11/13Smithers, C.-B.Canucks de Vancouver (LNH)
Duncan KeithDD6’1”20005/11/13Penticton, C.-B.Blackhawks de Chicago (LNH)
Chris KunitzAD6’0”19305/11/13Regina, Sask.Penguins de Pittsburgh (LNH)
Roberto LuongoBD6’3”21705/11/13Montreal, Que.Canucks de Vancouver (LNH)
Patrick MarleauAD6’2”22005/11/13Aneroid, Sask.Sharks de San Jose (LNH)
Rick NashAD6’4”21305/11/13Brampton, Ont.Rangers de New York (LNH)
Corey PerryAD6’3”21005/11/13Peterborough, Ont.Ducks d'Anaheim (LNH)
Alex PietrangeloDD6’3”21105/11/13King City, Ont.Blues de St. Louis (LNH)
Carey PriceBD6’3”21905/11/13Anahim Lake, C.-B.Canadiens de Montréal (LNH)
Patrick SharpAD6’1”19905/11/13Thunder Bay, Ont.Blackhawks de Chicago (LNH)
Mike SmithBD6’4”21505/11/13Kingston, Ont.Coyotes de Phoenix (LNH)
Steven StamkosAD6’0”19005/11/13Unionville, Ont.Lightning de Tampa Bay (LNH)
PK SubbanDD6’0”21605/11/13Toronto, Ont.Canadiens de Montréal (LNH)
John TavaresAD6’0”19905/11/13Oakville, Ont.Islanders de New York (LNH)
Jonathan ToewsAD6’2”21005/11/13Winnipeg, Man.Blackhawks de Chicago (LNH)
Marc-Édouard VlasicDD6’1”20505/11/13Montreal, Que.Sharks de San Jose (LNH)
Shea WeberDD6’4”23305/11/13Sicamous, C.-B.Predators de Nashville (LNH)

Forwards

#JoueusePositionTirTaillePoidsDDNVille d'origineEquipe actuelle