mardi 31 mai 2016

Chère Gisèle Lalonde


Chère Mme Lalonde,

Je ne vous connais pas, personnellement comme on dirait, mais à force de lire les textes de votre neveu-chroniqueur Denis Gratton, sans oublier toutes ces années où j'ai eu pour collègue votre autre neveu-journaliste, Michel Gratton, j'ai parfois la sensation - ainsi sans doute que bien d'autres militants et ex-militants des causes franco-ontariennes - d'avoir avec vous quelque lien de parenté.

Dans cet Ontario français souvent désespérant, où bien trop de soi-disant dirigeants ont trempé dans la compromission et la collaboration avec ceux et celles du pouvoir qui étaient francophiles à la veille d'élections, mais guère après, vous n'avez pas craint de briser des silences et de monter aux barricades quand il le fallait. J'ai toujours aimé cette stratégie de coeur et de courage.

Le combat pour sauver l'hôpital Montfort marquera à jamais votre parcours. Pendant que certains manoeuvraient en coulisses, en couleuvres, vers des demi-solutions qui auraient sonné le glas de l'institution, vous étiez sur la ligne de front, coordonnant et activant à la fois un mouvement de résistance populaire et juridique. On n'avait rien vu de tel depuis le Règlement 17, et vous avez pleinement droit aux hommages qui vous ont été et qui vous seront rendus.

J'ai appris ce matin, par votre neveu-chroniqueur au quotidien Le Droit, que l'Université d'Ottawa vous décernera un doctorat honorifique le 18 juin, sans doute pour l'ensemble de votre carrière mais très certainement en partie pour votre rôle dans la saga Montfort, entre 1997 et 2001. Je m'en réjouis comme lui, et vous transmets mes plus sincères félicitations. Vous le méritez, cet hommage universitaire!

Je sais que ce sera fort probablement un moment consacré aux remerciements et aux mots de circonstance, comme cela se doit lors d'une collation des grades. Pour les étudiants et étudiantes comme pour les invités de marque, c'est le plus souvent une occasion de sourires et de photos, et d'éloges pour les réalisations. Une pause avec des amis, proches et collègues avant de retourner aux défis de la vie.

Cependant, ne serait-il pas tentant de saisir au bond cette opportunité, pour monter une fois de plus au combat. Si vous refusez, je ne vous en voudrai pas. Vous avez déjà fait plus que votre part, et personne ne pourrait vous reprocher de passer votre «âge d'or» dans la sérénité, loin des embrouilles. Et pourtant, vous serez bientôt devant l'élite de l'Université d'Ottawa, et elle est au coeur d'une des dernières luttes issues du Règlement 17.

Votre neveu Denis écrivait que l'invitation à la collation des grades (celle qu'il a reçue) provenait du chancelier Calin Rovinescu et du recteur Allan Rock… Si le doctorat honorifique, en soi, relève du pur bonheur, le fait de le recevoir d'un de ces deux personnages, ou des deux - surtout en hommages à vos combats franco-ontariens - ajoute une saveur douce-amère.

Vous savez que les jeunes Franco-Ontariens ont repris depuis quelques années, avec l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario et d'autres alliés, la campagne historique en faveur de la création d'une université de langue française en Ontario. C'est tout ce qui manque à l'Ontario français pour que la collectivité exerce une gouvernance plus ou moins complète sur ses institutions éducatives.

Or, au-delà des obstacles politiques à Queen's Park, et ils sont nombreux, l'Université d'Ottawa sous Allan Rock a sonné la charge contre le projet universitaire franco-ontarien. Le recteur sortant est allé jusqu'à écrire, dans les pages du Droit, que les francophones de l'Ontario n'ont pas besoin d'université, qu'ils l'ont déjà, et qu'elle s'appelle l'Université d'Ottawa. Il en a, du culot!

Après toutes les études démontrant l'effet néfaste de ces institutions pour les Franco-Ontariens, on s'est défait des écoles primaires, secondaires et collégiales bilingues. Vous n'auriez jamais accepté un hôpital Montfort bilingue. Il faudrait qu'on rappelle certaines vérités à ce recteur, dont l'administration n'a même pas voulu d'un drapeau franco-ontarien géant au coeur du campus pour ne pas offusquer les anglophones majoritaires…

Vous pourriez aussi lui chuchoter à l'oreille qu'il est un peu scandaleux, pour «l'université des Franco-Ontariens» et pour sa mission de promotion de la francophonie, d'avoir nommé Calin Rovinescu chancelier, lui qui, comme chef de la direction d'Air Canada, essuie blâme sur blâme, après après année, du Commissaire aux langues officielles pour ses manquements à l'égard du français.

Au sein des élites traditionnelles franco-ontariennes, personne n'est monté sur une tribune publique pour frotter les oreilles des dirigeants du monstre sacré bilingue de la Côte-de-sable; pour leur dire, à MM. Rock et Rovinescu, qu'ils ne font pas partie des projets d'avenir de l'Ontario français. Et qu'un jour, peut-on espérer, les doyens et doyennes de nos guerriers pourront recevoir aussi des doctorats honorifiques d'une université qui hisse bien haut, au mat central du siège social, le drapeau vert et blanc.

Si vous ne dites rien de tout cela, je n'aurai rien à redire. Je conserverai pour vous le plus grand respect. Au coeur du combat, vous étiez sur les barricades. Cela suffit. Ceux et celles qui, comme moi, ne furent à l'époque que sympathisants, n'ont qu'à s'incliner. Encore une fois, chère tante de Denis et Michel, félicitations!!!




dimanche 29 mai 2016

Pontiac: le péché de l'Église...


Depuis trois ans, depuis cet été 2013 où il s'est véritablement informé de la situation, l'archevêque de Gatineau, Mgr Paul-André Durocher, n'a pas formulé de demande officielle pour retirer au diocèse ontarien de Pembroke son autorité sur les paroisses du Pontiac québécois. S'il fallait parler en termes religieux de cette inaction, on pourrait presque dire qu'il s'agit d'un péché.

Tant qu'il ne savait rien des injustices subies par les francophones du Pontiac depuis le 19e siècle, sous la férule d'anglo-catholiques racistes au diocèse de Pembroke, le prélat gatinois était innocent dans ce dossier. Mais depuis qu'il sait tout, n'avoir rien fait constitue une faute grave…

Mgr Durocher s'en est lavé les mains, comme un antique gouverneur romain. Peut-être aurait-il bougé au moins le petit doigt si les catholiques francophones avaient protesté énergiquement contre leur sort, mais de toute évidence ce ne fut pas le cas. Ils ne sont que 13, pour le moment, à brasser la cage en public…

Comme le dommage est fait depuis longtemps, peut-être ne reste-t-il plus que cette poignée de résistants, l'immense majorité ayant béatement ou de guerre lasse accepté la gouvernance anglo-ontarienne de leur diocèse et de leurs paroisses… Mais cette poignée suffit pour interpeller la conscience de l'archevêque.

Ayant pris connaissance des faits suivants, sa responsabilité sera désormais entière:

1. Mgr Durocher a lu Les sacrifiés de la bonne entente, de Luc Bouvier, qui a documenté les horreurs du dernier siècle dans le Haut-Outaouais. Ce qui s'y est passé fut ni plus ni moins une tentative - quasi réussie - d'ethnocide contre les communautés francophones du Pontiac, perpétrée en bonne partie par les autorités catholiques du diocèse de Pembroke et leurs complices quand ceux-ci contrôlaient le milieu scolaire.

2. L'archevêque de Gatineau connaît les statistiques d'assimilation des francophones dans le Pontiac, abondamment diffusées. Les trois quarts des anglophones sont unilingues (plusieurs ont des noms de familles français) pendant que plus de 80% des francophones sont bilingues. Et au moins 20% des francophones actuels sont en voie d'assimilation…

3. Paul-André Durocher a vécu assez longtemps en Ontario français pour connaître les effets culturels et identitaires de l'assimilation et de la bilinguisation massive de la population francophone. Il doit donc se douter de l'issue finale de la transformation des Franco-Pontissois… l'anglicisation.

4. Le prélat gatinois doit avoir, dans ses pérégrinations de 2013, vérifié le site Web du diocèse de Pembroke: en anglais mur à mur pour les anglophones, et français de temps en temps pour les citoyens québécois et franco-ontariens de second ordre… Les Québécois du Pontiac sont traités comme de vrais Ontariens…

5. Il doit savoir qu'à Fort-Coulonge, les quelque 180 anglophones (15% de la population) ont droit à une messe bilingue dans la paroisse francophone, pendant qu'à Bristol, les 265 francophones (plus de 20% de la population) se font offrir une messe en anglais seulement. Typique du Pontiac…

6. Mgr Durocher sait qu'il n'y aura pas de mouvement de masse des francophones parce que, dominés depuis tellement longtemps, ils acceptent désormais un milieu où les anglos peuvent évoluer en anglais seulement, pendant que les francophones doivent vivre en bilingues… en attendant de s'angliciser complètement d'ici quelques générations.

L'archevêque de Gatineau ne peut plus invoquer l'ignorance. S'il persiste à jouer à Ponce Pilate et à ne pas intervenir (il doit savoir qu'il a suffisamment d'autorité pour obtenir l'intégration du Pontiac à l'archidiocèse de Gatineau), il occupera un jour une place peu envieuse dans les livres d'histoire.

Le fait que les médias mettent rarement en lumière la situation dramatique du français dans le Pontiac n'aide pas. Les médias de l'Outaouais sont les premiers coupables. Mais le reste du Québec doit aussi assumer sa part de responsabilité pour l'abandon de la collectivité franco-pontissoise.

Le chroniqueur Gilles Proulx, du Journal de Montréal, a visité le Pontiac il y a quelques semaines et en est revenu horrifié. Comme Pierre Laporte, du Devoir, jadis, au milieu des années 50. Si l'ensemble du Québec connaissait l'histoire des 150 dernières années et le sort actuel de la francophonie pontissoise, la marmite sauterait.

Il reste ce mystérieux «groupe des 13» (voir bit.ly/1TeFmoU) et son éloquente porte-parole, Lise Séguin, pour lancer d'ultimes SOS au premier ministre Couillard et aux autorités religieuses… Je les comprends, ceux et celles d'entre eux qui n'osent pas s'identifier en public… Il y a de quoi avoir peur dans certains coins du Pontiac…

Parlez-en aux inspecteurs de l'OLF qu'on a chassés de Shawville, il y a une vingtaine d'années… On ne les a pas revus…






mercredi 25 mai 2016

Où sont passés les médias?

Le dixième et dernier rapport annuel de l'actuel Commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, a été reçu, sauf rares exceptions, dans l'indifférence médiatique la plus totale. La prose du Commissaire a beau être bureaucratique et endormante, cela n'excuse pas la presse parlementaire aguerrie, qui devrait avoir depuis longtemps appris à décoder les messages et à les vulgariser pour le grand public.

Graham Fraser a laissé tellement de pistes et d'indices dans son rapport 2015-2016 qu'il y avait matière à plus d'une centaine de reportages de fond, et au moins une brochette de manchettes percutantes. Et pourtant, dans les salles de rédaction, de l'Atlantique au Pacifique, on n'a rien vu. On ne voulait rien voir, plutôt. Quand les journalistes ne grattent plus sous la surface, le public reste mal informé.

Je n'ai pas l'intention d'éplucher le rapport annuel du Commissaire aux langues officielles d'une couverture à l'autre. Je me contenterai de quelques exemples de bâtons de dynamite à peine dissimulés dans son bilan de 70 pages. Quelques extraits tirés au hasard, chacun pouvant devenir matière à texte avec interviews, commentaires et suivis.

1.  «Peu importe sa nature, une minorité demeure une minorité, et la majorité n’est jamais naturellement sensible à ses besoins. En l’absence d’exigences, de rappels, d’encouragements et d’inspiration, la majorité persistera à ignorer les préoccupations de la minorité.»

Pas besoin de faire des dessins ici. M. Fraser ne parle pas des Anglo-Québécois. Il évoque la situation éternelle des francophones hors Québec, et effleure à la limite le dilemme cent-cinquantenaire des Québécois francophones comme minorité au sein du Canada. Et que dit-il, au juste?

Que la majorité anglo-canadienne n'est «jamais naturellement» disposée à reconnaître les droits linguistiques des francophones. Vous cherchez la bonne volonté? Cherchez ailleurs… Il faudra toujours revendiquer à coups de menaces, d'exigences, de rappels… Et comme «une minorité demeure une minorité», ce ne sera jamais elle qui décidera… Son sort restera entre les mains d'une majorité insensible…

Seuls les francophones du Québec, majoritaires chez eux, ont des leviers décisionnels dans les domaines de compétence que la Constitution leur octroie… Ce discours de M. Fraser est une «claque en pleine face» à toutes les lunettes roses, style Trudeau et Couillard… 

2. «Favoriser la vitalité et la prospérité d’une communauté de langue officielle en situation minoritaire, c’est un peu comme gravir à contresens un escalier roulant: l’immobilisme entraîne le recul.»

Cette image est saisissante de vérité. Évidemment, ici comme avant, cela n'a rien à voir avec les anglophones du Québec, qui ne roulent jamais à contresens sur leur escalier roulant. Encore une fois, il peint le sombre tableau de la lutte quotidienne des collectivités acadiennes et canadiennes-françaises dans les provinces où elles sont minoritaires.

Pensez-y. À la merci de majorités qui, de l'aveu même du Commissaire, sont insensibles à leurs droits et besoins, elles doivent tout de même «gravir» à contresens leur escalier roulant. Cela leur donne quoi, au mieux? Une sorte d'immobilisme, une relative absence de recul. Mais elles ne montent pas dans cet escalier qui cherche toujours à les entraîner vers le bas, et s'usent à la tâche en essayant de ne pas reculer. Ei si, lasses du combat, elles tombent dans l'immobilisme, c'est la chute…

Les journalistes n'ont pas vu là toute une série de nouvelles et de suivis? Prenez juste la question de l'université franco-ontarienne que le gouvernement Wynne ne cesse de refuser ou de limiter à sa plus simple expression (on n'a jamais rien promis, dit la première ministre…). Selon le jugement du Commissaire, l'immobilisme de Queen's Park dans ce dossier empêche les Franco-Ontariens de gravir leur escalier qui continue de rouler à contresens… 

3. «Le Canada est réellement formé de deux communautés principalement unilingues qui vivent côte à côte.»

Avis aux Couillard et autres assimilateurs de ce monde qui voudraient que tous les Québécois apprennent l'anglais… Selon le Commissaire aux langues officielles, un élément justificateur essentiel du bilinguisme et de la dualité linguistique au Canada, c'est que 90% des anglophones ne parlent que l'anglais et que 60% des francophones ne connaissent que le français.

Si j'ai bien compris son raisonnement, que je partage ici, c'est que le jour où tous les francophones parleront anglais, on n'aura plus besoin d'une des deux composantes de ce «bilinguisme» canadien. Si tout le monde comprend l'anglais, pourquoi les anglophones devraient-ils se donner la peine d'apprendre le français et pourquoi les gouvernements devraient-ils sentir le besoin d'offrir des services en français?

C'est un argument massue pour la Loi 101 et pour l'imposition d'un Québec unilingue français !

4. «...promouvoir l’idée que la dualité linguistique au Canada constitue un élément clé de notre identité nationale, ainsi qu’une valeur plutôt qu’un fardeau»…

Dans son introduction, M. Fraser dit que depuis dix ans, il essaie de passer le message que la dualité linguistique n'est pas un «fardeau». Qui, des francophones ou des anglophones, vous semble le moins réceptif à son message? Poser la question c'est y répondre! Il affirme en toutes lettres que le Canada anglais, majoritairement ou en proportion très appréciable, considère notre langue française comme un fardeau. Entre vous et moi, ça fait dix ans qu'il prêche dans le désert, parce que la situation ne s'est guère améliorée.

Que doit-il écrire de plus pour qu'un scribe d'expérience morde à l'hameçon?

5. «Pourtant, dans son rapport annuel 2012-2013, le commissaire notait que, depuis 2006, la grande majorité des institutions fédérales avait de la difficulté à remplir ses obligations en matière d’offre active en personne et que celle-ci demeurait un maillon faible pour les institutions. Cette tendance déplorable demeure inchangée.»

Non mais la manchette leur saute en pleine face. Le Commissaire affirme que depuis dix ans, pas seulement la majorité, «la grande majorité» des institutions fédérales ne respectent pas leurs obligations en matière d'offre active en personne (offre active du français bien sûr…), et que «cette tendance déplorable demeure inchangée»… Ce n'est même plus un style bureaucratique, c'est de l'indignation à peine dissimulée.

Dix ans… une grande majorité… déplorable… rien n'a changé. Et personne ne s'est accroché à ce paragraphe pour l'approfondir tant soit peu? C'est décourageant…

6. «La haute direction de l’institution a fait preuve de leadership, notamment en élaborant des politiques et des directives claires ainsi qu’en mettant en place un cadre de gestion, ce qui facilite la mise en œuvre de son programme des langues officielles.»

Le Commissaire évoquait ici la performance de l'Agence des services frontaliers… certainement pas celle d'Air Canada ou d'autres ministères et institutions pour qui la présence du français demeure depuis toujours un fardeau… Comment être plus clair? Selon M. Fraser, en matière linguistique, quand on veut, on peut. Quand les choses ne bougent pas, c'est parce que les dirigeants refusent qu'elles bougent. Ils ne font preuve d'aucun leadership.

J'aimerais savoir ce que M. Fraser a ressenti quand l'un des plus faibles maillons de la chaîne des langues officielles, le PDG d'Air Canada, qui reçoit blâme sur blâme du Commissaire, année après année, a été nommé en novembre 2015 chancelier de l'Université d'Ottawa, une université bilingue qui se vante de sa mission de promotion du français? Quelle ironie!


Assez…. Je pourrais continuer ainsi pendant des heures et des heures… Où sont passés les médias?


lundi 23 mai 2016

En cette Journée des patriotes 2016...


En cette Journée des patriotes 2016, on commémore ceux et celles qui ont combattu pour la démocratie, la liberté et l’indépendance à une époque où notre pays était le Bas-Canada. Ce texte a été rédigé en 1839, quelques heures avant que son auteur monte sur l’échafaud de l’occupant britannique.



Testament politique de Chevalier de Lorimier

« Je meurs sans remords. Je ne désirais que le bien de mon pays dans l’insurrection et l’indépendance, mes vues et mes actions étaient sincères et n’ont été entachées d’aucun des crimes qui déshonorent l’humanité et qui ne sont que trop communs dans l’effervescence de passions déchaînées.

« Depuis 17 à 18 ans, j’ai pris une part active dans presque tous les mouvements populaires, et toujours avec conviction et sincérité. Mes efforts ont été pour l’indépendance de mes compatriotes; nous avons été malheureux jusqu’à ce jour. La mort a déjà décimé plusieurs de mes collaborateurs. Beaucoup gémissent dans les fers, un plus grand nombre sur la terre d’exil avec leurs propriétés détruites, leurs familles abandonnées sans ressources aux rigueurs d’un hiver canadien.

« Malgré tant d’infortune, mon cœur entretient encore son courage et des espérances pour l’avenir, mes amis et mes enfants verront de meilleurs jours, ils seront libres, un pressentiment certain, ma conscience tranquille me l’assurent.

« Voilà ce qui me remplit de joie lorsque tout est désolation et douleur autour de moi. Les plaies de mon pays se cicatriseront après les malheurs de l’anarchie et d’une révolution sanglante. Le paisible Canadien verra renaître le bonheur et la liberté sur le Saint-Laurent; tout concourt à ce but, les exécutions même, le sang et les larmes versés sur l’autel de la liberté arrosent aujourd’hui les racines de l’arbre qui fera flotter le drapeau marqué des deux étoiles des Canadiens.

…………

« Quant à vous, mes compatriotes, puisse mon exécution et celle de mes compagnons d’échafaud vous être utiles. Puissent-elles vous démontrer ce que vous devez attendre du gouvernement anglais!... Je n’ai plus que quelques heures à vivre, mais j’ai voulu partager ce temps précieux entre mes devoirs religieux et ceux dus à mes compatriotes : pour eux je meurs sur le gibet de la mort infâme du meurtrier, pour eux je me sépare de mes jeunes enfants et de mon épouse sans autre appui, et pour eux je meurs en m’écriant: Vive la Liberté, Vive l’indépendance! »

Chevalier de Lorimier
14 février 1839, à 11 heures du soir
Extrait du livre « Les patriotes 1830-1839 »
Les Éditions Libération, 1971.


samedi 21 mai 2016

Pauvre Graham Fraser...


Pauvre Graham Fraser. En ce 19 mai 2016, l'occasion était pourtant très spéciale, et presque personne n'est venu à la fête… À sa place, j'aurais espéré - sans trop me faire d'illusions toutefois - une salle bondée à l'Amphithéâtre national de la presse, situé presque en face du Parlement canadien, sur la rue Wellington, à Ottawa.

Après tout, ainsi qu'il l'écrivait lui-même au tout début de son rapport 2015-2016, «ceci est mon dixième - et dernier - rapport annuel en tant que commissaire aux langues officielles». Une décennie complète de travaux, dont il ferait la synthèse en y ajoutant la brochette de nids de guêpes / wasps' nests actifs…

Malheureusement pour M. Fraser, Justin Trudeau avait «fait son jars» aux Communes, la veille, et toute la tribune de la presse semblait sous le choc du coup de coude à la poitrine de Ruth Ellen Brosseau et à l'empoignade du premier ministre avec le whig conservateur Gord Brown, puis avec le chef en sursis du NPD, Thomas Mulcair…

Entre une spectaculaire altercation aux Communes et un rapport de 70 pages qui ne les aurait pas intéressés de toute façon, du moins pas les journalistes anglophones, la décision fut sans doute facile. Seulement une poignée de scribes semblait attendre M. Fraser à sa conférence de presse (c'est du moins l'impression que laissait l'image du réseau CPAC), et presque toutes les questions sont venues de journalistes de langue française…

Vingt-quatre heures plus tard, sans trop de surprises, la presse anglo de Toronto et Ottawa semblait avoir passé à peu près totalement sous silence l'offrande d'adieu de M. Fraser, et l'entrefilet publié sur le site Web de la Gazette de Montréal pourrait bien être la traduction anglaise d'un des textes de Fannie Olivier, reporter francophone de la Presse canadienne à Ottawa.

J'ai même acheté en kiosque, ce matin (samedi), la grosse édition du Globe and Mail de Toronto, me disant qu'on y trouverait peut-être un regard plus analytique sur le rapport 2015-2016 du Commissariat aux langues officielles, ou quelque commentaire éditorial. Non, rien. Pas un mot. Et j'ai dû débourser 4,60$ pour m'en assurer…

Pourquoi la presse anglo-canadienne reste-t-elle indifférente, dans son ensemble, aux commentaires annuels de M. Fraser (comme à ceux de ces prédécesseurs)? Faudrait se poser la question, mais je crois qu'au fond, comme l'indiquent la provenance des plaintes au Commissariat (près de 90% signées par des francophones), que seuls les parlant-français sont vraiment préoccupés par les enjeux des langues officielles. Parce qu'ils sont presque toujours les seuls lésés.

Tout le monde - du moins ceux qui gravitent dans le milieu des droits linguistiques - sait que sous une façade de «dualité linguistique», le Commissaire Fraser passe l'essentiel de son temps à s'occuper des doléances des Québécois et des autres Canadiens de langue française. C'est bien plus le «Commissaire à la langue officielle (le français)» que le «Commissaire aux langues officielles»…

Quand le couple franco-ontarien Thibodeau avait porté devant les tribunaux sa plainte concernant l'absence de service en français à bord d'un avion d'Air Canada, ils avaient suscité un torrent de colère haineuse au Canada anglais. Je me souviens de cette lettre d'un lecteur anglo qui évoquait le scénario équivalent pour l'un des siens, soit celui d'un passager unilingue anglais aux prises avec un équipage unilingue français dans un vol d'Air Canada vers Vancouver… La folie furieuse…

Alors la presse anglophone sait que le rapport de Graham Fraser traite essentiellement de ses relations avec les Canadiens français... et cela ne les intéresse nullement. Leur pays est anglais, leurs gouvernements, fédéral et provinciaux, sont anglais (sauf au Québec qui les sert quand même fort bien dans leur langue), et les services rendus par le gouvernement fédéral sont toujours disponibles en anglais. Le Commissariat aux langue officielles? C'est une bébelle pour les francophones insatisfaits…

Et comme la proportion de francophones ne cesse de décroître au Canada, c'est un problème temporaire… qui se résorbera avec la disparition graduelle de la nation francophone nord-américaine… On n'a qu'è se croiser les doigts et attendre… Entre-temps, M. Fraser pourra enfiler ses pantoufles et prendre sa retraite…

On aurait donc supposé, en tenant compte de ce qui s'y trouve, que le rapport final de M. Fraser aurait tout au moins dominé les manchettes des médias de langue française… mais ce ne fut pas le cas. Si l'adieu du Commissaire actuel a trouvé d'importants échos dans le quotidien Le Droit et à Radio-Canada, ainsi qu'à TFO, ailleurs ce n'était pas beaucoup mieux que le silence du Canada anglais…

Un court texte dans Le Devoir du lendemain, sans commentaire éditorial (fait surprenant compte tenu qu'une éditorialiste du Devoir animait la conférence de presse de M. Fraser), quelques dépêches de la Presse canadienne dans le site Web de La Presse, mais comme le journal ne publie plus d'édition papier en semaine, l'impact est moindre. Un court texte aussi de l'agence QMI qu'a sans doute publié le Journal de Montréal et son cousin de Québec… mails absolument rien de percutant hors de la région de la capitale fédérale…

Je ne m'explique pas comment une cohorte de journalistes professionnels, souvent des vétérans, rattachés à la presse parlementaire, peuvent recevoir un rapport comme celui de M. Fraser et le tabletter sans autre forme de procès. Objectivement, le contenu est important. Il va au coeur de cette dualité qui attise les braises de la discorde depuis 150 ans et même davantage dans l'ensemble du pays.

C'est vrai que les rapports du Commissariat aux langues officielles sont plates. Le langage est bureaucratique. À ne pas lire quand on est fatigué, en fin de soirée. Mais avec les années d'expertise accumulées à la tribune de la presse parlementaire, les journalistes ont sûrement appris à décoder et à lire entre les lignes. Dans la monotonie de ces textes apparemment aseptisés se cachent des bâtons de dynamite, mais il faut gratter sous la surface.

Quel coup de coude opportun…






dimanche 15 mai 2016

J'ai eu honte!

Quand, autrefois, j'allais à la messe le dimanche matin, je profitais souvent de l'homélie (presque toujours plate) pour revoir dans ma tête quelques faits saillants de la semaine, ou pour mettre de l'ordre dans mes idées… Et même si mes présences à l'église sont désormais le plus souvent associées à des funérailles, le dimanche conserve son caractère spécial. Le septième jour reste encore, même en 2016, celui où certains (comme moi) se reposent un peu en jetant un regard sur les «oeuvres» de la semaine…

Sans aucun doute, l'«événement» des derniers jours aura été l'annonce du report de l'implantation du nouveau cours d'histoire au secondaire par le ministre québécois de l'Éducation, Sébastien Proulx, qui donnait une nouvelle fois (comme l'ensemble de son gouvernement) l'impression de «faire le beau» devant cette masse monolithique d'électeurs anglophones, allophones et assimilés qui assure trop souvent la réélection du Parti libéral… 

Dites-vous bien une chose. Faute de modifier les faits vécus, documentés, et les réinventer (comme Stephen Harper s'est amusé à le faire avec la Guerre de 1812) pour plaire à l'ensemble du West Island, toute réforme du programme d'enseignement de l'histoire sera vu par la plupart des anglos et allos/francos assimilés comme un complot nationaliste ou indépendantiste. Je ne les blâme pas de s'inquiéter… Il suffit d'énumérer les faits historiques, sans même les commenter, sans sel, sans poivre, pour que n'importe quel francophone devienne «nationaliste»…

Pour satisfaire la clientèle libérale, surtout celle qui a conservé les traits de nos anciens Rhodésiens, il faudrait mentir, tout au moins taire de grands pans de notre histoire parce que simplement en prendre connaissance pourrait susciter une nouvelle cohorte de «oui» au prochain référendum si jamais une autre grande consultation populaire se pointe à l'horizon… C'est ainsi que se sont comportés les empires quand ils ont colonisé des territoires… en tâchant de faire oublier aux peuples conquis leur passé, leurs origines, leurs valeurs, leur langue, leur culture… en réécrivant au besoin leur histoire.

Si j'ai bien compris ce qui s'est passé la semaine dernière, nous vivons toujours des relents de l'époque coloniale, où les impériaux dictaient (ou suggéraient fortement) aux indigènes leurs lois, règlements et comportements. Je croyais qu'avec la Loi 101 nous étions passés à autre chose et qu'au moins nous étions maîtres de notre destin culturel… Il semble que non. Notre majorité, notre «nous», est toujours soumis - par l'intermédiaire du Parti libéral - aux exigences et façons de voir d'un anglo-multiculturalisme qui veut notre perte…

Si j'ai bien compris, redis-je, ce gouvernement va laisser nos anciens maîtres nous dire comment enseigner notre histoire à nos élèves dans nos écoles… Quelques jours auparavant, les députés de ce même gouvernement s'étaient écrasés une fois de plus devant la tâche - pourtant timide - d'imposer la primauté du français dans des bannières commerciales unilingues anglaises. Après le relatif unilinguisme français de la Loi 101, puis la priorité du français de la Cour suprême, nous en sommes à une «présence suffisante» (ciel, les conquérants britanniques nous en offraient autant au 18e siècle!)… On va bientôt quêter à genoux… Pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu honte!

À un moment de notre histoire où notre volonté de «durer» comme peuple semble vaciller, ainsi que l'écrivait récemment le sociologue Jacques Beauchemin, il me semble que cette décision de reporter la réforme de l'enseignement de l'histoire constitue un événement pivot. J'aurais souhaité des réactions plus vigoureuses du grand public (compte tenu que selon le plus récent sondage léger, 52% des francophones voteraient toujours «oui»). Faut dire qu'à l'exception du Devoir qui l'a propulsée en manchette de la page une, cette nouvelle n'a pas suscité grand émoi dans les milieux médiatiques (un peu plus, peut-être, dans les médias sociaux).

Je me serais attendu à des commentaires énergiques dans toutes les pages éditoriales, mais l'annonce du ministre Proulx a été suivie d'un trop large silence… On s'était habitué à l'extrême modération des éditorialistes autres que ceux et celles du Devoir pour tout ce qui touche notre identitaire collectif, mais quand même… 

Je note au passage que Le Devoir n'a pas, lui non plus, commenté cette histoire qui va pourtant au coeur de notre cheminement identitaire, un cheminement que notre seul quotidien indépendant accompagne depuis plus de 100 ans. Peut-être le fera-t-il. N'empêche que depuis quelques mois, je flaire une baisse de régime dans les pages du Devoir. Ce fidèle compagnon de nos combats nationaux - on se l'arrachait à l'université pendant la Révolution tranquille (et j'étais Franco-Ontarien alors…) - paraît plus réticent, ces jours-ci, particulièrement dans ses textes éditoriaux… J'espère que je me trompe.

Bon… on passe à autre chose… l'homélie est terminée, c'est le temps de réciter le Je crois en Dieu et de sortir des sous pour la quête… Jusqu'au prochain dimanche…



mercredi 11 mai 2016

Qui s'intéresse aux hymnes nationaux?

À chaque présence du député Mauril Bélanger (libéral-Ottawa-Vanier) aux Communes, on se demande si cela ne risque pas d'être sa dernière. La maladie de Lou Gehrig dont il est atteint ne pardonne pas, et le mine davantage chaque jour. La semaine dernière, il a quitté son lit de l'hôpital Montfort pour tenter de faire progresser un projet de loi qu'il parraine depuis des années - celui de modifier deux petits mots de la version anglaise de l'hymne national canadien.

Les députés conservateurs ont une fois de plus torpillé son projet de loi en refusant de donner leur consentement à la poursuite du débat. Cela aurait signifié une remise à l'automne 2016… mais une de ses collègues québécoises lui a offert une place à l'agenda qui lui était réservée, le 30 mai (voir http://bit.ly/1VTyiUh). Si les conservateurs changent d'idée, le débat continuera en comité parlementaire… mais rien ne garantit une issue rapide...

Sur le plan humain, il est difficile de voir ainsi contrecarrées les ultimes volontés d'un politicien dont les jours sont comptés, surtout quand on se doute qu'à la longue, sa modification à l'hymne national anglais - ou quelque chose qui lui ressemble - finira par rallier le Parlement.

Le sujet n'a pas beaucoup d'intérêt pour les francophones, du moins pour le moment. Dans l'Ô Canada de langue anglaise, le député Bélanger veut remplacer les mots «thy sons» par une expression neutre, dans l'esprit du respect de l'égalité des sexes. Personne ne pouvant s'opposer au principe, on s'objecte pour des motifs de tradition et d'opinion publique (qui serait contre, apparemment).

L'argument de la tradition restera sans doute le plus efficace. Dans de nombreux pays, les hymnes nationaux ont été composés et adoptés à une époque où la situation politique et les valeurs étaient fort différentes des temps actuels. J'ai toujours eu une préférence pour La Marseillaise, que je trouve inspirante et rassembleuse, mais je dois avouer que je n'avais jamais vraiment lu toutes les paroles…

Après Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé, tout devenait flou… Puis je me souvenais d'Aux armes citoyens, formez vos bataillons… Déjà, l'Aux armes citoyens ça fait pas mal bagarreur et je n'imagine pas le président Hollande s'adressant ainsi, sur son ton monocorde, aux citoyens de France… De fait, l'ensemble de l'hymne national est violent et sanguinaire…

«L'étendard sanglant est levé… Ils viennent jusque dans vos bras égorger nos fils, nos compagnes… Qu'un sang impur abreuve nos sillons…» Évidemment, ce qu'il faut comprendre, c'est que le texte remonte à la Révolution française alors que la jeune république était attaquée et envahie… C'était un appel à la résistance… La tradition… Faute d'avoir lu leurs manuels d'histoire, on en verrait, des tas de députés, présenter à l'Assemblée nationale française des textes d'un patriotisme plus pacifique…

Même la version française de l'Ô Canada contient des passages au moins aussi contestables (avec les yeux de 2016) que la version anglaise… Car ton bras sait porter l'épée, il sait porter la croix… Une arme dans une main, le crucifix dans l'autre… Ça non plus, ça n'a rien de pacifique, et ce n'est très certainement pas neutre sur le plan religieux. Quand on remonte au texte original de l'Ô Canada, le dernier couplet de l'hymne finit par les paroles suivantes: Le cri vainqueur: pour le Christ et le Roi

Entre le nombre croissant d'athées, les adeptes de religions non chrétiennes et les pacifistes, une forte proportion de la population pourrait s'objecter à la version française actuelle… dans la mesure où cela les intéresse bien sûr… Mais encore là, il faut savoir que cet hymne a été composé en 1880 comme chant national canadien-français, pour une fête de la Saint-Jean-Baptiste, en opposition au God Save the Queen et au Maple Leaf Forever… À cette époque on pensait ainsi…

Et aussi, faut-il le rappeler, le Canadien de 1880 aurait de fortes chances de s'appeler Québécois aujourd'hui… On n'a qu'à voir les paroles du deuxième couplet de l'Ô Canada, qui ne font plus partie de la version officielle contemporaine: Sous l'oeil de Dieu, près du fleuve géant, le Canadien grandit en espérant.» Pas dans les Prairies, même pas en Acadie, mais dans le bassin du Saint-Laurent… La référence au Roi est également intrigante, compte tenu que Victoria était reine depuis 43 ans et le serait pour deux autres décennies… Un rappel de l'ancienne monarchie française?

Enfin tout cela laisse sans doute 99% de la population indifférente… Au rythme où vont les choses, Mauril Bélanger risque de ne jamais voir ses amendements adoptés à la version anglaise d'Ô Canada… Personne ne semble vouloir contester la présence de la croix et de l'épée dans la composition Lavallée-Routhier, devenue officielle. Et les Français chanteront sans doute Aux armes citoyens encore très, très longtemps…

Peut-être la question des hymnes nationaux susciterait-elle davantage d'intérêt si le Québec décidait de s'en donner un, enfin… Ne sommes-nous pas une nation (même la Chambre des communes le reconnaît), avec des institutions nationales, un drapeau national? Pourquoi pas un hymne? Pas besoin d'être indépendants pour ça. De fait nous en avons peut-être un, déjà consacré par le public depuis la Saint-Jean de 1975: Gens du pays. Ça parle d'amour et d'espoir. Ça me suffit!



lundi 9 mai 2016

Lutter pour un accent aigu ou un trait d'union?

Parfois le combat pour le respect de la langue française peut tourner autour d'un simple accent aigu ou d'un trait d'union… Et je me demande parfois si ce ne sont pas les combats les plus importants… Quand un gouvernement tente de supprimer ou limiter les droits scolaires d'une minorité de langue française, ou encore fermer son seul hôpital, les appels aux barricades se font vite entendre et les manchettes médiatiques se multiplient… Mais le défi est tout autre quand il s'agit de corriger une faute d'orthographe dans une loi ou un règlement, ou encore sur un panneau routier ou commercial…

Comme personne n'écrit sans commettre d'erreur (personne que je connaisse, en tout cas…), on hésite à reprocher à d'autres ce que l'on risque de faire soi-même, surtout si ces «autres» s'expriment dans une langue qui n'est pas la nôtre. Et pourtant il le faut, parfois, quand l'identité d'un lieu, d'une institution ou d'une personne s'en trouve altérée. Combien de noms de famille ou de localités ont-ils été anglicisés, au Canada et aux États-Unis, parce qu'on a laissé passer la faute d'écriture d'un greffier, d'un agent de recensement ou d'un quelconque fonctionnaire unilingues anglais?

Chez nos voisins du Sud, le français n'a pas d'assise juridique et la politique officielle, c'est le melting pot. Ainsi, au fil des générations, des Boisvert, Leblanc et Lebrun sont-ils devenus des Greenwood, des White et des Brown, sans que l'on ne s'en plaigne trop. Depuis le 18e siècle, Détroit a perdu l'accent aigu d'origine, la célèbre Université Notre-Dame, en Indiana, a largué son trait d'union, et la Nouvelle-Orléans, rebaptisée New Orleans, n'a conservé ni trait d'union ni accent aigu...

Les modifications à ces appellations constituaient peut-être au départ une erreur, mais leur acceptation était révélatrice d'une érosion, puis d'une perte identitaire. Au Canada, et à plus fort titre au Québec où les francophones ont su, jusqu'à maintenant, demeurer majoritaires, la présence historique de collectivités de langue française se double d'appuis juridiques et judiciaires, forts par endroits, faibles ailleurs, mais suffisants pour au moins défendre l'orthographe correcte de noms français quand une majorité anglaise ou une influence extérieure (souvent économique) tentent de les modifier.

La région de la capitale fédérale, un des lieux de collision entre les traditions françaises et anglo-canadiennes, a été témoin de telles situations. L'ancien village d'Orléans, en banlieue est d'Ottawa, était très majoritairement francophone jusqu'aux années 1970, jusqu'à ce que l'étalement urbain ne vienne renverser les proportions, transformant une agglomération canadienne-française de 10 000 habitants en quartier d'environ 100 000 personnes, à plus de 60% anglophone. Et Orléans se met alors à perdre son accent aigu… dans le municipalité, sur les panneaux institutionnels, sur les bannières commerciales...



C'est à cette époque que fut créé le MIFO (Mouvement d'implication francophone d'Orléans) et que la question de l'accent en-voie-de-se-perdre fut soulevée dans la collectivité et au conseil municipal (Orléans faisait partie de Gloucester jusqu'à la fusion avec Ottawa en 2001). L'affaire aboutit finalement à la Commission de toponymie de l'Ontario qui consacre à deux reprises (1990 et 1994), et ce, très officiellement, le caractère obligatoire de l'accent aigu dans l'écriture d'Orléans. Mais entre ça et convaincre les commerces de ne plus écrire «Orleans» (prononcer en anglais Orr-leenss), le combat se poursuit toujours… (voir http://bit.ly/1rIdLVR).

Le cas de «Montréal» n'est pas entièrement réglé, même si, officiellement, la seule façon correcte de l'épeler, c'est avec l'accent aigu. Même chose pour la ville de Québec (pas la province cependant…) qui doit s'écrire avec son «é»… Les anglophones, qui n'ont pas d'accent dans leur langue (sauf pour quelques mots importés d'autres cultures), n'y attachent guère d'importance, ayant longtemps dominé la ville après la conquête. Pour eux, c'est davantage «Mawn-tree-all» que Montréal… Le débat au sujet de l'épellation subsiste même dans la métropole, comme en témoigne ce texte de l'an dernier du Journal de Montréal (voir http://bit.ly/1NnIB0b).

Alors imaginez le peu d'intérêt qu'on peut y accorder dans une ville à 85% anglophone comme Ottawa et dans une province comme l'Ontario. Or la question se pose, parce que dans l'Est ontarien, notamment, il existe à plusieurs endroits des «chemin de Montréal» et des «Montreal Road»… La ville d'Ottawa, pour ce qui est de l'affichage municipal, a opté pour la façon correcte d'épeler Montréal, avec l'accent aigu, même si on semble avoir oublié sur le panneau ci-dessous le point après l'abréviation de chemin (ch.)...

panneau provincial près de la jonction de la 417 et la 174, à Ottawa


panneau municipal d'Ottawa, image Google Streetview

Les panneaux routiers de la province, cependant, continuent de nous infliger des gros «Montreal» sans accent aigu (l'Ontario écrit pourtant Orléans…). Je sais que cela n'intéresse pas grand monde, même chez les francophones, mais cette façon d'écrire Montréal est fautive. Ce n'est pas un anglicisme, c'est une erreur qui, me semble-t-il, doit être corrigée. Si les panneaux routiers de la promenade/parkway Sir John A. Macdonald se lisaient «MacDonald» ou «McDonald», je suis sûr qu'on les corrigerait sans se faire prier… Mais Montreal… bof!


Le cas du boulevard «St. Laurent», une des principales artères nord-sud d'Ottawa, est de loin le pire, mais je n'ai pu trouver de trace de débat au sujet de la manière fautive de l'épeler. Il faudrait écrire St-Laurent ou Saint-Laurent, seules acceptables. Si on avait voulu le nommer en anglais, on aurait indiqué «St. Lawrence Blvd.». C'est ainsi que les anglophones appellent le fleuve et le golfe dans leur langue… Mais non, il s'agit clairement, ici, d'une origine française et les anglos - même ceux d'ici - le prononcent «Laurent» comme en français (sauf pour le «r» bien sûr…).

Alors, il faudrait qu'Ottawa et l'Ontario comprennent qu'en français, l'abréviation de Saint est «St» (sans point après…) et que pour un nom de localité ou de rue, cette abréviation collée à un nom de personne (Laurent par exemple) est suivie d'un trait d'union. Écrire «St. Laurent», c'est commettre une erreur. On massacre déjà assez le français dans notre coin de pays sans qu'on nous lance de grosses fautes officielles en pleine face à tous les coins d'un grand boulevard et sur les autoroutes de la capitale d'un pays qui s'affirme bilingue (mais pas sa capitale…).







samedi 7 mai 2016

Cornwall, PQ? Hawkesbury, PQ?


Les diplomates dessinent les États, les politiciens délimitent les électorats, les sociologues et politicologues décortiquent savamment les sociétés et les nations… Mais dans la vraie vie, hors de l'enceinte des parlements et des pages professorales érudites, dans les rues et quartiers où vivent la masse des citoyens et collectivités, les frontières des États, électorats, sociétés et nations peuvent facilement s'embrouiller…

Quand j'avais 20 ans, à l'Université d'Ottawa, j'étais Ontarien (de cinquième génération) et pourtant j'avais plus de repères culturels en commun avec un étudiant francophone de l'Université Laval ou l'Université de Montréal que pouvait en avoir l'unilingue anglophone de Westmount ou du West Island, pourtant Québécois comme ses collègues de langue française dans la Vieille capitale et la métropole.

Engagé depuis quelques années dans des mouvements de revendication franco-ontarienne, je sympathisais avec les indépendantistes du RIN, et je ressentais une sourde colère, comme si c'était arrivé à moi ou à mes proches, quand je lisais au sujet de la déportation des Acadiens en 1755 ou à propos des rébellions des Métis sous Louis Riel, en 1869 et 1885. Je me demande ce qu'auraient dit les sociologues de la «nation» à laquelle j'appartenais…

Je suis certain que ce «brouillage» des identités ne m'était pas réservé. Bien d'autres que moi l'ont ressenti. J'y ai pensé, comme cela m'arrive de temps à autre, en feuilletant de vieux numéros du Quartier Latin, ancien magazine des étudiants de l'Université de Montréal que l'on vendait en kiosque un peu partout à la fin des années 1960 et au début des années 1970. 

Dans sa dernière parution de 1969, une petite équipe du journal avait pris le risque de froisser les automobilistes et de se faire coffrer par les policiers en bloquant brièvement la circulation sur le Pont Interprovincial, entre Ottawa et Hull, à l'ombre du Parlement fédéral, pour dresser un poste fictif de douanes entre le Québec et le Canada. Cela lui donna une de ses plus célèbres pages unes (ci-dessous et voir http://bit.ly/12Jjoih).


Or, dans son édition du 26 septembre 1970, quelques jours avant l'éclatement de la crise d'octobre, le magazine insérait une publicité maison à l'intérieur de la page couverture (l'image au tout début de ce texte), dans le but de recruter des collaborateurs partout au Québec parce que, écrivait-on, «c'est tout le maudit pays qu'y faut libérer». Je tiens pour acquis qu'on voulait «libérer» le Québec, pas l'ensemble du Canada…

Bizarrement, dans les localités visées par cette campagne, on avait inclus les villes ontariennes d'Ottawa, Hawkesbury (mal épelé) et Cornwall… «On a besoin de mettre le restant de la province (sic) au courant de ce qui se passe dans les villes suivantes», précisent les rédacteurs du Quartier Latin. J'ai de la difficulté à m'imaginer ce qui, dans l'Est ontarien de 1970, aurait pu intéresser un magazine étudiant très politisé de l'Université de Montréal.

Ottawa, par contre, a toujours occupé une place un peu spéciale dans le casse-tête national. Capitale de la fédération, de nombreux Québécois y travaillent dans la fonction publique ou siègent au Parlement (Communes et Sénat), ou encore fréquentent l'Université d'Ottawa (qui a même une faculté de droit civil québécois). Du côté franco-ontarien, Ottawa a été longtemps le coeur d'une intense activité patriotique, surtout dans ses quartiers les plus francophones (c'est là que fut fondé l'Ordre de Jacques-Cartier, la Patente, en 1926).

Un vieux patriarche franco-ontarien comme Séraphin Marion, Ottavien de naissance décédé en 1983, était proche des idées de Marcel Chaput et René Lévesque, et écrivait des textes pro-indépendantistes dans un journal franco-américain du Massachusetts, Le Travailleur. Au cours du dernier demi-siècle, des milliers de Franco-Ontariens de la capitale ont franchi les ponts vers l'Outaouais et des milliers de Québécois venus d'un peu partout dans la province les ont remplacés… Cela crée une drôle de chimie…

Hawkesbury, la ville la plus francophone de l'Ontario, à mi-chemin entre Ottawa et Montréal, a sûrement produit son lot de Québécois souverainistes (j'en connais quelques-uns) et a été immortalisée par Jean Leloup dans I lost my baby… Quant à Cornwall, autre qu'elle ait donné au FLQ un de ses premiers membres, Omer Latour, et qu'elle soit située à proximité de la frontière québécoise, je ne vois pas en quoi elle aurait dû tant fasciner le Quartier Latin en 1970…

En 1967, lors des États généraux du Canada français, on avait assisté à une scission amère entre les délégués québécois et une grande partie de la délégation franco-ontarienne (les deux tiers). Encore aujourd'hui, entre l'oubli négligent de trop de Québécois et l'hostilité mal définie de trop de Franco-Ontariens, les ponts demeurent encombrés entre les deux collectivités. Mais sous la surface, les vieux liens de la langue et de la culture sont toujours là en 2016, comme des braises, prêtes à être attisées.

Pendant qu'à Montréal, la coalition monolithique xénophobe formée d'anglophones, d'allophones anglicisés et de francophones assimilés continue de manifester sa colère haineuse contre la majorité française, contre la Loi 101 et toute velléité autonomiste du Québec, je serais prêt à parier qu'il reste ailleurs au pays des milliers de sympathisants canadiens-français et acadiens (une minorité appréciable en tout cas…) prêts à soutenir les assises d'un Québec français contre les assauts des Doric Clubs du 21e siècle.

À Chute-à-Blondeau, Alfred, Ottawa, Moncton, Caraquet, St-Boniface, Sudbury, Kapuskasing, Hearst, et ailleurs, le Quartier Latin de 1970 comme ses successeurs de 2016 trouveraient sans doute, sous un accueil officiel plutôt frisquet, plusieurs chuchotements discrets de solidarité… qui se feront peut-être un jour entendre sur la place publique…

Matière à réflexion pour les diplomates, politiciens, sociologues et politicologues…



  





lundi 2 mai 2016

Gatineau 2017… Fêter 150 ans en oubliant l'histoire des 150 ans?



Les dirigeants de notre belle ville de Gatineau vont-ils enfin se résoudre à ouvrir un bon livre d'histoire du Canada (n'importe lequel, même en anglais…) avant de décider s'ils nous entraîneront dans les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération?

Peu de gens poseront cette question. On risque en effet de se faire accuser de ressasser de vieilles chicanes, d'être un casseux de party, ou pire, d'être indépendantiste (ce que j'avoue dès le départ). Je le suis d'ailleurs depuis un demi-siècle, depuis l'époque où, avec d'autres étudiants franco-ontariens, nous luttions toujours pour obtenir des écoles primaires et secondaires de langue française.

En 1966, avec d'autres Canadiens français d'Ottawa tannés de se battre pour des droits élémentaires que les Anglo-Québécois avaient toujours eu en surabondance, j'avais décidé de m'opposer à toute participation franco-ontarienne aux festivités du centenaire de la Confédération, prévues pour 1967. Notre slogan était alors Cent ans d'injustice.

Nous étions en minorité, même en très petite minorité. On nous traita de séparatistes, même ceux d'entre nous qui ne l'étaient pas… Et l'immense majorité de nos compatriotes ont fini par agiter leurs unifoliés, coude à coude avec ces Anglo-Ontariens complices d'injustices remontant au Règlement 17, ces mêmes anglophones qui, une fois les fêtes terminées, redeviendraient des adversaires tenaces…

On avait beau invoquer l'histoire du pays d'un océan à l'autre pour appuyer nos dires, rien n'y fit. Au moment d'une grande célébration, il fallait agir comme si tout était toujours bien allé pour ce 25 à 30% du pays qui parlait français - tant au Québec qu'en Acadie qu'à l'ouest de la rivière des Outaouais. On ne casse pas un si grand party… Et ça recommence pour 2017…

C'est pourtant le moment parfait de ressortir ce que certains aiment appeler des vieilles chicanes. À quoi sert un 150e anniversaire, sinon souligner ce qui s'est passé pendant ces 150 années? On va sortir les drapeaux, organiser des fêtes, faire des défilés et tout et tout, sans se demander pourquoi, et surtout sans savoir pourquoi? 

La semaine dernière, Gatineau a rendu public son emblème pour 2017 (voir ci-haut) sous le mot-clic #bonnesnouvelles… C'est quoi au juste la bonne nouvelle? La diffusion de l'emblème, ou ce qu'il représente? Et de fait, que signifie l'engagement de Gatineau à célébrer le cent-cinquantenaire de la Confédération canadienne? Ne faudrait-il pas au moins qu'on nous dise ce que que notre ville québécoise à 80% francophone viendrait faire dans cette galère, à part essayer de soutirer des dollars touristiques de notre voisinage immédiat avec Ottawa…

Avant d'aller plus loin, puis-je ajouter je n'ai rien contre une participation à ces événements du 150e. Mais qu'on s'y engage dans le but de commémorer la longue lutte de nos nations francophones (canadienne-française, québécoise, acadienne) pour faire valoir des droits qui ont été constamment attaqués, voire supprimés à certaines époques, partout à l'extérieur du Québec… et qui ont été mis à rude épreuve même à l'intérieur des frontières québécoises. Des droits pour lesquels les combats, juridiques et politiques, se poursuivent toujours en 2016…

Je n'en ferai pas de liste, ce serait trop long et j'ai déjà abordé ces enjeux dans d'autres textes de blogue (voir liens à la fin du texte). Cela me déçoit cependant que tant de concitoyens connaissent pas ou trop peu leurs histoires canadienne et québécoise. Mais ce qui me déçoit davantage, ce sont tous ceux et celles qui la connaissent et qui gardent le silence - y compris plusieurs de nos élus - pour toutes sortes de raisons… Il y en a sûrement qui ont peur de s'exprimer là-dessus, et je les comprends...

Même moi, qui suis vieux et à la retraite, cela m'énerve un peu d'écrire là-dessus, en partie par crainte d'offusquer des gens, des amis et même des proches pour lesquels j'ai beaucoup d'estime. Mais pourquoi garderais-je le silence quand d'autres me lancent au visage les célébrations du 150e comme s'il était évident que tous, toutes devaient y participer? J'ai des nouvelles pour eux, cette unanimité n'existe pas… loin de là… même si les voix discordantes n'osent pas trop se manifester.

Je comprends que notre maire - lui aussi souverainiste - et que les autres conseillers (nationalistes, indépendantistes ou pas) doivent agir dans l'intérêt de la ville entière, et que M. Pedneaud-Jobin soit obligé de se promener main dans la main avec son homologue d'Ottawa, le francophile-francophobe (ça dépend des jours…) Jim Watson, et siéger tout sourire à titre d'observateur à la Commission d'une capitale nationale qui n'est pas «notre» capitale nationale… et porter une épinglette Gatineau 2017… 

Mais cela n'empêche pas nos élus de tenir compte de l'histoire du Canada, du contenu réel de ces 150 années s'ils se préparent à nous faire célébrer 2017 (c'est vrai qu'ils n'ont pas annoncé grand-chose jusqu'à maintenant…). Quoiqu'il en soit, les citoyens de Gatineau ont droit à la vérité sur ce centenaire et demi, et cette vérité n'est pas de nature à nous inciter à participer aux mêmes partys que Patrimoine canadien et la CCN et la ville d'Ottawa…

Certains jours, j'aimerais redevenir bon fédéraliste… parce que je serais toujours opposé à célébrer le 150e de la Confédération… pour les mêmes motifs. Mais je sais que je ne convaincrai personne de ça. À Gatineau, quand on est indépendantiste et qu'on se mêle d'une question semblable, on s'expose trop souvent à être jugé d'avance. Il est plus facile d'attaquer le messager que le message…

Enfin, comme citoyen, j'estime tout au moins avoir droit à une explication (autre qu'économique) au sujet des motifs d'engagement de Gatineau dans les célébrations du cent-cinquantenaire… Au préambule du document du 150e mis en ligne par la ville (voir http://bit.ly/1SIyRup), on évoque deux types possibles d'événements admissibles à un financement municipal: des «festivités» et des «activités de commémoration».

À voir ce qui se passe jusqu'à maintenant (en attendant l'annonce des projets subventionnés), on risque d'avoir droit à des festivités, mais bien peu de commémoration. À bien y penser, que viendrait faire l'histoire dans un événement historique? Ben voyons...

-----------

Autres textes de blogue sur 1867-2017

Le «Fonds Canada 150», c'est aussi à nous… (février 2016) http://bit.ly/20wNKIZ

Canada 1867-2017. Et le Canada français 1867-2017? (octobre 2015) http://bit.ly/1PVnktf

Fêter les 150 ans du Canada? Non merci! (février 2015) http://huff.to/1GjxBKM