lundi 26 mars 2012

Le cul-de-sac constitutionnel

Le sondage publié hier (lundi 26 mars) en prévision d'un colloque en avril sur le 30e anniversaire du rapatriement de la constitution canadienne reflète bien le cul-de-sac constitutionnel dans lequel le Québec et le Rest of Canada (ROC) se sont engagés au cours du dernier demi-siècle.

Une statistique, en particulier, est fort révélatrice. Pendant que près de 70% des répondants québécois au sondage favorisent l'augmentation des pouvoirs du Québec au sein de la fédération canadienne, près de 80% du ROC s'y opposent fortement ou modérément. Et une solide majorité de ce 80% d'opposants à l'accroissement des pouvoirs du Québec se dit intransigeante!

En d'autres mots, la moindre concession d'un pouvoir additionnel au Québec sera une concession de trop. Beau défi pour Thomas Mulcair : s'il croit à son propre programme, le nouveau chef du NPD devra tenter de faire élire son parti aux prochaines élections en tentant de vendre au Canada anglais un fédéralisme asymétrique qui reconnaîtra un statut de plus en plus particulier à la nation québécoise. Ses chances de réussite - sur ce tableau - sont à peu près nulles. Des conservateurs et des libéraux, on sait déjà à quoi s'attendre!

D'autre part, à en juger par le sondage de Léger Marketing, le ROC se souvient à peine des événements entourant le rapatriement de la Constitution en 1982. Interrogés sur la conférence constitutionnelle de novembre 1981 qui avait précédé le rapatriement, seulement 29,4% des répondants du ROC pouvaient correctement identifier le motif de cette importance conférence fédérale-provinciale. Au Québec, le taux de bonnes réponses frisait le seuil du 50%. Pas un très bon résultat, mais quand même beaucoup mieux que 29,4%.

Également, plus de 50% des répondants du ROC estiment qu'Ottawa avait raison de rapatrier la Constitution sans l'accord de l'Assemblée nationale et du gouvernement du Québec. Seulement 22% des répondants québécois sont de cet avis. Et malgré tout, plus de 70% des répondants québécois croient que le gouvernement du Québec devrait prendre l'initiative de proposer un nouveau projet de modification constitutionnelle...

Alors jugez vous-mêmes : les Anglo-Canadiens ne partagent pas notre point de vue et ils sont très majoritaires. Trois fois plus nombreux que nous. Les chances d'obtenir dans un avenir prévisible une entente constitutionnelle qui nous convient sont à peu près aussi bonnes que celles du Canadien de jouer dans les séries éliminatoires cette année...

Si l'opinion anglo-canadienne reste figée et hostile à des compromis constitutionnels, il ne restera que deux scénarios plausibles : tout abandonner et accepter le statu quo (ce que souhaiterait la majorité anglo-canadienne), ou entreprendre - avant qu'il ne soit trop tard - de créer un pays à notre image, dans l'espoir qu'il en résulte enfin une association d'égal à égal avec le ROC.

Pierre Allard

vendredi 9 mars 2012

Cornwall : silence peu édifiant

Éditorial publié dans Le Droit du vendredi 9 mars 2012

Avec des amis comme le député Guy Lauzon, les Franco-Ontariens n’ont pas besoin d’ennemis. Invité à commenter le conflit entourant les services en français à l’Hôpital communautaire de Cornwall, le député de Stormont-Dundas-Glengarry (qui inclut la région de Cornwall) n’a même pas eu le courage d’offrir à ses concitoyens francophones quelques mots d’encouragement, de soutien, de solidarité. Ce n’est pas mon dossier, dit-il. Ce n’était pas non plus celui de son collègue Royal Galipeau, qui n’a pourtant pas craint d’y aller avec un commentaire énergique.

C’est à se demander pourquoi certaines personnes présentent leur candidature aux élections. N’est-ce pas justement pour s’engager, pour prendre position, pour défendre des idées et des principes? Que doit-on comprendre du silence du député Lauzon? Qu’il a peur d’offenser ses électeurs anglophones, ou pire, qu’il s’oppose en réalité aux revendications des francophones? Vivement qu’il prenne une position claire. Son « sans commentaire » actuel n’a rien d’édifiant.

Pierre Allard

lundi 5 mars 2012

La loi et nous. Enjeux juridiques et constitutionnels en francophonie canadienne

Ottawa, le 28 février 2012 –Le premier numéro de l’année 2012 de La Relève, le journal des étudiants de la francophonie canadienne, est maintenant disponible sur 15 campus universitaires de partout au pays.

Après avoir traité des enjeux touchant les États plurinationaux, les nations minoritaires et les petites sociétés dans une perspective comparée dans son dernier numéro, La Relève lance aujourd’hui son plus récent numéro intitulé « La loi et nous. Enjeux juridiques et constitutionnels en francophonie canadienne».

La Relève y traite des enjeux juridiques et constitutionnels touchant la francophonie canadienne, d’hier à aujourd’hui. On retrouve dans cette partie des articles de François-Olivier Dorais et Serge Miville (logique juridique et problématique identitaire), Alexandra Waite et Joseph Morin (étude comparative des droits linguistiques), Serge Dupuis et Michel Laforge (la Loi 8 et la question universitaire), Stéphanie Chouinard (pouvoir exécutif et bilinguisme à la Cour suprême) et Marie-Hélène Eddie (mobilisation politique, populaire et juridique en Ontario français). À ces articles, s’ajoute une entrevue avec le professeur Sébastien Grammond sur la gestion juridique des identités.

Une seconde partie s’associe à ce dossier, laquelle propose diverses voies d’avenir envisageant un rapprochement des communautés francophones du pays autour d’enjeux, de politiques et d’institutions communes, aussi bien ponctuelles que permanentes. On retrouve dans cette section des articles de Serge Dupuis (comparaison Embrun-Dieppe sur l’affichage bilingue) et Serge Miville et Marc-André Gagnon (festivités de la St-Jean Baptiste). Enfin, le lecteur trouvera deux entrevues, l'une avec Marie-France Kenny, présidente de la FCFA du Canada, l'autre avec le sociologue Jacques Beauchemin, discutant des questions reliées aux rapports qu’entretiennent les Québécois à l’égard du Canada français traditionnel et, par conséquent, avec les francophones hors Québec.

Encore une fois, La Relève se propose, à sa façon, de raviver un débat et un questionnement canadien-français par un dialogue entre les communautés francophones de partout au Canada. À cet effet, nous vous invitons à lire et commenter nos six numéros en ligne au www.journallareleve.com et à y consulter le plus récent numéro (Vol 3, No. 1) qui y sera affiché sous peu. Bonne lecture!

Communiqué du CRCCF à l'Université d'Ottawa

Autres numéros de la Relève à http://bit.ly/y2HKMu