mardi 29 novembre 2011

Désormais : sans le Bloc québécois, qui nous représentera à Ottawa?

Si j’ai appuyé le Bloc québécois le 2 mai dernier, ce n’est certainement pas parce qu’il a mené une bonne campagne. Au contraire, le parti avait trop tenu pour acquis son 40% d’électorat et sa cinquantaine de sièges. La poussée inattendue du Nouveau Parti démocratique a pris les ténors du Bloc par surprise et les a obligés à une remise en question en pleine campagne. La dernière publicité vidéo du Bloc québécois avant l'élection, fort belle, témoignait de cette prise de conscience tardive, de cette perte de contact avec sa raison d’être et avec sa base (http://bit.ly/1krsoBP).

Presque rayé de la carte, le Bloc broie du noir. L’avenir est sombre. Disparaîtra-t-il? Peut-être. Peut-être pas. Mais quoiqu’il advienne, ce ne sera pas uniquement à cause d’une seule campagne électorale mal avisée. Si le Bloc québécois existait depuis 20 ans, c’est qu’il était nécessaire. Depuis 1867, les francophones de ce pays, regroupés très majoritairement au Québec, se considèrent à juste titre comme une nation. Or, dans le cadre du régime politique fédéral, et ce, depuis 1867, les aspirations collectives des Canadiens français n’avaient jamais été représentées au Parlement canadien.

À la base, depuis l’instauration du suffrage universel, chaque électeur vote en faveur d’un candidat qui représente, peu importe son parti, tous les citoyens de sa circonscription. Comme la majorité des citoyens du Canada sont anglophones, la majorité des députés le sont aussi. Rien de plus normal. Ainsi, dans tous les partis pancanadiens, sauf exception (le NPD actuel par exemple), les députés francophones sont minoritaires. Rien de plus normal. Il en résulte cependant que nos revendications collectives, au palier fédéral, seront toujours soumises à l’approbation de la majorité anglophone du Parlement et du pays.

Au Parlement canadien, nous ne contrôlons pas notre sort collectif. On peut demander, négocier, menacer… mais pas décider. Cette prérogative appartient à la majorité. Rien de plus normal. Quand francophones et anglophones sont d’accord, tant mieux. Quand ils le ne sont pas, les Anglo-Canadiens décident. Rien de plus normal. C’est ainsi que fonctionne la démocratie. Le Québec, seul gouvernement à majorité francophone, peut incarner les aspirations collectives dans sa juridiction (et encore…) mais à la table fédérale-provinciale, il n’est qu’un sur onze. Sur la scène internationale, presque rien.

Depuis 1867, la discrimination, voire la persécution, dont les francophones ont été victimes dans les provinces à majorité anglophone a fait son œuvre. Érodée, la vieille nation canadienne-française est devenue aujourd’hui, par la force des choses, québécoise. Le Québec est devenu un État national, reconnu récemment par les Communes, et peut réclamer à ce titre le droit d’exprimer les aspirations nationales des Québécois (et un peu aussi des francophones limitrophes). Les partis fédéralistes à Québec incarnent ces aspirations tout autant que les partis souverainistes, les premiers dans le cadre du régime canadien, les seconds dans le cadre d’une éventuelle souveraineté-association.

Si le Québec réalise son indépendance, le grand enjeu national est plus ou moins réglé. Mais tant que les Québécois accepteront de vivre dans le régime fédéral, la question de la représentation « nationale » des Québécois – et des francophones des autres provinces – au Parlement canadien continue de se poser. À titre de nation, nous pouvons revendiquer l’égalité, nous sommes « une de deux », même si nous restons minoritaires sur le plan démographique. Mais cette égalité binationale, les formations politiques traditionnelles ne l’ont jamais reconnue et ne la reconnaîtront jamais à moins d’une menace de rupture imminente du pays.

Le Bloc québécois a incarné, à l’instar des autres partis, les attentes et les besoins de tous les électeurs des circonscriptions qu’il représente. Ses députés ont participé comme tous les autres au processus parlementaire. Ils ont défendu leurs dossiers dans tous les secteurs de juridiction fédérale : économie, environnement, fiscalité, relations internationales, etc. Mais ils l’ont fait en français, et ils ont fait valoir la position qu’auraient prise les Québécois, eussent-ils été en mesure de décider. Ils acceptent, à Ottawa, d’œuvrer loyalement dans l’Opposition tant que le régime ne changera pas. C’est une position tout à fait réaliste.

L’illusion, c’est de croire que la présence de trente, cinquante ou même soixante députés québécois au sein du Parti conservateur, du Parti libéral ou du NPD donnera aux Québécois et aux francophones un droit de décision additionnel. L’expérience du passé démontre le contraire. Jusqu’aux années soixante, jusqu’à la menace « séparatiste », les députés et ministres québécois jouaient largement des rôles subalternes. Ils n’occupaient pas les leviers du pouvoir. Ceux qui émergé depuis – Trudeau, Chrétien, Mulroney, etc. – n’ont fondamentalement rien changé au régime.

Le choix du 2 mai, pour moi, était le suivant : élire des députés fédéralistes obligés de composer avec une majorité anglo-canadienne ou élire des députés du Bloc qui seraient libres de nous défendre, individuellement et collectivement, et de faire la promotion de points de vue qui émanent de notre collectivité. Nous sommes différents et avons pleinement le droit d’exprimer cette différence au Parlement canadien. Si cela peut sembler irritant et un peu dysfonctionnel, tant pis. Nous concédons aux autres le pouvoir auquel ils auraient droit de toute façon, étant majoritaires, et nous contentons pour l’instant de participer avec honneur et dignité à un régime qui finira par se transformer… ou que nous quitterons.

Si tout cela semble bien abstrait, je vous convie au prochain débat important qui opposera le Québec au reste du pays, ou opposant les francophones à la majorité anglo-canadienne. Quand le gouvernement en place – qu’il soit conservateur, libéral ou néo-démocrate – nous opposera une fin de non-recevoir, il dira au Québec : voyez, nous avons sur nos bancs des dizaines de députés que vous avez élus sous notre bannière. Ils ont la même légitimité que les députés de l’Assemblée nationale du Québec. Trudeau, Chrétien et les autres ont fait ça souvent depuis les années soixante.

Avec une majorité de députés du Bloc québécois aux Communes, ils n’avaient plus ce luxe. De plus, le gouvernement avait devant lui un groupe québécois qui s’exprimait librement au lieu de servir d’écho ou d’estampille aux décisions ministérielles. Et le Bloc s’exprimait en français. Pour la première fois peut-être, la Chambre des Communes est devenue véritablement bilingue... et biculturelle. Elle l’est moins depuis le 2 mai. Qu’on le veuille ou pas, le débat sur l’avenir du français et sur le statut du Québec au sein de la Confédération restera fondamental mais il traîne en longueur et personne ne semble voir la lumière au bout du tunnel. L’usure qu’il engendre est celle qui a miné le Bloc… et qui menace le PQ.

La vague orange a semblé un moment entrouvrir des portes qui étaient fermées. Un espoir de changement, avec le fédéralisme asymétrique proposé par Jack Layton. Mais les bonnes intentions du regretté Jack seront sans doute très vite rappelées à l’ordre par une majorité anglo-canadienne pour qui la moindre concession au Québec est toujours une concession de trop. Il n’y aura même pas de lune de miel.

Avec le gouvernement actuel, c’est le retour en force de l’unilinguisme anglais, la résurrection des traditions royalistes britanniques et l’affirmation de valeurs sociales et économiques qui nous sont étrangères. Le Bloc a beau être au purgatoire depuis le 2 mai, il reste plus que jamais pertinent. Les problèmes qui ont suscité sa création demeurent, et les élus qui ont remplacé les députés bloquistes occupent une position affaiblie. Le malheur, c’est qu’il nous faudra peut-être quelques années pour nous en rendre pleinement compte.

J’ai appuyé le Bloc parce qu’il est essentiel. Parce que comme Québécois francophone originaire de la capitale canadienne, comme ancien militant des causes franco-ontariennes, je m’y reconnais. Parce que sur la scène fédérale, le Bloc correspond le mieux aux aspirations pacifiques et social-démocrates de notre petite nation en devenir et en péril. Sans lui, qui «nous» représentera à Ottawa en attendant, comme peuple, de pouvoir faire mieux? Il ne faut surtout pas retourner une fois de plus à la case départ! Au rythme actuel de l’érosion de nos effectifs et de notre culture, le temps commencera très bientôt à manquer.

mercredi 23 novembre 2011

Pierre Vadeboncoeur : «Nous avançons presque sans armes depuis deux siècles»

Caricature de moi, barbu, cheveux longs, au Conseil confédéral de la CSN, aux alentours de 1971 ou 1972, par Pierre Vadeboncoeur. Il n'était pas toujours sérieux...
-------------------------------------------------
Dans le tumulte du monde syndical, au début des années 1970, Pierre Vadeboncoeur fut pour plusieurs un repère, un phare dans la tempête. Ses réflexions sur la société, la religion et sur l'avenir du Québec conservent aujourd'hui tout leur intérêt. Le texte ci-dessous a été écrit dans le sillage de la crise d'octobre, sous Bourassa et Trudeau, avant la révolution technologique de l'Internet, mais permet de jeter un regard critique sur le Québec d'aujourd'hui.


« Il est admirable que nous soyons, par habitude historique, ainsi que des Français bavards et bons vivants devant l'occupant martial, odieux et impudent, d'incorrigibles provinciaux. Peuple instable et politiquement peu conséquent, auquel le premier ministre ne ressemble pas plus qu'un dieu apporté d'outre-mer à des aborigènes. Ce peuple ne ressemble guère à d'autres, si ce n'est pas emprunt. Je crois que s'il vient à réussir, il restera d'abord une sorte de témoin de l'inassimilation et persistera d'une certaine façon à ne pas faire les choses comme les autres, à les faire plus mal ou mieux que d'autres. On le verra longtemps plus ignorant, moins sérieux, plus humain, plus sensible, moins habile, moins présomptueux, moins volontaire, plus rieur, plus artiste, plus vrai, plus ordinaire, plus rare que d'autres, et dépassant par un côté simplement humain la hauteur avantageuse et risquée d'autres peuples.

À moins que nous ne nous corrompions beaucoup et à la condition de nous maintenir dans l'histoire, nous aborderons d'une manière profondément particulière, avec l'insoupçonné que gardent toujours en eux les peuples pauvres, des temps trompeurs. Nous avancerons vers l'époque qui commence, porteurs de certains des secrets d'un avenir plus lointain qu'elle. Chose probable en tout cas, nous nous y trouverons circonscrits en nous-mêmes, voués à la différence, comme aucune population d'Amérique du Nord, par des lois organiques d'une croissance nécessairement autonome, réduits en effet à la nécessité d'être, donc d'être différemment, dans un cadre spécial, pour une autre entreprise.

Nous garderons, il me semble, ce sens qui dans l'histoire nous ramena toujours au centre de nous-mêmes, cette direction vers l'intérieur. Ce sera très étrange, notre identité.

Comme des humiliés, comme des simples, devant des peuples forts, nous avançons presque sans armes depuis deux siècles, inhabitués aux armes, habitués à la paix, réfractaires à la contrainte, convaincus d'un droit, imperméables aux raisons, négateurs du privilège du prince, aussi réfugiés que libres, aussi placides que différents, dans un éloignement psychologique aussi grand que l'éloignement géographique et historique dans lequel nous vécûmes.

Nous sommes encore en nous-mêmes un peuple du bout du monde. Nous sommes entre nous, comme dans le dernier des villages. Les courroies de transmission qui nous articuleraient à un monde étranger et bien organisé par d'autres ne trouvent pas en nous les rouages pour lesquelles elles sont faites. Nous sommes ce qu'il y a de plus contraire à l'étranger et il n'existe peut-être pas de peuple au monde qui ait, au point où nous l'avons, le sentiment que tout ce qui n'est pas lui-même est étranger.

L'échec du Canada comme pays tient à ce que cette identité ne peut guère se marier à d'autres et qu'on ne trouve pas en nous cet homme abstrait et universel sur lequel l'école fonctionnaliste, par exemple, fonde sa politique. Il n'y a pas encore eu moyen de nous placer quelque part dans une organisation harmonieuse et féconde avec d'autres, soit dans le pays politique, soit dans des associations privées, soit dans le monde des lettres, et nous avons, comme aucun peuple, un monde de conscience étrangement démarqué par notre univers particulier, étrangement distinct et suffisant, un univers moral, un univers social, avec lequel s'établissent mal les communications originant d'ailleurs.

Nous ne sommes pas facilement assimilables et d'autre part nous assimilons généralement mal le produit de l'étranger. La légende du Canadien errant explique la réalité du Québécois fixé chez lui. Même la France ne s'est jamais reconnue chez nous et nous ne retrouvons pas notre image au milieu des Français. La France est une nation à un plus haut degré qu'elle n'est un peuple, mais nous, nous sommes un peuple avant tout.

Ce sentiment d'identité nous perdra s'il ne nous sauve; et dans un monde où nous n'aurions pas réussi à établir notre souveraineté politique, notre identité nous tirera comme un boulet. »

Pierre Vadeboncoeur, extrait du livre Indépendances, 1972.

mardi 22 novembre 2011

Dernière édition du 22 novembre 1963

Tout le monde qui a mon âge (65 ans) se souvient de ses allées et venues en ce vendredi 22 novembre 1963. J'assistais à un cours de classiques grecs, à la fac. des sciences sociales de l'Université d'Ottawa, vers 13 h ou 13 h 30, quand la nouvelle de l'attentat contre Kennedy s'est propagée comme une traînée de poudre.

La salle de classe s'est vidée malgré les protestations du prof et tous se sont dirigés vers la bibliothèque, où il y avait une télé. En arrivant à la maison (je demeurais à Ottawa à l'époque), à l'heure du souper, j'ai vite jeté un coup d'oeil à la dernière édition du journal, comme la majorité des citoyens de la région. Parce qu'à cette époque - je ne sais pas comment c'était ailleurs - nous recevions notre journal quotidien en fin d'après-midi. Il était livré par des enfants, après l'école, et contenait les actualités du jour, jusqu'en début d'après-midi.

Quand j'ai été embauché comme journaliste au Droit en juin 1969, le directeur de l'information m'attendait avec impatience. Personne ne m'avait dit d'entrer à 8 heures, et je me suis présenté au poste à 9 h... Le photographe, un type bourru, ancien policier de la PP à Duplessis, m'attendait avec une égale mauvaise humeur parce que mon affectation était à 9 h 30 en banlieue. J'ai appris en chemin qu'on couvrirait la première pelletée de terre de l'autoroute 417, qui ferait dans quelques années la jonction avec la 40 vers Montréal.

En revenant vers 10 h 30, même branle-bas de combat dans la salle des nouvelles. Bruit infernal de dizaines de machines à écrire. Vite, Allard, on attend ton texte pour 11 h 30. Deux feuillets et que ça saute! À quelques minutes de la tombée, il arrivait qu'un chef des nouvelles arrache le feuillet complété de la machine à écrire pour l'apporter au « pupitre » où se faisait le montage des pages pour la dernière édition. L'ambiance fébrile durait quelques heures, puis la salle des nouvelles reprenait son cheminement routinier vers la première édition du lendemain.

Le matin, dans la salle de rédaction, c'était toujours une course contre la montre. Les jeunes journalistes apprenaient non seulement à couvrir l'actualité, mais aussi à travailler très vite, sous pression, devant parfois improviser des textes qu'un collègue prenait en dictée au téléphone. Cela fait maintenant partie du folklore au Québec. Les journaux de l'après-midi n'existent plus. Les lecteurs du Droit avaient lu sur l'assassinat de Kennedy, l'attentat contre Jean-Paul II, l'explosion de la navette Challenger, le jour même de l'événement.

Quand Le Droit a publié sa dernière « dernière édition » le vendredi 15 mai 1987 et s'est transformé complètement en journal du matin le lundi 5 octobre de la même année (j'étais alors rédacteur en chef), notre presse écrite a perdu une partie de son âme. Nous étions le dernier... tous les autres publiaient déjà le matin.

Pierre Allard

vendredi 18 novembre 2011

De l'église St-François d'Assise à la Loi 101...

L'église St-François d'Assise, que vous voyez ci-contre, fut l'église paroissiale de mon enfance à Ottawa. La structure actuelle célébrera d'ailleurs dans quelques années son centenaire. Ses deux clochers sont visibles à des kilomètres de distance et rappellent encore aujourd'hui une époque où, autour d'eux, résidait une vibrante communauté franco-ontarienne de quelques milliers d'âmes. Un grand village francophone dans l'ouest d'une capitale unilingue anglaise.

Quand j'étais petit, dans les années 1950, on nous disait que la langue française était gardienne de la foi catholique. En rétrospective, je crois qu'il serait plus juste de dire que la religion, et notamment l'église paroissiale, était la gardienne de la langue française. Du moins chez nous. Sans doute ailleurs aussi. Notre petite Loi 101 bien à nous, en quelque sorte.

Il faut comprendre qu'à Ottawa tout ce qui avait un caractère officiel se déroulait essentiellement ou uniquement en anglais. Il n'y avait pas d'écoles françaises publiques, seulement des écoles bilingues, et encore seulement à l'élémentaire. L'hôtel de ville d'Ottawa était un bastion de francophobie. Les services publics en français? La police, les tribunaux? N'y pensez pas. À Ottawa, il n'était pas rare de se faire traiter de frog ou de se faire dire Speak white. Mais il y avait notre petit quartier - St-François d'Assise-Mechanicsville - où à peu près tout le monde parlait français et où l'église paroissiale constituait le seul lieu public qui soit nôtre.

Parce que l'église, ce n'était pas seulement la messe du dimanche. Le sous-sol de l'église et le centre communautaire adjacent étaient des lieux de rassemblement pour la communauté et pour les nombreuses organisations paroissiales... y compris la St-Jean-Baptiste et l'ancien Ordre de Jacques-Cartier (la Patente). Bien sûr, tout s'y passait en français. C'était notre espace public francophone, le reflet institutionnel de notre existence comme petite société francophone. J'ai retrouvé dernièrement une liste d'adresses postales des paroissiens de St-François d'Assise du début des années 1960 : entre la rue Wellington au sud (où est située l'église) et la rivière des Outaouais au nord, on aurait pu se croire dans une petite municipalité québécoise.

Aujourd'hui, un demi-siècle plus tard, la communauté est disparue. Il ne reste que quelques familles et des souvenirs éparpillés. Depuis les années 1960, l'église s'est vidée pour des motifs que tous connaissent. Le gouvernement fédéral a construit à la même époque un complexe massif d'édifices gouvernementaux dans l'ancien pré de M. Tunney, adjacent à Mechanicsville, modifiant à jamais le tissu social et le parc résidentiel des environs. Les blocs d'appartements ont remplacé les maisonnettes anciennes et plusieurs de celles qui ont survécu sont des taudis. Quelques rues subsistent en ayant gardé l'air de l'époque. Il y a encore des francophones, mais entre l'assimilation et les départs, il n'y a plus de collectivité francophone. Seule reste l'église, un monument à ce qui fut et ne sera plus.

En 1975, j'ai plié bagages et élu domicile au Québec, refusant que mes enfants (qui n'étaient pas encore nés) aient à lutter quotidiennement pour conserver leur langue dans un milieu largement hostile. Aujourd'hui, après plus de 35 ans à Gatineau, je commence à ressentir ce que je pressentais dans les années 1960 et 1970 à Ottawa. Le français est maintenant menacé au Québec, particulièrement ici en Outaouais et dans la métropole. Même le spectre des écoles bilingues, que les Franco-Ontariens ont mis aux poubelles depuis longtemps, a resurgi au Québec (!!!) avec l'intention annoncée par Jean Charest de soumettre les enfants à un apprentissage intensif de l'anglais en 6e année. Dans plusieurs commerces, on peine à se faire servir en français.

La Loi 101, comme mon ancienne église, a été créée par une société francophone en plein essor qui avait la volonté de s'affirmer et de faire respecter sa langue et sa culture chez soi. Les clochers de St-François d'Assise sont plus qu'un symbole de ce qui fut. Ils servent à nous avertir de ce qui pourrait arriver ailleurs. Il ne faudrait pas qu'un jour, la Loi 101 soit elle aussi le clocher d'une église vide.

Pierre Allard


mercredi 16 novembre 2011

Raymond Lemery, 1957-2011

Avis de décès

Raymond Lemery


Les familles Lemery et Fleury ont eu le regret d'annoncer le décès de M. Raymond Lemery décédé le 9 novembre 2011, à l’âge de 54 ans. Époux de Lise Fleury, il était le fils de feu Armand Lemery et de feu Thérèse Gaudreau. Outre son épouse, il laisse dans le deuil ses filles: Marie-Josée (Ante Laurijssen) et Janie (Patrick Mongeon); son frère André (Suzanne Lapointe) et ses soeurs: Micheline (feu Michel Massé), Claire (Denis Quinn), Louise (Raymond Lemieux), Ginette (Pierre Allard), Marthe (Guy Nantel) et Claude-Sylvie (Claude Beauregard). Il laisse également ses beaux-parents Telmon Fleury et Pauline Bertrand; ses beaux-frères: Yvon (Joane Desfossés), Denis (Ginette Crête) et Jean (Lise St-Laurent) ainsi que plusieurs neveux, nièces, cousin(e)s, parents et ami(e)s. Il reposait le mardi 15 novembre 2011 de 14 h à 17 h et de 19 h à 21 h au salon de la COOPÉRATIVE FUNÉRAIRE DE L’OUTAOUAIS située au 95, boul. Cité-des-Jeunes à Gatineau (secteur Hull). Le service religieux a eu lieu le lendemain mercredi 16 novembre 2011 à 11 h en l'église St-Joseph sise au 245, boul. St-Joseph à Gatineau. Raymond a fait carrière au sein de Wallack's Art Supplies à titre de vice-président à Ottawa et en tant que copropriétaire à Gatineau ainsi qu'à Hull pendant plus de vingt-cinq ans; il laisse donc également dans le deuil plusieurs collègues et confrères de travail. Vos marques de sympathie peuvent se traduire par un don à la Fondation des maladies du coeur.


mercredi 9 novembre 2011

Extrait des débats de la Chambre des communes du vendredi 4 novembre 2011

Échange entre Denis Coderre et le ministre John Baird. Intéressant.


Le vérificateur général + -

prochaine intervention intervention précédente [Table des matières]

Monsieur le Président, il est de plus en plus clair que les conservateurs, en tripotant le processus pour proposer un vérificateur général anglais, viennent de bafouer une des valeurs fondamentales de notre pays. Lorsqu'on dit qu'il est essentiel comme condition d'embauche pour le poste de vérificateur général de parler l'anglais et le français, on ne parle pas d'un atout, on parle d'une condition sine qua non. Cela fait partie des compétences. Si on n'est pas bilingue, on n'a pas l'emploi.

Le premier ministre va-t-il reconnaître que le gouvernement a erré dans son processus vicié et que, ce qu'il lui reste à faire, c'est recommencer à zéro pour avoir un vérificateur général bilingue?

prochaine intervention intervention précédente [Table des matières]

Monsieur le Président, on a choisi le meilleur candidat qui s'est présenté pour l'emploi de vérificateur général. Ce candidat avait de bonnes qualifications. Il va faire un bon travail.

[Traduction]

Ce qui est de plus en plus clair, c'est que le Parti libéral veut se servir de cette question pour diviser les Canadiens. Cette personne s'est engagée à apprendre notre deuxième langue officielle, et nous devrions en être très fiers.

[Français]

prochaine intervention intervention précédente [Table des matières]

Monsieur le Président, ce processus vicié a maintenant des répercussions dans le bureau même du vérificateur général du Canada. J'apprends à l'instant que M. Michel Dorais, un des membres externes du comité de vérification et haut fonctionnaire pendant de plus de 30 ans, vient de déposer sa démission en disant: « Je ne peux continuer à siéger [...] en acceptant que le prochain vérificateur général ne rencontrera pas dès son entrée en fonction l'une des compétences jugées essentielles pour ce poste ». Michel Dorais s'est battu toute sa vie professionnelle pour que la fonction publique soit bilingue.

Qu'est-ce que les conservateurs attendent pour respecter l'ensemble des Canadiens et Michel Dorais en tant que personne bilingue?

+ -(1125)

[Traduction]

prochaine intervention intervention précédente [Table des matières]

Monsieur le Président, le gouvernement appuie sans réserve le principe des deux langues officielles en vigueur dans notre grand pays. Nous sommes heureux de constater que le meilleur candidat retenu pour le poste a accepté d'apprendre le français.

Ce qui est intéressant, c'est la mentalité de deux poids, deux mesures du Parti libéral. Lorsque le dernier premier ministre libéral, Paul Martin, a nommé un anglophone unilingue au poste de ministre des Finances, le député s'est-il insurgé contre cette décision? Non. Il s'est totalement rallié à lui. S'il est acceptable qu'un ministre des Finances soit un anglophone unilingue, pourquoi est-ce inacceptable dans le cas du meilleur candidat retenu pour occuper le poste de vérificateur général et qui s'est engagé à apprendre le français?

[Français]

prochaine intervention intervention précédente [Table des matières]

Monsieur le Président, on ne veut pas un vérificateur général du gouvernement, on veut un vérificateur général pour le Parlement et pour l'ensemble des Canadiens.

[Traduction]

Nous apprenons maintenant qu'un des deux membres indépendants du comité de vérification interne du BVG, Michel Dorais, un ancien sous-ministre et distingué fonctionnaire comptant plus de 30 années d'ancienneté, a remis sa démission ce matin. Pourquoi? Parce que, pour lui, le bilinguisme n'était plus une question de convenance ou de communication, mais plutôt une question de compétence.

J'ai sa lettre en main. Fini les excuses. Il faut que le premier ministre se ressaisisse et qu'il lance un nouveau processus de sélection. C'est ce que veulent les Canadiens. Va-t-il les écouter?

prochaine intervention intervention précédente [Table des matières]

Monsieur le Président, nous pouvons compter sur un nouveau vérificateur général. Il connaît la valeur de nos deux langues officielles et s'est engagé à apprendre le français, ce qui est extrêmement important.

Quatre-vingts pour cent des Canadiens ne sont pas bilingues. Ils ont tout de même un rôle à jouer dans notre société. Cette personne s'est engagée à apprendre le français, mais, encore une fois, il existe une règle pour la fonction publique et une autre pour le Parti libéral. Les libéraux étaient bien contents de pouvoir compter sur un anglophone unilingue qui, malgré ses 30 années d'ancienneté au Parlement, n'avait jamais appris le français. Pourtant, le Parti libéral préconise une règle pour ses membres et une autre pour les Canadiens.

mardi 8 novembre 2011

L'assimilation à l'Université d'Ottawa, vue par le journal étudiant La rotonde en 1968.

J'ai conservé ce numéro de La rotonde, publié le 24 octobre 1968, à une époque où une mince majorité des étudiants était francophone (aujourd'hui c'est autour de 30%)...

Le message est clair, et reste d'actualité.