mardi 31 décembre 2013

Mes éditoriaux dans Le Droit. Juillet à décembre 2013.

Mes éditoriaux dans le quotidien Le Droit, de juillet à décembre 2013. Avec une citation de chacun.

vendredi 12 juillet
Un pape qui bouscule

«Après huit années de pontificat, personne n’avait oublié que Benoît XVI s’appelait Joseph Ratzinger. Or, quatre mois à peine après l’élection de son successeur, Jorge Mario Bergoglio s’efface déjà de la mémoire collective. L’ancien cardinal de Buenos Aires est devenu, aux yeux de tous, entièrement et irrévocablement, le pape François.»

jeudi 18 juillet
L'archidiocèse incomplet

«S’il existe encore un brin de décence politique dans l'édifice ecclésiastique canadien, on complétera le cinquantenaire de l’Archidiocèse de Gatineau en lui remettant ce qu’il aurait dû obtenir dès sa fondation en 1963 : l’autorité sur le Pontiac. Mgr Durocher n’a qu’à en faire vigoureusement la demande. L’Assemblée des évêques du Québec l’appuiera, et la Conférence des évêques catholiques du Canada n’aura pas d'argument valable à lui opposer, autre que les cris des Anglo-Pontissois et du diocèse de Pembroke. Les cris de ceux qui n’ont jamais fait de quartier à leurs concitoyens de langue française…»

mardi 23 juillet
Réponse décevante

«Selon (Graham Fraser), ces employés (de la Défense nationale) "conserveraient leur droit de travailler en français" et le ministère aurait toujours l’obligation de permettre au personnel d’utiliser l’une ou l’autre des deux langues officielles. M. Fraser divague-t-il ? Il doit savoir que ce "droit" n’existe pas, dans les faits, et que l’immense majorité des francophones sont obligés de travailler en anglais dans la région de la capitale fédérale…»

mercredi 24 juillet
Égalité non négociable!

«Que l’Église catholique interdise le sacerdoce aux femmes est regrettable, mais nous n’y pouvons rien. Il est malheureux que l’Islam traite les femmes et les hommes différemment dans ses pratiques internes, mais cela ne concerne que les musulmans. Sur la place publique, cependant, dans nos lieux citoyens, au gouvernement, devant les tribunaux, l’égalité de l’homme et de la femme n’est plus négociable. Et si, pour l’assurer, il faut accentuer et enchâsser les principes de laïcité, qu’on le fasse. L’égalité reste la pierre d’assise.»

mardi 30 juillet
Un revers majeur!

«Trois des quatre juges ayant signé cette décision malodorante, y compris l’auteur du jugement, le Québécois Richard Wagner, ont été nommés par Stephen Harper, et deux d’entre eux, les juges Moldaver et Rothstein, ont été critiqués pour leur unilinguisme anglais. Pour ce seul motif, ils auraient dû être écartés de la cause. S’ils ne peuvent comprendre le français sans interprète, ils sont incompétents ici. L’ère Harper s’amorce à la Cour suprême et pour les francophones, la tenue de combat semble désormais indiquée. Cette cour, eut-elle été appelée à trancher, n’aurait pas sauvé Montfort !»

samedi 10 août
Volonté de résistance

À Ottawa, «nos quartiers ont été décimés. Maintenant disparaîtront, une à une, des pièces importantes du patrimoine bâti, témoins de notre présence. Il est temps que les francophones montent aux barricades s’ils ne veulent pas que tombent sous le pic des démolisseurs, dans une relative indifférence générale, des édifices tels que l’Union du Canada et l’église St-Charles. Ce n’est pas Montfort mais la cause est bonne. Reste-t-il quelque volonté de résistance ?»

mardi 13 août
Le sort du Sénat

«Si l’on s’en tient aux textes constitutionnels, on ne voit pas pourquoi le gouvernement fédéral ne pourrait pas, en principe, rayer le Sénat de la carte sans consulter les provinces. En 1968, Québec avait aboli son Sénat provincial (le Conseil législatif) sans avoir besoin d’une autorisation d’Ottawa.»

vendredi 30 août
Gestes citoyens

«Une question pour tous, toutes : à quand remonte votre dernier "geste citoyen"? Quand, pour la dernière fois, avez-vous posé un geste volontaire comme citoyen d’une municipalité, d’une région, d’une province, d’un pays, ou même de la planète ? On entend, partout, des gens "chialer" contre politiciens et gouvernements, mais se plaindre en privé ne constitue guère une activité citoyenne.»

Tunney's Pasture ou «le port»?

Si OC Transpo (transport en commun d'Ottawa) avait consulté quelques historiens ou effectué une véritable recherche, on aurait vite appris que le secteur que les anglophones appellent Tunney’s Pasture avait un nom français bien à lui depuis une centaine d’années au moins. Pour la communauté francophone adjacente de Mechanicsville, l’ancien pâturage de M. Tunney, c’était "le port".»

vendredi 6 septembre
Justice élémentaire

«Si, à la rentrée scolaire, le gouvernement de Pauline Marois avait annoncé que les étudiants anglo-québécois seraient désormais appelés à fréquenter des universités bilingues administrées par la majorité francophone, le pays tout entier aurait crié au meurtre ! Mais que les Franco-Ontariens soient toujours dans l’obligation de quémander un accès élargi à des programmes postsecondaires en français, ainsi que leur gouvernance, cela ne semble émouvoir personne !»
  samedi 21 septembre
Et dans votre cour?

«À Queen’s Park, cette semaine, les députés ont tiré plus vite que leur ombre contre le Québec (charte des valeurs), mais continuent de se traîner royalement les pattes quand vient le temps de régler les dossiers de leur propre minorité de langue officielle. Redresser les injustices historiques envers les Franco-Ontariens est un processus lent et interminable. À chaque étape, c’est comme arracher une dent à une majorité qui trouve qu’elle a déjà trop consenti. Le Québec est une cible bien plus facile…»

Les longs couteaux

«Le grand allié du Québec dans ce dossier (création d'un organisme pancanadien de réglementation des valeurs mobilières), l’Alberta, évalue présentement ses positions. Prépare-t-on une nouvelle version de la nuit des longs couteaux où le Québec risque de se retrouver seul à protéger les compétences provinciales dans une fédération de plus en plus centralisée ? Il faut le craindre.»

vendredi 18 octobre
Automne historique

«Depuis les années 1960, il a fallu des crises politiques majeures et des décisions judiciaires à caractère constitutionnel pour arracher la gouvernance des écoles primaires et secondaires de langue française aux gouvernements des provinces à majorité anglophone, y compris l’Ontario. Les collèges ont suivi sur le tard. Que l’universitaire échappe toujours au contrôle de la collectivité franco-ontarienne témoigne à la fois de la complexité du secteur et de la puissance de la résistance au changement.»

vendredi 25 octobre
Un petit pas

«Au risque de casser les oreilles de ceux qui sont las de l’entendre, les Franco-Ontariens ont fait le diagnostic du bilinguisme en éducation depuis un demi-siècle et ont conclu, sans nuances, au caractère essentiel d’institutions homogènes françaises. Cela s’est fait d’abord au primaire et au secondaire, puis au collégial. Il ne reste que l’universitaire où la gouvernance échappe aux Franco-Ontariens, et la collectivité francophone de l’Ontario est en droit de s’attendre que son gouvernement adopte immédiatement une position de principe là-dessus.»

samedi 9 novembre
«Notre» Commissaire...

«Si jamais il a existé dans ce pays un titre mal choisi, c’est bien celui de Commissaire aux langues officielles. En effet, dans son plus récent rapport, rendu public jeudi, Graham Fraser vient de démontrer une fois de plus qu’en dépit de tous les enrobages terminologiques, sa fonction réelle est celle d’un Commissaire à la protection et à la promotion de la langue française au Canada. Et que, peu importe le nom dont on l’affuble, il mène pour le moment un combat perdant.»

mercredi 20 novembre
Le sabordage

«Dans le fracas qui continue de marquer le parcours du projet de loi péquiste sur la laïcité et la neutralité religieuse de l’État, la décision du gouvernement Marois de saborder ce qui restait du du projet de loi 14 modifiant la Charte de la langue française est passée relativement inaperçue. Et c’est dommage, parce que la Loi 101, adoptée en 1977, charcutée par les tribunaux, usée par l’inaction, avait besoin d’une mise à jour.»

vendredi 29 novembre
Le dollar avant l'humain

«La philosophie qui vise à transformer par à-coups la fonction publique fédérale en outil du secteur privé étend maintenant ses tentacules sur tous les continents. La carte du monde n’est plus composée de pays et d’humains mais de vulgaires marchés, colorés selon la priorité perçue pour l’économie canadienne. Avis aux nations de la planète : le Canada, déjà très riche, a établi comme priorité de s’enrichir davantage. Vous savez à quoi vous en tenir.»

La force du nombre

«Une solide majorité des étudiants au postsecondaire de langue française étudient dans la capitale fédérale. Et plus de la moitié des finissants au secondaire franco-ontarien qui choisissent de poursuivre des études universitaires en français continuent de s’inscrire à l’Université d’Ottawa. C’est ici, dans la capitale, que l’on doit ancrer le projet d’université franco-ontarienne !»

vendredi 13 décembre
Livres au rebut

«Si le gouvernement Harper brûlait des livres sur la place publique, on assisterait à une véritable levée de boucliers à travers le pays. Mais fermer ou amputer des bibliothèques spécialisées dans certains ministères en mettant au rebut des milliers de volumes et documents, cela passe largement inaperçu dans les milieux politiques et médiatiques. Et quand on finit par s’en apercevoir, il est souvent trop tard pour réparer les dégâts..»

Bravo!

«Le gouvernement Wynne (vient de) consacrer l’indépendance du Commissaire (aux services en français), qui devient un officier de la législature. Son autorité relève maintenant de la population ontarienne et non du parti au pouvoir, quel qu’il soit. M. Boileau (le Commissaire) a raison : c’est une avancée historique.»

jeudi 26 décembre
La francophobie

«La francophobie existe et elle est bien vivante au Canada. Elle se fonde sur des mensonges historiques qui, à force d’être répétés, ont fini par devenir des certitudes pour ceux qui les colportent. Ici, francophones (indépendantistes comme fédéralistes) et francophiles doivent faire front commun.»

samedi 28 décembre 
La Guerre de 1914

«Aura-t-on de nouveau droit à un exercice boiteux de propagande, ou se donnera-t-on la peine, cette fois, de présenter la participation du Canada à la Guerre 14-18 en tenant compte du vécu de chacune des deux solitudes du pays ? Aura-t-on le courage et l’intégrité de sortir des ornières du discours monarchique-militaire pour présenter les deux côtés de la médaille ?»

Nom à vendre...

«Les citoyens de Gatineau et du Québec payeront la totalité de la facture de 63,5 millions $ pour construire le nouveau domicile des Olympiques et n’auront même pas le loisir de le nommer ! On accordera ce privilège à un commanditaire privé qui versera tout au plus quelques centaines de milliers dollars par an… Que le public qui a tout payé décide de l’identité !»