Ainsi des membres du « Unity Group » de Montréal (renforcés par un contingent de Toronto et de l'Outaouais) viendront manifester à Gatineau, la semaine prochaine, pour dénoncer l'employé de l'hôpital de Hull qui avait récemment ordonné à un patient anglophone très malade de lui parler français. La citation rapportée dans le quotidien Le Droit est celle-ci : « Parles pas en anglais ici. On est au Québec. Parle-moi en français. »
Je n'ai pas l'intention de défendre le comportement de cet employé. S'il s'avère, après une enquête que je souhaite diligente, qu'il a vraiment agi ainsi, je souhaite qu'on lui impose une sanction conforme à la gravité du geste commis. Le patient en question, atteint d'un cancer en phase terminale (il est décédé aujourd'hui, vendredi 1er novembre), n'avait surtout pas besoin d'un sermon « linguistique ». Il avait le droit d'être servi dans sa langue, et à ce chapitre, le Centre de santé et des services sociaux de Gatineau (CSSSG), dont l'hôpital de Hull fait partie, a un dossier exemplaire.
Cela dit, je trouve agaçante l'attitude du « Unity Group » qui s'amène ici avec ses gros sabots pour dénoncer un incident isolé qui ne reflète aucunement la situation générale en Outaouais, où les anglophones sont bien mieux traités que les Franco-Ontariens de l'autre côté de la rivière. S'il fallait que les membres du « Unity Group » s'intéressent aux injustices linguistiques en général dans ce beau et grand bilingue pays, ils passeraient leur temps en avion, en autobus et en voiture dans les provinces à majorité anglophone où les parlant français peinent, année après année, à obtenir une gamme relativement complète de services publics dans leur langue.
Mais non, ils s'amèneront à Gatineau où je leur souhaite un accueil des plus froids, à la mesure de leur manque de jugement. Autant je sympathise avec le regretté John Gervais (la victime anglophone de l'incident en question), autant je peux comprendre, sans les approuver, les réactions parfois excessives de francophones qui vivent dans un milieu où leur langue est la plus menacée des deux... même en Outaouais.
Nous avons été habitués au fil des générations à un bilinguisme à sens unique dans la région de la capitale fédérale. Trop souvent, des deux côtés de la rivière, les francophones parlent anglais aux anglophones, et les anglophones ne parlent qu'anglais aux francophones. À Gatineau, l'anglophone qui se présente dans une institution ou un commerce s'adresse normalement en anglais et s'attend à ce qu'on lui réponde dans sa langue. À Ottawa, le francophone dans une situation similaire, quand il ose demander à se faire servir en français, se fait trop souvent répondre Sorry, I don't speak French... et parfois bien pire.
Ça devient enrageant pour les francophones d'ici, à la longue... Mais ça, ça n'intéresse probablement pas le Unity Group... J'ai regardé leur site Facebook, et ils me semblent faire partie de la frange extrémiste anglo-québécoise... le genre d'allié que je ne voudrais certainement pas si j'étais un anglophone de l'Outaouais....
Alors à ces gens, je dirais... informez-vous avant de vous déplacer à Gatineau... Vous avez bien sûr le droit de manifester ici comme tout le monde... c'est un pays libre... mais vous nous excuserez de ne pas applaudir. M. Gervais a malheureusement été obligé de subir, dans les dernières semaines de sa vie, ce que des milliers de francophones avaient vécu avant lui dans des hôpitaux ontariens de cette région. Et quand cela arrive à l'un ou plusieurs des nôtres, il n'y a pas de manchettes dans les médias, et pas de manifestants pour appuyer leurs droits linguistiques...
Vous semblez suggérer par vos paroles et gestes, tant sur le plan linguistique que par rapport au projet de charte des valeurs, que les Québécois francophones sont intolérants et racistes. Si c'est réellement votre intention, vous avez tort. L'intolérance et le racisme, au Québec et ailleurs au Canada, ce sont les francophones qui l'ont bien davantage subie depuis plus de 200 ans !
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