dimanche 3 novembre 2013

1963... « Les Anglais s'excitent ! »

L'avantage d'avoir 67 ans, c'est que les «ménages» occasionnels dans nos paperasses nous font brasser des «traîneries» vieilles d'un demi-siècle ou plus. Hier soir, en vidant une boîte de documents, je suis tombé sur une édition d'automne 1963 de journal Matric, le bulletin étudiant de l'ancienne école secondaire de l'Université d'Ottawa, que j'ai fréquentée.

Cette édition ne m'appartient même pas, puisque j'avais terminé mon secondaire en juin, cette année-là. Elle appartient à mon frère, d'un an mon cadet. Mais un article m'a fait sourire, étant donné que j'avais moi aussi assisté à l'événement dont il est question comme étudiant en pré-universitaire à l'Université d'Ottawa, en octobre 1963. Il y a donc 50 ans de cela.

Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un journal étudiant bilingue (l'école accueillait des étudiants francophones et anglophones) et que l'auteur de l'extrait du texte que je reproduis est sans doute franco-ontarien. Et pourtant, à lire ce compte rendu, on se rend compte qu'en 50 ans, certaines attitudes anglo-canadiennes anti-québécoises et anti-francophones ont à peine évolué...

L'article parle du match annuel du « panda » entre les équipes de football de l'Université d'Ottawa et de l'Université Carleton (également de la capitale fédérale). Le match de 1963 avait lieu sur le terrain de Carleton, nécessairement, étant donné la tournure vinaigrée des événements... L'article signé Robert Smith s'intitule : « Les Anglais s'excitent ! »

« Samedi le 12 octobre, j'ai vécu une des plus révoltantes expériences de ma vie, lorsque je suis allé à la partie de football alors que les Gee-Gees de l'Université d'Ottawa rendaient visite aux Ravens de l'Université Carleton.

Premièrement, quand mes amis et moi sommes arrivés avec un groupe d'étudiants de l'Université d'Ottawa, les estrades étaient déjà comblées d'étudiants de Carleton. Ceux-ci nous accueillirent en nous criant des insultes telles que « The frogs are coming ! »

À la toute fin du deuxième quart, une centaine d'étudiants portant les vestes rouges de Carleton arrivèrent en courant sur le champ, brandissant un grand drapeau aux fleurs de lys de la province de Québec. On ne savait pas ce qui se déroulait alors.

Peu après, un élève se promenait avec le drapeau québécois en flammes. Aussitôt, une foule de garçons de nos facultés dévalèrent les estrades et s'élancèrent à la poursuite du groupe de Carleton qui prenait visiblement plaisir à cette insulte magistrale.

Plusieurs autres étudiants vinrent aider leurs confrères. Des batailles ici et là éclatèrent jusqu'à la fin de la joute.

Peu après qu'on eut mis feu au drapeau du Québec, on entendait des cris d'encouragement venant de la partie des estrades résrvée aux étudiants de Carleton. On était dégoûté de voir ça... »

Voici la caricature qui accompagnait le texte :



Comme quoi l'initiation politique, pour un jeune francophone, peut parfois commencer sur un terrain de football à Ottawa...

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