Enfin, passons... nous sommes habitués... Il reste que l'élection de Maxime Pedneaud-Jobin à la mairie de Gatineau constitue un événement digne de mention, même dans la métropole et dans la Vieille capitale. Non seulement a-t-il comblé le retard de plus d'une quinzaine de points que lui attribuait le plus récent sondage (19 octobre), mais il en a ajouté 16 de plus et obtenu près de 53% des votes exprimés. Le maire sortant, Marc Bureau, que tous croyaient gagnant, n'a pu faire mieux que 36% des voix...
Au-delà des motifs ponctuels de ce revirement - entre autres, le fiasco du Rapibus (nouveau système de transport express par autobus, au coût de 255 millions $, inauguré en pleine campagne) et le refus du maire Bureau de participer à des débats avec ses adversaires (et même de faire campagne) - l'élection de M. Pedneaud-Jobin constitue un jalon important de la courte histoire du grand Gatineau.
La présence des partis politiques sur la scène municipale fait partie du train-train quotidien des Montréalais mais ici, c'est du nouveau. Il y a déjà eu quelques tentatives avant les fusions de 2002, mais elles ont été de courte durée. Cette fois, le parti Action-Gatineau que dirige M. Pedneaud-Jobin s'est donné une base solide de 1 400 membres actifs et un programme de gouvernement que les Gatinois ont eu la chance d'évaluer (pour ceux et celles qui ont pris le temps de le faire).
La preuve de l'impact d'Action Gatineau réside dans la performance de son candidat à la mairie. Le parti n'a peut-être raflé que quatre des 18 districts électoraux, mais Maxime Pedneaud-Jobin a dominé ses trois adversaires dans 17 des 18 districts. C'est un exploit en soi, pour un candidat ouvertement indépendantiste (pas du tout un avantage ici...), chef d'une coalition arc-en-ciel, provenant d'un quartier périphérique dans l'extrême est de Gatineau. Son beau-père est d'ailleurs l'ancien premier ministre péquiste Bernard Landry.
Traditionnellement, les candidats sérieux à la mairie devaient s'assurer des assises solides dans les deux grands centres de population, soit les secteurs des anciennes villes de Hull et Gatineau (pré-fusion). Ainsi, en 2001, c'était Yves Ducharme (élu), de Hull, contre Robert Labine, de Gatineau. Puis Marc Bureau, aussi de Hull, a triomphé en 2005 contre M. Ducharme et en 2009 contre des adversaires des secteurs Hull et Gatineau.
Jamais on aurait pensé qu'un candidat du secteur Buckingham (Vallée de la Lièvre) puisse concurrencer les poids lourds du centre-ville du grand Gatineau. Le fait que M. Pedneaud-Jobin, ancien conseiller du secteur Buckingham, ait réussi atteste de la force d'Action-Gatineau et de sa prestation personnelle auprès de la population. Peut-être la fusion de 2002 est-elle enfin consacrée avec son élection, les gens d'Aylmer, Hull et Gatineau pouvant voir en un ex-conseiller de Buckingham une figure de proue digne de représenter l'ensemble de la métropole outaouaise.
Sur ce plan, on peut noter que l'opposition la plus farouche à la fusion de 2002 provenait du secteur Masson-Angers, voisin de Buckingham, et que le conseiller anti-fusion de l'époque, Luc Montreuil, a mordu la poussière en 2013, devancé par ses deux adversaires...
La présence d'un maire tel que Maxime Pedneaud-Jobin à la Maison du Citoyen (l'hôtel de ville de Gatineau) changera la donne municipale, régionale... et peut-être bien québécoise. Il fait un peu intellectuel mais a démontré qu'il peut joindre efficacement le grand public. C'est un politicien de talent, ayant une vision politique articulée, capable d'affronter les défis qui l'attendent. On parlera bientôt de lui à l'extérieur de l'Outaouais... peut-être même sur la scène nationale.
Comparé aux maires élus de Montréal et Québec, c'est un vent de renouveau et de fraîcheur.
Excellente analyse!
RépondreSupprimerJe suis 100% d'accord!
Et ravie de notre nouveau maire très dynamique!