jeudi 21 novembre 2013

Il n'en reste rien... Que des souvenirs...

Alors que se prépare - disons plutôt s'improvise - une journée de retrouvailles pour anciens et actuels employés de la rédaction du Droit, je fouille beaucoup dans mes vieilles paperasses, à la recherche d'éléments pouvant intéresser le groupe qui se réunira le 7 décembre prochain au Muséoparc de Vanier.

Mais je gratte aussi les fonds de mémoire et ce qui ressort, au-delà du travail quotidien de couverture et de rédaction, ce sont les endroits qui ont marqué les premières années de ma vie journalistique - disons les années de 1969 à 1975.

       Un jeune Jean-Guy Gauthier dans l'ancienne rédaction, rue Rideau

* Il y avait d'abord, bien sûr, la salle des nouvelles et les multiples recoins de l'édifice du Droit, au 375 Rideau. On entendait les machines à écrire de la rédaction à toute heure du jour et de la nuit. Aux heures de pointe, un nuage de fumée de cigarette emboucanait la salle. Et il y avait la cafétéria au sous-sol où, au son occasionnel de l'alarme à feu, un employé allait fermer la porte (personne ne sortait) pour assourdir le bruit des cloches. Et c'est sans compter l'univers fascinant de l'atelier de composition et le vrombissement des presses offset.

* En biais, de l'autre côté de la rue Rideau, se trouvait le restaurant/bar La Paloma, où un groupe de journalistes se retrouvait presque invariablement, en fin de journée, pour une bière ou quelque autre consommation. C'est devenu en cours de route un bar de danseuses, où les filles (pas complètement nues) montaient sur votre table pour 5 $... Comme la plupart d'entre nous étions dans la jeune vingtaine, c'était sans doute l'un des attraits...

* Pour le petit-déjeuner, les plus anciens fréquentaient le restaurant Rainbow, rue Rideau aussi, et à l'heure du lunch certains se ruaient vers l'un des seuls fast-food du coin, un Dilallo Burger, en face du journal, où les hamburgers épais et dégoulinants modifiaient notre tour de taille en un temps record...

* À l'époque des quarts de nuit, l'heure de « lunch » était souvent passée à une arcade de machines à boules, rue Rideau encore, à moins que l'on ne saute dans une voiture pour envahir le restaurant Matador, boulevard St-Joseph à Hull, juste avant 3 heures du matin (pour pouvoir commander une bière à l'heure du last call).

La rue Hôtel-de-ville de Hull, avec le restaurant Chez Rolland à droite. C'est maintenant Place du Centre et, de l'autre côté, Place du Portage.

* Jour et nuit, une partie des troupes allait se sustenter au restaurant du maire de Hull, Le Bocage, situé sur l'ancienne rue Principale (devenue promenade du Portage). On y bouffait des mets chinois et en particulier d'excellents roulés aux oeufs... C'était ouvert 24 heures par jour... Le jour, aussi à Hull, on allait parfois au resto Chez Rolland, rue Hôtel-de-ville, ou chercher notre café chez Thériault (qui annonçait dans sa vitrine le pire café en ville...). Il y avait également, tout près, le vieil hôtel Viger...

* Et il ne faut pas oublier les attroupements à l'hôtel Chez Henri, à Hull, ainsi que ceux, encore plus fréquents parce qu'on y tenait les assemblées syndicales, à l'hôtel Chez Lucien sur le marché By, dans la Basse-Ville d'Ottawa.

* À l'époque où je travaillais de nuit au pupitre avec Claude Picher, devenu par la suite chroniqueur à l'économie à La Presse, notre quart de travail se terminait entre 6 et 7 heures du matin. Pas question de trouver un souper et une bière ou un verre de vin dans un resto à cette heure. On ouvrait alors la taverne Laurier, près du pont Interprovincial, avec une foule de « réguliers » qui commençaient leur journée avec deux grosses bières, des frites et des oeufs dans le vinaigre... Yark...

* Claude et moi (et d'autres) allions parfois, à l'heure du midi, déguster notre plat préféré, le petit cochon de lait du Little Hungarian Village, sur la rue Laurier, à Ottawa, avec une bouteille d'Egri Bikaver...

Ces endroits ont fait partie de notre quotidien pendant près d'une décennie, et même plus pour certains. Si je les mentionne, c'est qu'ils ont tous un point en commun, et j'inclus là-dedans notre principal lieu de travail, la salle des nouvelles : ils n'existent plus ! TOUS, sans exception, sont disparus.

Paul Terrien et Murray Maltais devant « le pupitre » avec les tuyaux des tubes pneumatiques sur le mur.

L'édifice du Droit a été malheureusement démoli après que l'assaut des nouvelles technologies eut modifié le processus de production. Les ateliers ont été fermés, les presses démantelées et l'impression confiée à des tiers...

Les Dilallos sont retournés à Montréal, le Rainbow, La Paloma et Little Hungarian Village ont fermé leurs portes, ainsi que Le Bocage, le Matador et nos autres adresses préférées.

Les tavernes près du pont Interprovincial ont été démolies. Le décor de la rue Rideau et du centre-ville de Hull (maintenant Gatineau) sont méconnaissables... Et sur l'emplacement de l'ancien hôtel Chez Lucien se trouvent maintenant les actuels bureaux du Droit... Ironique...

En une quarantaine d'années, tous nos vieux points de repère sont devenus des souvenirs. Il y a sûrement une morale à cette histoire...

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