Je suis un Québécois né à Ottawa. Mon présent et mon avenir sont au Québec, sur la rive gatinoise de l'Outaouais. Mon passé, toutefois, ma jeunesse surtout, restera franco-ontarien. On n'oublie pas ses racines. Elles nourrissent notre force, ancrent notre identité. Étudiant, j'ai milité dans des organisations franco-ontariennes. Devenu journaliste en 1969, j'ai continué depuis à m'intéresser, personnellement et professionnellement, aux dossiers des francophones hors Québec.
Je persiste à croire que le sort de la francophonie hors Québec, et la compréhension de sa dynamique, doivent jouer un rôle essentiel dans les choix d'avenir que les Québécois continuent à façonner, de génération en génération : pas pour limiter ces choix, loin de là, mais pour les informer. Par ailleurs, les décisions identitaires des Québécois auront sans aucun doute des répercussions sur le vécu des Acadiens et des Canadiens français ailleurs au Canada.
Mais quel que soit le statut ultime du Québec, qu'il devienne une république souveraine ou qu'il se contente d'une autonomie accrue au sein de la fédération, les liens entre la francophonie québécoise et les collectivités francophones acadiennes et canadiennes-françaises conserveront toute leur importance.
J'ai déploré à maintes reprises l'indifférence des médias de langue française à l'endroit des grands dossiers d'actualité des francophones hors-Québec. Au-delà de la presse communautaire de ces collectivités, de quelques quotidiens (Le Droit, l'Acadie Nouvelle, parfois Le Devoir) et du réseau régional de Radio-Canada, qui assurent une couverture ponctuelle mais souvent inégale, la réalité franco-canadienne se caractérise par un silence médiatique assourdissant...
En fin de semaine, samedi 19 octobre, avait lieu la première d'une série de consultations régionales sur l'éducation postsecondaire en français en Ontario. Le grand projet : créer enfin une université franco-ontarienne, ou du moins assurer une gouvernance franco-ontarienne du palier collégial et universitaire. Au Québec, les anglophones ont trois universités. Les Franco-Ontariens aucune, à moins de compter la petite mais dynamique Université de Hearst, dans le Grand Nord ontarien.
Une soixantaine d'intervenants se sont présentés à Timmins, dans le nord de la province, pour lancer la réflexion et le débat sur un éventuel projet à proposer au gouvernement ontarien. C'est la première fois que la population francophone de l'Ontario est conviée de cette façon à s'exprimer sur l'avenir du postsecondaire en français. Un événement historique ! J'ai fait le tour des médias ce matin (lundi 21 octobre). À peu près rien en ligne !
J'avais rédigé un éditorial paru vendredi dans Le Droit, et un texte de nouvelles a été publié (en ligne seulement) samedi. Aujourd'hui, Le Droit a un compte rendu dans la version imprimée et en ligne du journal. J'aurais espéré plus, mais c'est déjà bien, très bien même quand on se compare aux autres où c'est le silence total. Rien à Radio-Canada. Rien, à ma connaissance, dans les autres quotidiens de Gesca et dans ceux de Québécor...
En matière de francophonie hors-Québec, n'y a-t-il plus, dans les médias d'ici, autant de cadres, d'éditorialistes, de chroniqueurs et de reporters qui savent s'élever au-dessus de l'immédiat et intégrer à leurs choix une vision géographique et historique élargie? Les Franco-Ontariens crient dans le désert depuis trop longtemps et je crains, au train où vont les choses, que leur érosion se poursuive dans un climat d'indifférence au Québec et dans un climat d'hostilité croissante des majorités anglophones chez eux.
Encore en fin de semaine, les Acadiens de la Nouvelle-Écosse étaient réunis en assemblée générale annuelle à Dartmouth, en banlieue d'Halifax. Sous l'égide de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), quelque 135 délégués de tous les coins de la province ont échangé sur l'état actuel du français parlé en Acadie néo-écossaise, en plus de s'acharner à essayer de trouver des solutions « à la question préoccupante de l'assimilation et de la baisse du nombre de francophones en Nouvelle-Écosse ». C'est important, non?
J'ai suivi tant bien que mal la rencontre sur Twitter, samedi et dimanche, espérant colmater les brèches en lisant aujourd'hui des textes de Radio-Canada ou de l'Acadie Nouvelle. Encore là, rien, du moins en ligne. Le silence. Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse crient-ils eux aussi dans le désert ? Il faut croire que si. C'est désespérant !
À mes concitoyens québécois, et notamment à ceux de l'univers médiatique, je dis : regardez ce qui se passe chez les francophones hors Québec ! Ce qui leur arrive vous arrivera un jour si vous ne tentez pas de le comprendre et d'assurer immédiatement un Québec fort et français. Et ces francophones d'ailleurs au pays pourraient faire bon usage de votre solidarité. Au Québec, je crierais comme Zachary Richard, jusqu'à en perdre la voix : Réveille ! Réveille !
Vous en faites quoi, de Franco-Parole?
RépondreSupprimerLes états-généraux du post-secondaire sont louables, certes, mais c'est loin d'être la première fois que l'idée est sur la table. Cette université, ou cette gestion, si on a pas pu y arriver lorsque la demande était là, je doute qu'on puisse y arriver aujourd'hui. Il faut créer la demande d'une main et assurer la qualité du service de l'autre... lourde tâche.
Le seul point que je fais valoir, c'est que c'est la première consultation du genre. Et qu'à ce titre, elle aurait dû intéresser davantage les médias. Au plaisir.
SupprimerM. Vincent, il faut rappeler que Franco-Parole (1) rassemblait des francophones du campus de l'Université Laurentienne afin de faire des recommandations essentiellement dans le cadre de cette institution. Bien que plusieurs Franco-Ontariens (si on pouvait les nommer ainsi à ce moment) y étaient, c'était loin d'être une consultation touchant tout l'Ontario français.
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