vendredi 25 octobre 2013

Le Rapibus porte mal son nom...

Ce matin, en allant conduire mon épouse à son travail, j'ai été frappé par la foule matinale à l'arrêt d'autobus, angle Paquette et La Vérendrye (secteur Gatineau, entre Paiement et Main). Au lieu d'attendre en direction ouest, vers le centre-ville, comme avant, elle s'était déplacée de l'autre côté du boulevard La Vérendrye, direction est, s'éloignant du centre-ville...

Pourquoi diable voudraient-ils s'éloigner de leur travail, me suis-je demandé pendant une milliseconde, me souvenant des affiches inversées de la semaine dernière. Puis, dans la deuxième milliseconde, je me suis rappelé que les autobus express de jadis avaient été abandonnés depuis lundi au profit du Rapibus... cette voie flambant neuve réservée aux autobus, allant du secteur Gatineau vers le centre-ville du secteur Hull (un genre de métro en plein air sur asphalte).

Et la station Rapibus la plus commode étant située sur le boulevard Labrosse, à 1 ou 2 km à l'est (la mauvaise direction), les passagers de mon quartier fort peuplé devaient rebrousser chemin avant de pouvoir embarquer sur une de ces nouvelles « torpilles » vers le coeur du secteur Hull et d'Ottawa.

Pour ces gens, le détour doit sûrement signifier non seulement un trajet plus long, mais un certain retard. À moins que ces express du nouveau Rapibus roulent à 100 km/h, il ne me semblait y avoir aucun gain en rapidité, et peut-être même un léger ralentissement... Cette question avait été abordée par des journalistes et éditorialistes avant la mise en oeuvre du Rapibus, mais personne ne savait trop à quoi s'attendre...

Puis j'ai lu, dans Le Droit de ce matin, les protestations d'une usagère du secteur Buckingham qui se plaignait de passer une heure de plus tous les jours en déplacement aller-retour du centre-ville. Une de mes belles-soeurs du secteur Limbour est obligée maintenant de prendre deux autobus au lieu d'un, de faire une dizaine d'arrêts additionnels, et met donc une heure de plus qu'auparavant pour se rendre au travail dans des express bondés où elles doit rester debout pendant la durée du trajet... Inutile de dire qu'elle est plutôt exaspérée... avec raison !

N'étant pas un usager régulier du transport en commun (étant en semi-retraite et ayant mon bureau à la maison), mon expérience des express du matin remonte à l'an dernier quand je suivais un cours le matin à l'Université d'Ottawa. Le service était rapide. Pas autant qu'en voiture, mais presque. J'ai remarqué que dans la publicité de la Société de transport de l'Outaouais (STO) pour le Rapibus, on mettait de l'avant quatre qualités : fréquence, fiabilité, flexibilité, facilité. Le mot rapidité n'y était pas... sans doute pour de bonnes raisons.

D'ailleurs, encore dans Le Droit, on a publié quatre exemples de durées de trajet de différents points de départ, entre les secteurs Buckingham et Gatineau. Au mieux, selon les scénarios de la STO, deux des trajets duraient 5 et 4 minutes de moins, tandis que les deux autres s'allongeaient respectivement de 4 et 8 minutes... J'ai peine à comprendre comment on peut justifier une dépense de 250 millions de dollars avec si peu de résultats en terme de temps pour les usagers. On aurait pu économiser ce 250 millions $ et les usagers n'auraient pas vu une grosse différence. Certains s'en porteraient même beaucoup mieux...

Pendant les années qu'ont duré la construction du réseau Rapibus, on a bloqué des routes, fait des détours, causé un immense fil à retordre à des commerces isolés de leurs clients, ainsi qu'à des automobilistes pris sans arrêt dans l'enchevêtrement de travaux aux heures de pointe. Les coûts aux commerçants touchés par les travaux sont-ils comptabilisés dans le 250 millions $ ? Je ne crois pas... Et tout ça pour un réseau de transport pas-si-rapide-que-ça qui n'a peu ou pas d'effet sur la durée des aller-retour au travail dans le centre-ville ?

Je veux bien croire que c'est un beau et prestigieux réseau, que ça paraît bien, qu'il y a certainement des avantages sur le plan de la sécurité mais 250 millions $... À première vue, je ne suis pas sûr qu'on en ait eu suffisamment pour notre argent... On verra comment la STO s'ajustera pour nous démontrer qu'en fin de compte, il n'y a pas eu là un énorme gaspillage de fonds publics... En tout cas, l'appeler « Rapibus » semble pour le moment de la fausse publicité...



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