Il y a 45 ans jour pour jour, le lundi 9 juin 1969, j'entreprenais ma carrière de journaliste au quotidien Le Droit.
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Le jour même de mon renvoi de l'équipe éditoriale (vendredi 30 mai) du quotidien Le Droit, Andrée Poulin, auteure et ancienne collègue de la salle de rédaction du Droit, m'écrivait sur Facebook: «J'espère, Pierre, que tu ne regrettes pas d'avoir dit haut et fort tes opinions. Mais c'est un prix cher à payer…» Et moi, de lui répondre, sans hésitation: «Je ne regrette rien.» Une dizaine de jours plus tard, ma réponse serait sans doute différente…
Je ne regrette pas - mais pas du tout - d'avoir signé et mis en ligne, le 19 mai, le texte qui m'a valu la porte, intitulé Le silence assourdissant des salles de rédaction (voir http://bit.ly/S9UxqL). Je l'ai relu attentivement en fin de semaine, et plus que jamais, je suis convaincu que les enjeux soulevés (l'avenir du Droit et des autres quotidiens régionaux de Gesca, le droit du public à l'information, le droit et le devoir de s'exprimer, la disparition de l'imprimé, l'évolution du lectorat et le silence des salles de rédaction) méritent un débat immédiat, voire urgent.
Et s'il est vrai que la liberté d'expression peut coûter cher, le prix de se taire risque cette fois d'être bien plus élevé. Le silence actuel finira par atrophier les consciences et pourrir le climat dans les salles de nouvelles. Et ce silence sera interprété par le public - à tort ou à raison - comme un consentement. Un jour, quand il sera trop tard, ces silences auront fait de nous des complices.
Et s'il est vrai que la liberté d'expression peut coûter cher, le prix de se taire risque cette fois d'être bien plus élevé. Le silence actuel finira par atrophier les consciences et pourrir le climat dans les salles de nouvelles. Et ce silence sera interprété par le public - à tort ou à raison - comme un consentement. Un jour, quand il sera trop tard, ces silences auront fait de nous des complices.
Censure et/ou autocensure...
J'ai cependant quelques regrets. En dépit d'une flambée fascinante de quelques jours dans les médias sociaux (Twitter, Facebook) et de l'intérêt fort apprécié d'autres médias (Le Devoir, Journal de Montréal, Journal de Québec, hebdos Transcontinental, Radio-Canada, TVA, 104,7FM en Outaouais, etc.), rien n'a été publié (sur les enjeux soulevés) dans mon quotidien, Le Droit, depuis le texte de la mi-mai où André Desmarais, coprésident de Power Corporation annonçait la disparition éventuelle des quotidiens régionaux de Gesca et de la version imprimée de La Presse. Et c'est le silence total dans tous les quotidiens du réseau sur cette affaire depuis mon renvoi du 30 mai. Cette mixture toxique de censure et d'autocensure déçoit, dans des quotidiens qui ont fréquemment dénoncé la culture du silence ailleurs.
J'ai cependant quelques regrets. En dépit d'une flambée fascinante de quelques jours dans les médias sociaux (Twitter, Facebook) et de l'intérêt fort apprécié d'autres médias (Le Devoir, Journal de Montréal, Journal de Québec, hebdos Transcontinental, Radio-Canada, TVA, 104,7FM en Outaouais, etc.), rien n'a été publié (sur les enjeux soulevés) dans mon quotidien, Le Droit, depuis le texte de la mi-mai où André Desmarais, coprésident de Power Corporation annonçait la disparition éventuelle des quotidiens régionaux de Gesca et de la version imprimée de La Presse. Et c'est le silence total dans tous les quotidiens du réseau sur cette affaire depuis mon renvoi du 30 mai. Cette mixture toxique de censure et d'autocensure déçoit, dans des quotidiens qui ont fréquemment dénoncé la culture du silence ailleurs.
Liberté d'expression?
Mon plus grand regret reste l'officiel silence - toujours assourdissant - des salles de rédaction. Je ne me fais pas d'illusion. Ma défense de l'imprimé ne trouvera pas une légion d'adeptes au sein de la jeune génération de journalistes. Et je peux concevoir que l'on croie, dans les directions syndicales, que la défense de l'avenir des quotidiens passe pour le moment par des négociations hors de l'arène publique. Mais on était, il me semble, en droit d'espérer (même pour un collaborateur, pigiste) que les syndicats de travailleurs et travailleuses de l'information défendent tout au moins le droit individuel à la liberté d'expression dans une situation qui touche l'ensemble de la profession et l'ensemble de la société. Mais c'est toujours le silence, du moins jusqu'à maintenant... Seule la FPJQ régionale est intervenue.
Mon plus grand regret reste l'officiel silence - toujours assourdissant - des salles de rédaction. Je ne me fais pas d'illusion. Ma défense de l'imprimé ne trouvera pas une légion d'adeptes au sein de la jeune génération de journalistes. Et je peux concevoir que l'on croie, dans les directions syndicales, que la défense de l'avenir des quotidiens passe pour le moment par des négociations hors de l'arène publique. Mais on était, il me semble, en droit d'espérer (même pour un collaborateur, pigiste) que les syndicats de travailleurs et travailleuses de l'information défendent tout au moins le droit individuel à la liberté d'expression dans une situation qui touche l'ensemble de la profession et l'ensemble de la société. Mais c'est toujours le silence, du moins jusqu'à maintenant... Seule la FPJQ régionale est intervenue.
Et le public lecteur?
Je regrette aussi le silence apparent (peut-être se passe-t-il des choses en coulisses) du public de la région, des représentants élus, ainsi que des nombreux organismes des collectivités outaouaises et franco-ontariennes pour qui le sort du Droit et de l'information régionale devrait être une préoccupation de premier plan. Que faut-il penser quand un coprésident de Power annonce la disparition du Droit (ou, au mieux, son intégration à une tablette montréalaise), quand un éditorialiste qui proteste et demande que la question soit débattue en public est renvoyé, et quand les pages du quotidien sont fermées aux réactions qui ont suivi son renvoi? N'est-on pas en droit d'attendre qu'au moins quelques boucliers officiels se lèvent, sur les deux rives de l'Outaouais? Qu'aurait fait Montfort en 1997 sans Le Droit?
Je regrette aussi le silence apparent (peut-être se passe-t-il des choses en coulisses) du public de la région, des représentants élus, ainsi que des nombreux organismes des collectivités outaouaises et franco-ontariennes pour qui le sort du Droit et de l'information régionale devrait être une préoccupation de premier plan. Que faut-il penser quand un coprésident de Power annonce la disparition du Droit (ou, au mieux, son intégration à une tablette montréalaise), quand un éditorialiste qui proteste et demande que la question soit débattue en public est renvoyé, et quand les pages du quotidien sont fermées aux réactions qui ont suivi son renvoi? N'est-on pas en droit d'attendre qu'au moins quelques boucliers officiels se lèvent, sur les deux rives de l'Outaouais? Qu'aurait fait Montfort en 1997 sans Le Droit?
La suite?
Ma crainte qui, je l'espère, ne deviendra pas un jour un regret, c'est que trop de membres de notre profession/métier - et de citoyens - ne s'enlisent dans l'aride bourbier du fatalisme, et dans l'inertie qui en résulte. J'aime croire, cependant, que les braises d'une saine et féconde rébellion couvent toujours dans les salles de rédaction de nos empires médiatiques. La suite? La suite? …..
Ma crainte qui, je l'espère, ne deviendra pas un jour un regret, c'est que trop de membres de notre profession/métier - et de citoyens - ne s'enlisent dans l'aride bourbier du fatalisme, et dans l'inertie qui en résulte. J'aime croire, cependant, que les braises d'une saine et féconde rébellion couvent toujours dans les salles de rédaction de nos empires médiatiques. La suite? La suite? …..
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