Cinq jours après mon renvoi de l'équipe éditoriale du Droit, pour les raisons que j'ai clairement indiquées et non pour les motifs ficelés après coup, à toute vapeur, par la direction, un bon débat semble amorcé sur les enjeux que j'ai soulevés le 19 mai (http://bit.ly/S9UxqL). La publication de textes et de chroniques dans différents journaux, ainsi qu'à la radio et à la télé, a engendré des milliers d'échanges et commentaires dans les médias sociaux et sur les sites Web de certains médias. Mais pour le moment, c'est encore le silence total dans les pages des quotidiens du réseau Gesca, y compris Le Droit, et dans de nombreux organismes qui devraient se préoccuper de l'existence de ces médias dans leurs régions, y compris l'Outaouais et l'Ontario français.
Rendons alors à César ce qui lui revient. Un immense bravo à la section outaouaise de la FPJQ, qui a été le seul organisme régional à prendre publiquement position dans une situation qui comporte pourtant plusieurs enjeux fondamentaux : l'existence des quotidiens régionaux de Gesca, et notamment celle du Droit; l'avenir de l'information sur papier; l'évolution du numérique et ses conséquences pour les salles de rédaction; les causes (et les solutions) du déclin de la lecture; l'information comme assise de la démocratie et droit fondamental inscrit dans la constitution; la liberté d'expression au sein des entreprises de presse, y compris au Droit; et, depuis le début de cette «affaire», la censure ou autocensure au sein des quotidiens de Gesca y compris Le Droit.
J'applaudis les efforts et le courage de la section régionale de la FPJQ qui, après étude et enquête, a conclu :
* que les artisans de l'information ont le droit de se prononcer sur l'avenir de leur média et de leur métier;
* que la version du renvoi, telle que présentée par l'éditeur du Droit, est peu crédible;
* qu'il est normal que les journalistes s'interrogent sur l'avenir de l'information régionale;
* qu'il est impératif de préserver la diversité des sources d'information; et
* que Gesca a un devoir d'alimenter le débat sur l'avenir de ses journaux régionaux, pas de le restreindre.
Cette position a été rendue publique le lundi 2 juin par la FPJQ-Outaouais et reprise, en l'assumant comme sienne, par la FPJQ nationale sur son site Web le lendemain (http://bit.ly/TepLNX). La déclaration a été largement commentée dans les médias sociaux et diffusée/publiée dans d'autres médias imprimés et électroniques - mais pas chez le principal intéressé, Le Droit. Le quotidien avait d'ailleurs, après l'intervention d'André Desmarais sur la disparition attendue des quotidiens régionaux, celle-là même qui avait précipité mon texte de blogue du 19 mai, refusé de publier le communiqué des trois syndicats des employés du Droit (qui lui aussi, avait été repris dans d'autres médias).
La position prise par la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal sur mon renvoi, fort appréciée, a aussi fait des vagues médiatiques, mais pas au sein des quotidiens de Gesca. Et s'il y a eu des lettres de lecteurs concernant l'avenir de la page éditoriale et le sort du journal Le Droit depuis l'an dernier, et en particulier depuis la fin de semaine, rien n'a été publié à ma connaissance. Si cette tendance lourde au silence se maintient, j'espère que la FPJQ - régionale et nationale - saura de nouveau intervenir, tout au moins pour protester contre la non-publication au Droit de sa propre prise de position publique.
J'espère qu'on me permettra enfin d'apporter certaines clarifications qui, selon moi, s'imposent après lecture attentive de la déclaration de la FPJQ, clarifications qui ne ternissent en rien toute l'estime que j'ai pour la prise de position de mes collègues :
* Je ne crois pas avoir critiqué mon employeur. Mon employeur était Le Droit et mon texte de blogue du 19 mai (Le silence assourdissant des salles de rédaction) se voulait une ardente déclaration de loyauté au Droit. J'avoue avoir critiqué Gesca et Power Corporation, supérieurs hiérarchiques du Droit.
* La FPJQ juge «sévère» la sanction à mon endroit. J'espère ne pas devoir comprendre qu'une sanction moins «sévère» aurait été justifiée. Je continue d'affirmer, dans cette affaire, mon droit à la liberté d'expression (ce qui semble aussi être le principe défendu par la FPJQ).
* La confusion des genres. Je crois qu'il faudrait ici tenir compte de la différence entre l'éditorialiste à temps plein, qui consacre à cette fonction l'essentiel de ses quarts de travail, et les éditorialistes invités, qui occupent la majorité de leurs journées ailleurs qu'au Droit. Pour ce qui est de clarifier la politique sur les blogues, je suis d'accord avec la FPJQ. Encore faudrait-il que Le Droit nous informe du contenu de cette politique.
Malheureusement pour la FPJQ, son intervention éclairée dans ce dossier n'a pas rejoint une grande partie du public qui aurait pu en bénéficier, parce que les pages du seul quotidien de langue française de la région lui ont été fermées. Un jour, si ce quotidien disparaît, tous seront dans le bateau de la FPJQ…
Nous faisons notre petite part dans notre bimestriel papier qui sort demain et qui sera distribué ce week-end aux résidants d'Ahuntsic Est (17 000 exemplaires), journaldesvoisins.com, dans un article parlant, notamment de votre situation, mais de façon générale des compressions dans le secteur des médias, et plus précisément de celles de Radio-Canada.
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