mercredi 30 décembre 2015

Déneigement… crier dans le désert...


Ma rue de Gatineau (située dans le secteur Gatineau, celui qui s'appelait Gatineau avant que toutes les fusions depuis 1975 étendent ce nom à un territoire démesuré…) a l'air d'une zone sinistrée ce matin. Les automobilistes, à moins d'avoir un véhicule à quatre roues motrices, s'y aventurent à leurs risques et périls… Et je ne vois plus les marches du perron, enterrées sous une bordée de 40 à 50 cm de neige…

Ce n'est pas tant pour me plaindre que j'entreprends de décrire sommairement cette attaque frontale d'un hiver tardif (nous étions en manches courtes sur le gazon, le 24 décembre) mais plutôt pour constater les déficiences des systèmes de déneigement mis en place à grands frais par des experts…

Je ne sais pas combien de neige il est tombé dans mon coin… À l'aéroport international d'Ottawa, le seul endroit où Environnement Canada mesure les précipitations dans la grande région de la capitale fédérale, on indique un total de 18,8 cm de neige hier… Faites-moi rire… 18,8 cm c'est une bordée de neige un peu plus forte qu'à l'ordinaire… ce n'est pas majeur… il faut croire que l'aéroport, situé à 30 km au sud d'ici, a été quelque peu épargné…

Je veux bien accepter que les forts vents et la poudrerie aient aggravé les choses, mais à regarder nos rues et la hauteur des bancs de neige, je serais prêt à gager ma chemise que l'accumulation dans certains secteurs de Gatineau oscille entre 30 et 40 centimètres de neige…

Quoiqu'il en soit, ce n'est pas tant la quantité de neige que la qualité du service de déneigement qui me préoccupe. La neige est tombée hier entre minuit environ et le début de la soirée. Nous sommes donc le lendemain, le 30 décembre, en matinée, et je n'ai vu aucune gratte municipale aux alentours… en tout cas pas sur ma rue… Et la ville n'a pas été prise au dépourvu. On annonçait ces chutes de neige depuis des jours, avec force alertes...

Je suis abonné à un service de déneigement privé, l'état parfois périlleux de mon coeur rendant le pelletage un peu plus risqué… Or, même les pelleteurs n'ont pu se rendre chez nous parce qu'ils circulent en voitures et qu'ils restaient pris dans d'autres rues résidentielles non déblayées… Je ne suis donc pas le seul dans ma situation…

Retour au service municipal… Je téléphone ce matin, vers 6 h 30, à la ligne d'information 3-1-1 de la ville de Gatineau, et on me répond que le système est ainsi conçu qu'en cas de tempête majeure, ma rue ne sera JAMAIS déblayée pendant que la neige tombe et que cela pourra aller jusqu'à 24 heures APRÈS la fin des chutes de neige… Non mais…

Je peux comprendre le raisonnement sur lequel cette stratégie est assise… Le service des travaux publics déblaie d'abord les artères principales et les collectrices, pour ensuite s'attaquer aux avenues résidentielles. Mais si j'ai bien entendu, le message qu'on me livre, c'est qu'en cas de tempête majeure (et 19 cm ce n'est pas majeur…) notre méga-service-fusionné-des-travaux-publics-de-Gatineau suffit à peine pour nettoyer les rues principales et les collecteurs… Est-ce possible?

Hier, il a fallu une corvée de citoyens pour acheminer une ambulance et les pompiers à une situation de détresse dans une rue résidentielle obstruée par la neige… Pourtant je connais des gens, dans d'autres rues, résidentielles elles aussi, où les grattes sont passées, parfois à deux reprises… Dans ce brouhaha, les Travaux publics ont fait plus que les principales et les collecteurs… mais selon quelles priorités, en vertu de quelles directives?

J'ose espérer que l'on ne découvrira pas que la rue résidentielle d'un conseiller municipal, ou celle d'un citoyen éminent, ou celles des quartiers plus cossus, ont eu la visite des grattes en pleine tempête ou peu après… Accordons le bénéfice du doute. Il reste qu'en vertu du système actuel, je paie des taxes pour un service que je n'aurai jamais pendant une bordée de neige majeure, tandis que d'autres, qui paient les mêmes taxes que moi, pourront circuler sur des rues nettoyées dans des délais raisonnables.

Je songe sérieusement à demander des explications à mon conseiller municipal ou à la ville. Qu'on explique aux citoyens pourquoi les équipements municipaux ne suffisent pas à la tâche… Qu'on explique aussi pourquoi certaines rues résidentielles sont déblayées alors que d'autres ne le sont pas… et pourquoi on impose une taxe aussi élevée à ceux et celles qui, par définition, n'auront pas de service quand ils en auraient le plus besoin…

Mais parfois, maintenant que nous avons une méga-ville au méga-territoire, peut-on se plaindre sans avoir l'impression de crier dans le désert?


Le seul endroit déblayé… la super-boîte de Postes Canada…





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