mercredi 9 avril 2014
Un bloc non francophone monolithique !
J'en ai ras-le-bol des commentaires excessifs et méprisants sur notre cheminement identitaire. Ce débat dure depuis plus de deux siècles et n'a pas fini d'évoluer. Il nous oblige à jongler avec une diversité de statuts politiques oscillant entre le fédéralisme actuel, diverses formes d'autonomie et l'indépendance. Il nous incite à remettre en question les vieilles autorités, éveille en nous l'esprit républicain et laïc. Il nous interroge sur l'avenir de notre langue et de notre culture. C'est un processus sain et démocratique.
Mais c'est surtout un débat. Un vrai. Chez les francophones du moins, une diversité d'opinions se manifestent. Le choc des idées est constant et vigoureux. Divers sondages en font état et l'élection québécoise du 7 avril en fait foi. Notre électorat s'éparpille, créant des luttes à trois et à quatre dans une foule de circonscriptions. Personne n'a le monopole du vote francophone qui, selon les régions, favorise tour à tour le Parti Québécois, le Parti libéral, la Coalition Avenir Québec et Québec Solidaire.
Et pendant que les médias anglo-canadiens (et même certains des nôtres) nous taxent sans justification de racisme, de xénophobie et d'obsession identitaire, l'électorat non francophone - anglophones, allophones et francophones anglicisés ou en voie d'anglicisation - se dresse en bloc monolithique et adopte un comportement identitaire extrême. Ici le vote ne s'éparpille pas, il va très massivement au PLQ. C'est un vote contre un Québec français, laïc et autonome. Un vote pour un Québec bilingue et multiculturel dans un ensemble canadien à leur image.
Je ne les blâme pas de défendre leurs valeurs, même s'ils ont tendance à nous blâmer quand nous faisons la promotion des nôtres. Ce que je leur reproche, c'est de ne pas entièrement avouer le sens et la portée de leur démarche, qui est tout aussi collective que la nôtre. S'il y avait chez eux (excusez le «nous» et le «eux», mais ils existent) la même qualité de débat et la même diversité que chez nous, je réagirais différemment. Mais il n'y a guère chez eux de débat, sauf pour s'opposer à nos projets. Un 20% de l'électorat qui nous offre un « non » rigide et permanent. Un poids mort, et guère plus... Et nous n'y pouvons rien. C'est leur droit.
J'ai eu le temps de commencer à décortiquer les résultats électoraux de cette semaine et les chiffres sont sans appel. Les non-francophones ont voté rouge... et rien que rouge, à toutes fins utiles. Dans quelques circonscriptions, les plus anglophones, les chiffres sont époustouflants. Dans D'Arcy McGee, la circonscription la moins francophone du Québec (seulement 18,6% de francophones selon la langue d'usage), le Parti libéral a récolté 92% des suffrages exprimés! Vous percevez une diversité d'opinions dans cette collectivité? Moi pas!
Ailleurs dans le West Island, les libéraux ont obtenu 87% des votes dans Robert-Baldwin (23% de francophones), 85% dans Jacques-Cartier (22% de francophones), 82% dans Saint-Laurent (39% de francophones), et plus de 80% dans Westmount-Saint-Louis, Nelligan et Mont-Royal... Il y a au Québec 37 circonscriptions où la proportion de francophones est inférieure à 80% : le PLQ en a raflé 35 avec des majorités plus qu'impressionnantes. Québec Solidaire, qui recrute plusieurs électeurs fédéralistes de gauche, a remporté les deux autres (Ste-Marie-St-Jacques et Mercier).
Dans les 88 autres circonscriptions québécoises, où les francophones forment entre 80,5% et 99,7% de l'électorat, le PLQ en rafle 35, le Parti Québécois 30, la CAQ 22 et Québec Solidaire une. L'expression d'une saine diversité ! Le PLQ prend sa bonne part du vote francophone, comme les autres formations, mais il est le seul et unique bénéficiaire du vote non francophone. Plus le pourcentage d'électeurs non francophones augmente, sauf quelques exceptions, plus la majorité libérale devient écrasante. Dans une dizaine de circonscriptions très francophones, le PLQ a gagné avec moins de 40% des suffrages exprimés.
Les formations souverainistes auraient avantage à intégrer à leurs analyses les chiffres sur l'effet de bloc du vote non francophone. Option Nationale est certes devenue marginale, mais encore une fois, la concurrence entre le PQ et QS eu un effet appréciable sur l'échiquier politique... J'écoutais l'autre jour l'album L'heptade, d'Harmonium, et revoyais sous un jour nouveau ces paroles sages de la chanson Comme un fou de Michel Normandeau : « Non mon petit gars non, ç'p'a d'même qu'on s'y prend non »...
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Tant que votre discours conservera ses relents de communautarisme (perçu de l'extérieur), vous n'attirerez pas grand monde. C'est ce qu'à compris QS dont, comme vous le remarquerez, la chefferie est compose d'un "pure laine" et d'un "néo" (pour faire simple). Les termes comme "peuple" (au lieu de "citoyens"), comme "francophones" (au lieu de "citoyens"), des "on veut un pays" alors qu'un pays se construit autour de buts communs, et non l'inverse, tout cela rebute. Quand vous offrez un projet qui leur dit qu'ils seront tolérés et non des partenaires à part entière, comment voulez-vous qu'ils ne votent pas autrement?
RépondreSupprimerJe n'ai pas de «discours», et les termes que j'utilise sont ceux, qui je crois, me permettent le mieux de préciser mes observations. Je ne comprends pas votre allusion aux «relents de communautarisme», et si mes propos «n'attirent pas grand monde», tant pis. Je tiens plus à m'exprimer qu'à être lu. Merci de votre commentaire. Au plaisir.
RépondreSupprimerCe n'est pas un discours aux relents communautaristes, c'est un constat tout simplement! Alors ne vous offusquez pas outre mesure M.Ed
RépondreSupprimerDiane
Désolée pour le malentendu, M. Allard. J'ai employé ici le vocable « vous » en référence au discours du « nous » vs « eux ». Quant au fait d'attirer le monde, encore là, je faisais référence aux partis qui prônent une souveraineté exclusive parce que basée sur une identité qui fait abstraction de l' « autre » alors que nous vivons tous et toutes sur cette terre d'Amérique dans une interdépendance. Que celle-ci soit contrainte, pour reprendre le professeur Letourneau, il reste que nous aurions tout intérêt à établir les modalités de cette existence partagée avant que des éléments extrémistes de tout acabit nous forcent dans une voie désespérante.
RépondreSupprimerPeu importe ce qui va arriver.. les anglais vont toujours voter contre tout parti supporter par le québécois français outre le PLQ..
RépondreSupprimeron est une sous-race pour eux hehe ;)
J'aimerais que ça soit un mensonge mais la preuve est partout sur internet.. dans tout les discussions, dans tout les forums, dans les medias anglais etc.. dans leur façon de discuter de nous.. nous limitant a la xenophobie, raciste, indépendantiste,victime, contre l'anglais, contre le canada, incapable de gérer un pays et le budget... etc.. ils ont pas besoin d'arguments valables, des mensonges crier tout eux est assez pour eux.. ils ne suivent que la masse d'anglais sans se sentir coupable de cracher non stop sur leur frères et soeur..
Moi je suis contre cette dictature du tout-anglais partout. On parle souvent d'un Québec multiculturel mais où donc est cette multiculture? On entend que des chansons en anglais partout, même dans les radios francophones, 100% du temps. Remplacer sa langue par l'anglais n'est pas de la multiculture, ça.
RépondreSupprimerLa réalité, c'est qu'on essaie de nous imposer la culture et les valeurs du roc depuis des décennies au travail et dans la vie de tous les jours. Longtemps, ils employaient la force. Maintenant qu'ils ne peuvent plus, ils essaient tout bonnement de nous culpabiliser pour nous inciter à vivre en anglais.
On nous traite de raciste car on ne se met pas à genoux devant le 8% de la population qui veut nous obliger à vivre en anglais. Mais les anglophones sont quoi eux autres? Quand est-ce qu'eux-autres, il s'ouvrent au reste du monde? Quand est-ce qu'ils font le moindre effort pour apprendre d'autres langues? Jamais. Ils voudraient que ça se passe en anglais tout le temps et dès qu'on leur demande de respecter la majorité, chose qu'ils refusent de faire, ils jouent aux victimes et disent qu'on leur empêche de parler anglais. Il faudrait que tout soit en anglais tout le temps sinon ils crient aux scandale international.
Non mais ça suffit. On a le droit de vivre dans notre langue sans se faire attaquer sans cesse. Il ne faut pas céder à leur tentative de culpabilisation car c'est juste une tactique pour mieux nous assimiler, ça. Ça fait des siècles qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour que l'anglais remplace le français partout où il est présent.
De plus, la mondialisation là, le monde, ce n'est pas juste l'anglais. D'autre langues existent aussi et ont droit au respect elles aussi. Alors lâchez-nous avec l'anglais, c'est la langue du monde. Il en existe d'autres aussi.
En 2012, Pierre Serré de l'Action Nationale a fait une analyse qui démontre en effet l'influence de plus en plus grandissante du vote non francophone:
RépondreSupprimerhttp://www.action-nationale.qc.ca/elections-2012-les-passes-dangereuses/188-la-fin-des-gouvernements-pequistes-majoritaires
Justement, parce que le vote non francophone fait bloc, tandis que le vote francophone se fragmente.
Ça prendrait un autre Meech pour que les francophones finissent par comprendre qu'ils sont assiégés.
La fin des gouvernements péquistes majoritaires
Supprimer- Pierre Serré
http://www.action-nationale.qc.ca/2011-06-30-23-44-4/numeros-publies-en-2012/107-septembre-octobre-2012/elections-2012-les-passes-dangereuses/188-la-fin-des-gouvernements-pequistes-majoritaires
« Pour moi, 50 à 65 pour cent représente un votre démocratique, 80 pour cent un vote xénophobe et 97 pour cent… c’est un vote carrément raciste. » – 1995 (sur le vote anglophone qui aurait été de 97 pour cent pour le Non selon un sondage) -Pierre Bourgault
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/#!/photo.php?fbid=166457773524843&set=a.104549863048968.153.102161909954430&type=1&theater