vendredi 18 avril 2014
Pontiac - le PLQ, parti unique!
Dans la circonscription de Pontiac, le candidat libéral André Fortin a obtenu 76% des suffrages au scrutin du 7 avril. C'est la proportion la plus élevée obtenue par le PLQ à l'extérieur du West Island de la région montréalaise. Et dans les secteurs les plus anglophones de Pontiac, des secteurs largement ruraux dans le nord-ouest, au bout de la route 148, la part du vote libéral frise le 100% !!!
Laissez-moi vous parler de quatre de ces municipalités. Trois sont contiguës : Sheenboro, Chichester et Waltham. Dans Sheenboro (population d'environ 130), il reste seulement 5 francophones selon le critère de la langue maternelle, mais aucun n'utilise surtout le français à la maison… Dans ce bled, le Parti libéral a raflé, le jour du scrutin, 57 des 58 votes! Le seul dissident a coché la case de Québec Solidaire…
À la suivante, Chichester (pop. environ 365). Il y a peut-être eu jadis plus de francophones, depuis longtemps assimilés ou en voie d'anglicisation, mais pour l'instant, on en dénombre 35 (moins de 10% de la population). Selon le critère de la langue la plus souvent parlée à la maison, la minorité francophone rétrécit et oscille autour de… 15 personnes. Un taux d'assimilation de plus de 50%… Le PLQ récolte, le 7 avril, 146 des 148 voix exprimées! Là, seuls deux excentriques ont voté ailleurs, un pour la CAQ, l'autre pour le PQ…
Quelques km de plus vers l'est et on arrive à Waltham (pop. 385), où les francophones forment 21% de la population selon la langue maternelle mais seulement 9% selon la langue d'usage. Une assimilation agressive et rapide de près de 60% des parlant français. Sur 196 votes exprimés le 7 avril, 191 vont au PLQ, 1 au Parti marxiste-léniniste, 1 à Québec Solidaire, 1 à la CAQ et 2 au PQ. Dans ces trois municipalités, le PLQ engrange entre 97 et 99% du vote.
Un peu plus au sud, sur les rives de l'Outaouais, il y a la petite municipalité de Portage-du-Fort, où 220 des 265 résidents parlent uniquement l'anglais. Encore là, les francophones qui restent perdent leur langue et leur culture à un rythme alarmant. Sur 87 votes exprimés le 7 avril, 86 vont au PLQ, et un à Québec Solidaire… Donc, dans ces quatre municipalités, parmi les plus anglophones du Pontiac et du Québec, le 7 avril, neuf personnes seulement ont voté contre le PLQ et on peut supposer, sans trop craindre de se tromper, que la plupart sont francophones. On est en droit de se demander si un seul anglophone de ces localités a voté contre André Fortin…
Si on voulait une preuve que les anglophones votent en bloc - et c'est un vote clairement identitaire, contre l'autonomie et la francisation accrues du Québec - on n'a qu'à regarder ces résultats, et les autres dans les centres anglophones du Pontiac : 97% pour les libéraux dans Clarendon (anglo à 92%), 96% à Shawville (92% anglophone), 92% à Bristol (anglophone à 81%)…
Dans le petit bloc de trois municipalités enclavées à majorité francophone, les résultats sont un peu moins unanimes, quoique le PLQ y obtient encore des majorités écrasantes : 82% des votes dans Mansfield-et-Pontefract (francophone à 79%); 79% des voix à Fort-Coulonge (83% de francophones) et 72% à l'Île-du-Grand-Calumet (65% de francophones). Les partis d'opposition vont y chercher entre 18 et 28 pour cent des suffrages…
Dans le secteur urbain et sa périphérie, à majorité francophones, les résultats sont similaires à ceux des autres localités francophones. Notons, en passant, que la dynamique linguistique favorise presque toujours l'anglais peu importe le coin du Pontiac et que même dans les secteurs à majorité francophone, l'assimilation joue en faveur des anglophones…
Dans la municipalité de Pontiac (pop. 5625), située en périphérie ouest de la ville de Gatineau, les anglophones forment 39% de la population selon la langue maternelle, mais 45% selon la langue la plus souvent parlée a domicile. Le PLQ y rafle 78% des votes exprimés le 7 avril, contre 9% à la CAQ, 8,5% au PQ et 4,2% à QS. Le score de l'opposition réunie dépasse à peine 20% mais ça change un peu de l'unanimité des secteurs anglophones du centre et de l'ouest de la circonscription.
Le secteur ouest de la ville de Gatineau (l'ancienne ville d'Aylmer) est francophone à plus de 60% mais c'est tout de même le coin le plus anglophone de la métropole de l'Outaouais. On y trouve autour de 60% des électeurs de Pontiac. Le candidat libéral y recueille, le 7 avril (sans ajouter le vote par anticipation), près de 13000 des 18000 voix exprimées dans l'ex-Aylmer, soit 70,9% du total. Cela laisse à l'opposition près de 30% des suffrages, répartis ainsi : CAQ (11,4%), PQ (8,9%) et QS (8,3%).
Si on voulait la preuve que cette campagne électorale était référendaire pour l'ensemble des non-francophones et une bonne partie des francophones, Pontiac en donne la preuve. Ici, la peur de l'indépendance et d'un éventuel référendum joue à plein! Dans certains coins du comté, on se croirait en Ontario, et les francophones (à l'ouest de la ville de Gatineau) y ont été persécutés et assimilés depuis la fin du 19e siècle, au point d'une certaine déconstruction identitaire. Les forces vives de la francophonie, toutes actives qu'elles soient, y sont faibles en nombres.
En voyant le député André Fortin prêter serment en anglais (je suppose qu'il l'avait fait auparavant en français et que Radio-Canada ne l'a pas inclus dans son topo), j'ai songé que cette circonscription incarne tous les défauts d'un bilinguisme collectif que Philippe Couillard voudrait étendre à l'échelle du Québec : un bilinguisme imposé aux seuls francophones, les obligeant à fonctionner dans les deux langues pendant que les anglophones ont l'option de rester, à toutes fins utiles, unilingues anglais…
L'extermination culturelle graduelle des Pontissois francophones ne semble pas intéresser les Québécois des autres régions. Les signes d'érosion de la francophonie dans la Basse-Gatineau et autour du West Island suscitent la même indifférence générale. Misère...
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Résultats finals dans Pontiac
André Fortin (PLQ) 25659 - 75,76%
Michel Mongeon (CAQ) 3026 - 8,93%
Maryse Vallières-Murray (PQ) 2897 - 8,55%
Charmain Levy (QS) 2157 - 6,37%
Louis Lang (PMLQ) 131 - 0,39%
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Pontiac Québécois et le role de l’Église
RépondreSupprimerhttp://archives.lautjournal.info/autjourarchives.asp?article=1630&noj=221
http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2002/les-sacrifies-de-la-bonne-entente.html
LES SACRIFIÉS DE LA BONNE ENTENTE
Lundi 18 novembre 2002
Les Sacrifiés de la bonne entente raconte l'histoire des francophones du Pontiac. Mais l'anglicisation fait des ravages. Deux institutions vont assurer l'assimilation des francophones: l'école et l'Église. L'institution scolaire pontissoise, gérée majoritairement par des commissaires irlandais, refuse d'offrir un enseignement français à la hauteur du poids démographique des francophones, allant même jusqu'à appliquer dans ses écoles le règlement 17 ontarien de l'ORDRE D'ORANGE qui réclame l'enseignement « en anglais seulement », et des catholiques irlandais dirigés par l'évêque FALLON de London.
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