lundi 5 septembre 2016

L'anglais à la faculté de médecine à Gatineau! Au secours!

Des manchettes du Droit en mars 2014...

Allô, y'a quelqu'un? À Montréal? À Québec? À Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay, Rimouski, Yamachiche, Saint-Louis-du-Ha! Ha! et toutes ces localités exotiques pour qui l'Outaouais n'est, le plus souvent, qu'une simple tache dans le coin sud-ouest de la carte routière, coupée de l'Abitibi et reliée au reste du «vrai» Québec par une demi-autoroute qu'on a mis 40 ans à construire?

Si vous trouvez cette interpellation un peu rude, sachez qu'ici, dans l'ombre et les tentacules de la capitale fédérale, elle correspond à une perception répandue depuis très longtemps. Quand j'étais tout-petit (et Franco-Ontarien d'Ottawa), on entendait les gens de l'autre rive dire que Hull (aujourd'hui Gatineau) était le trou-de-cul du Québec. Excusez la vulgarité, mais c'est ainsi que je l'avais entendu… Ce sentiment d'oubli et d'isolement était certainement, en partie, fondé…

Le «vrai» Québec pourrait relancer la balle aux gens des rives de l'Outaouais, en les blâmant de s'être contentés de vivre en banlieue ontarienne. Et ce serait sans doute, en partie, fondé. Je me souviens d'un ancien collègue journaliste du Droit, originaire de Sherbrooke, qui me disait au début des années 1970 qu'en Outaouais, le Québec commençait à Papineauville. Toute la région à l'ouest, c'était «perdu», pour de bon… Et cela m'enrageait, même si j'étais toujours Franco-Ontarien...

Il était déjà retourné en Estrie quand, un an après mon arrivée au Québec, les circonscriptions de Hull et Papineau (aujourd'hui Chapleau) ont élu de justesse des députés du Parti québécois dans le premier gouvernement de René Lévesque. Mais cela n'a pas duré et depuis 1981, les libéraux peuvent gagner ici sans même faire de campagne. Un électorat captif, docile, qui répond bien aux stratégies de peur du séparatisme… dont abuse le PLQ…

Alors c'est aujourd'hui comme jadis. Le PQ n'a rien à gagner ici. Les libéraux n'ont rien à perdre. L'Outaouais ne compte plus… ou si peu… Les francophones du Pontiac se font assimiler et, à l'occasion, persécuter depuis 150 ans? Bof… Nos députés libéraux de la région ne montent aux barricades que pour défendre les anglos contre l'OLF et la Loi 101… Désespérés, les quelques francophones qui luttent toujours dans le Pontiac ont récemment lancé un appel à l'aide aux Franco-Ontariens! Leurs arrière-grands-parents avaient fait la même chose au début des années 1930…

Ce mardi 6 septembre, le premier ministre Couillard et son ministre de la Santé Gaétan Barrette, flanqués de quelques père Ovide, ont annoncé le début de la construction d'une faculté satellite de médecine de l'Université McGill, dans l'édifice de l'urgence de l'hôpital de Gatineau. Selon l'article paru dans le quotidien Le Droit (information maintenant confirmée), l'enseignement magistral se ferait en anglais! Dans une région de langue française, dans un hôpital de langue française, pour des étudiants de langue française!

Je ne sais pas si les reporters présents ont insisté sur cette question, qui avait défrayé les manchettes en 2014 en pleine campagne électorale, celle qui a vu la déconfiture du gouvernement Marois, mais on a confirmé ce matin que tous les cours magistraux des premiers 18 mois de formation seront donnés en anglais. L'Université McGill l'avait annoncé il y a deux ans, en précisant qu'une éventuelle francisation (si elle a lieu, et personne n'en parle...) pourrait prendre une dizaine d'années…

Le quotidien Le Droit avait vivement protesté en éditorial, ainsi que le recteur d'alors à l'Université du Québec en Outaouais, Jean Vaillancourt. On aurait pu souhaiter une levée de boucliers de nos députés, mais non! La députée de Hull, Maryse Gaudreault, réélue bien sûr, a fait savoir à ses électeurs de langue française, au sujet de l'enseignement en anglais à la faculté de médecine: «C'est ça ou rien!» Une bravoure étouffante! Quant au PQ de 2014, engagé dans la lutte électorale, il avait promis de «réfléchir avec soin à l'aspect de la langue». Avec des «amis» comme ça sur la ligne de front, on ne va pas au combat…

Évidemment, cette annonce a laissé une fois de plus le reste du Québec indifférent. En a-t-il même été informé? Probablement pas… Mais désormais, la question se pose de nouveau. Pourquoi obligerait-on des étudiants francophones du Québec à connaître l'anglais pour pouvoir étudier la médecine dans une région francophone, dans un hôpital de langue française? C'est honteux, d'autant plus qu'ils peuvent faire leur médecine en français au grand complet à l'Université d'Ottawa, du côté ontarien! Ciel!

Si, en septembre 2016, on avait annoncé que McGill avait entièrement francisé son programme pour l'Outaouais, la question aurait été réglée. Je me tairais. Je les féliciterais, même, avec un bon mot pour notre députation libérale! Mais ce n'est pas le cas! L'Outaouais francophone, avec l'appui du Québec tout entier, devra faire savoir qu'il est inacceptable d'avoir à se battre pour étudier la médecine en français à l'université dans un État où la seule langue officielle reste - pour le moment - le français…

Toute solution autre que la francisation complète dès le départ est à rejeter. Parce que toute autre solution, même avec une transition de 3, 5 ou 10 ans, oblige les francophones à fréquenter une université bilingue! Et à connaître l'anglais! (Rappel aux chantres du bilinguisme à la canadienne: je n'ai rien contre le bilinguisme et le plurilinguisme volontaire, j'en ai contre celui qu'on nous impose et qui aboutit à moyen et long terme à l'anglicisation collective…).

Alors, avis à ce «vrai» Québec dont nous sommes trop souvent coupés… Des gens de l'Outaouais vont se lever aujourd'hui, demain pour défendre l'université française… Ils ne seront pas nombreux, ils ne le sont jamais dans une région où la peur est devenue un régime permanent… Mais ils auront besoin de l'appui de Montréal, de Québec, de Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay, Rimouski, Yamachiche et même de Saint-Louis-du-Ha! Ha! 

Au secours!!!

4 commentaires:

  1. Au Québec, une université francophone doit enseigner en français! Ce n'est pas négociable. Cependant il faut savoir, qu'en toutes matières, les références sont souvent en anglais. Le Québec a la responsabilité de préparer les futurs étudiants universitaires à cet état de fait.

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    1. Les références.oui. mais le cours...c'est gravissime.

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  2. Faut aller loin. A l'Université de Montréal , j'ai eu un cours en anglais..même!les questions et les réponses se faisaient en anglais. Le prof ne maîtrisait pas le français...

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  3. Ah..j'ai oublié. J'en avisé mepe l'ombudsman. Ça ne semblait pas l'inquiéter plus que ça..

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