vendredi 5 février 2016

Le «Fonds Canada 150», c'est aussi à nous...


Avez-vous entendu parler du «Fonds Canada 150»? C'est un fonds fédéral, mis sur pied sous l'égide de Patrimoine canadien, ayant «pour but d'offrir aux Canadiens la possibilité de participer en 2017 à des célébrations locales, régionales et nationales (dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération) qui contribuent à renforcer un sentiment de fierté et d'appartenance au Canada».

Un fonds de propagande, quoi… auquel s'abreuveront des municipalités, des écoles, des entreprises et une diversité d'organismes et d'associations, d'un océan à l'autre. On nous inondera de concerts, de rassemblements, d'expositions, de spectacles de tous genres, de colloques, de conférences, le tout dans trois océans d'unifoliés. Et c'est sans compter les grandes cérémonies officielles en l'honneur des 150 ans de «notre» beau et grand, bilingue et multiculrurel pays…

Si Stephen Harper avait été réélu, on aurait sans doute subi un barrage d'événements militaires et royalistes… Avec l'arrivée du gouvernement de Justin Trudeau, la nouvelle ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, annonce plutôt des fêtes du 150e «progressistes»… sans trop préciser ce que cela signifie… Dans la capitale fédérale, ce sera, dit-on «spectaculaire et grandiose»… Quoiqu'il en soit, la «soupe aux piastres» sera distribuée généreusement à tous ceux et celles - anglophones surtout - qui voudront célébrer leur fierté et leur appartenance au Canada…

Les francophones - au Québec, en Acadie, en Ontario et dans l'Ouest - n'ont pas eu grand-chose à fêter depuis 1867. On n'a qu'à feuilleter un livre d'histoire pour s'en convaincre. Oh, y'en a des milliers qui vont célébrer le cent-cinquantenaire tout de même, souvent par conviction, certains portés par l'air de fête, d'autres ne voulant surtout pas compter parmi les «casseux» de partys. Mais un nombre bien plus grand de francophones, au Québec surtout, verra passer 2017 dans l'indifférence ou dans une méfiance teintée d'hostilité.

Une chose m'apparaît sûre, cependant (tiens, deux accents circonflexes dans la même phrase…). Même dans une saine résistance à la propagande fédérale, les Québécois et autres Canadiens de langue française ont tout avantage à souligner les 150 ans de la Confédération et à mettre le grappin sur leur juste part du «Fonds Canada 150». Pas pour agiter béatement des unifoliés, mais pour commémorer des événements et des personnes qui ont marqué les combats de la francophonie d'ici depuis 1867.

Les organisations de la francophonie hors-Québec et les groupes québécois qui s'intéressent à la promotion de la langue française ou à l'histoire nationale ont ici une occasion unique de profiter de la part des impôts qu'ils payent pour offrir au public des présentations instructives, propres à éclairer les citoyens et citoyennes sur les luttes qu'ont dû mener les francophones du Canada pour affirmer leurs droits linguistiques et culturels contre une majorité trop souvent hostile et intolérante, parfois raciste.

Ici, peu importe leur vision du fédéralisme ou leur opinion sur le statut constitutionnel du Québec, les francophones de tous les coins du Canada et du Québec peuvent faire cause commune et transformer au moins une petite partie de 2017 en oeuvre d'éducation historique et socio-politique.

Si Patrimoine canadien dit oui à de tels projets, tant mieux. Si Ottawa dit non à ces initiatives sous prétexte qu'elles ne renforcent pas «un sentiment de fierté et d'appartenance au Canada», les auteurs des projets auront beau jeu de dénoncer ce refus sur la place publique et d'affirmer que le gouvernement fédéral veut réécrire l'histoire du pays pour de simples fins de propagande…

L'Association canadienne-française de l'Alberta pourrait organiser une activité autour des efforts de protection de la langue française dans une province qui a répudié toute forme de bilinguisme dès sa création en 1905, jusqu'à la toute récente décision Caron-Boutet de la Cour suprême. La Société franco-manitobaine pourrait revenir avec force sur la rébellion des Métis sous Louis Riel et sur les persécutions  scolaires après 1890.

L'Assemblée de la Francophonie de l'Ontario peut fort bien souligner le centenaire des luttes les plus féroces contre l'ignoble Règlement 17, ainsi que la campagne en cours pour obtenir - enfin - une université de langue française dans cette province. Les organisations acadiennes peuvent également puiser dans un terreau des plus fertiles, de Caraquet à Pointe-à-l'Église.

Au Québec même, depuis l'époque des anciennes chicanes pour qu'on inscrive quelques mots de français sur les billets de banque et timbres du «Dominion» jusqu'aux offensives fédérales modernes contre tout ce qui pourrait affirmer le caractère distinct et francophone de l'ancien Bas-Canada (contestations de la Loi 101, nuit des longs couteaux, mesures de guerre, etc.), les sociétés historiques et les associations patriotiques telles que les SSJB et autres ne manquent pas de thèmes instructifs.

L'année 2017 approche et le temps de penser à des projets et stratégies, c'est tout de suite. Heureusement il n'est pas trop tard. La page Web de «Fonds Canada 150» (http://bit.ly/1NU4iOw) précise qu'«aucune date limite n'a été fixée pour la présentation des demandes de financement» de projets associés au 150e anniversaire de la Confédération. 

Le défi est lancé. Pourquoi laisser aux propagandistes du bilinguisme-multiculturalisme tous azimuts le monopole des fonds du cent-cinquantenaire? Un peu d'imagination, pour que la réalité des 150 dernières années ne se perde pas dans les vapeurs d'un pays des merveilles imaginé…

Célébrer, non! Souligner, informer, commémorer, OUI !

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Liens à quelques textes de blogue précédents sur 1867-2017…

Fêter les 150 ans du Canada? Non merci! Dans le Huffington Post à http://huff.to/1GjxBKM

Canada 1867-2017. Et le Canada français 1867-2017? Sur mon blogue. http://bit.ly/1PVnktf

Entre 1967 et 2017… Sur mon blogue. http://bit.ly/1zdm1MR



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