jeudi 21 mai 2015

Le Pontiac et les «gangsters de Montréal»...


Les francophones de la région du Pontiac ont été persécutés plus souvent qu'à leur tour depuis la Confédération. Et leur taux d'assimilation reste aujourd'hui comme une cicatrice à vif. C'est la seule région du Québec où les paroisses francophones sont soumises à l'autorité d'un diocèse anglophone et anglicisant de l'Ontario. Cela est important quand on tient compte du rôle primordial que l'Église catholique a joué dans les milieux scolaires jusqu'aux années 1960…

C'est le territoire québécois où la maladie du bilinguisme collectif a grugé le plus l'identité francophone. Les chiffres du recensement de 2011 en témoignent crûment. Pas besoin d'avoir un doctorat pour comprendre le sens des données suivantes: 40% de la population du Pontiac est de langue maternelle française, mais seulement 34% utilisent le plus souvent le français à la maison. Comparez aux anglos: ils forment 56% de la population selon la langue maternelle, mais plus de 63% quand on utilise le critère de la langue la plus souvent parlée à la maison…

Ici le bilinguisme anglicise, comme chez les minorités francophones à l'extérieur du Québec. Preuve? La grande majorité des anglophones du Pontiac sont unilingues (près de 75%) alors que les francophones sont massivement bilingues (près de 80%).

Vous n'avez qu'à regarder les annonces de mariage ou les avis de décès pour voir ce qui se passe. Des anglophones aux noms français, dont les parents et grands-parents étaient bilingues, et dont les ancêtres étaient francophones! Ce bilinguisme, celui qu'on nous sert en Outaouais sous les yeux complaisants de nos députés et conseils municipaux, permet depuis toujours aux anglos de vivre en anglais pendant qu'on oblige trop de francophones à se débrouiller dans les deux langues…

Alors retour au Pontiac où, souvent, on a peine à croire qu'il s'agit bel et bien d'une région du Québec… soumise (en principe) à la Loi 101. Dans un des fiefs les plus anti-francophones du coin, Shawville, des résidents avaient littéralement chassé des inspecteurs de l'Office de la langue française en 1999… La bonne entente, dans le Pontiac, cette bonne entente que les élites donnent en exemple au reste du Québec, n'existe que parce que l'immense majorité des francophones accepte (ont-ils le choix?) de communiquer en anglais avec les anglophones…

Mais un nouveau conflit surgit ces jours-ci, alors que l'Office québécois de la langue française a décidé de sévir contre le «Pontiac Journal du Pontiac», l'hebdo bilingue de la région. Une injonction demandée et obtenue par l'OQLF en vertu de la Loi 101 obligerait le journal à avoir une section française du journal, avec sa propre publicité en français, et une section anglaise du journal, avec sa pub en anglais. Présentement tout est mêlé. La Loi 101 est plutôt obscure en cette matière et les articles invoqués ne portent, de fait, que sur le placement de la publicité.

Quoiqu'il en soit, et même s'il pourrait y avoir un débat intéressant sur le mérite et l'effet des publications bilingues dans différentes régions (pas seulement le Pontiac), ce qui frappe le plus dans cette affaire, c'est le ton qu'elle prend, surtout dans les textes anglais (reportages et éditorial) du Pontiac Journal du Pontiac. Notez la différence à la une. Le titre français? «L'OLF sévit contre le Journal». Le titre anglais? «Language police clamp down on The Journal»… L'OLF en français, la language police dans la langue de Shakespeare…

En page éditoriale, dans l'édition du 6 mai 2015, le titre de langue française parle d'inquisition et affirme, comme le texte anglais, que l'OLF «adopte des pratiques réglementaires proches de celles du Moyen-Âge»… affirmant que le bilinguisme «nous définit, nous enrichit et nous accompagne dans notre vie quotidienne même si cela déplaît à certaines personnes à Québec». Une fausseté évidente étant donné que seuls les francophones sont massivement bilingues et que l'anglais reste la langue dominante du Pontiac… Et le journal se lamente qu'on remet en question ses efforts «à établir une harmonie entre nos deux langues communautaires»…

Voilà pour le texte modéré… Le ton s'enlaidit quand l'éditeur du journal, Fred Ryan, prend la plume dans la page d'opinion. Sous le titre A sorry day, il commence par s'en prendre à l'auteur de la plainte à l'OLF, qu'il traite de vipère et de froussard, et à qui il reproche d'avoir appelé à l'aide «les gangsters de Montréal», ces «wannabe goose-steppers» (traduire par: ces apprentis Nazis)…

La conflit ne semble pas proche d'un règlement, les négociations entre le journal bilingue et l'OLF étant rompues depuis la mi-avril. Chez les 40% de francophones du Pontiac, peu de voix s'élèveront publiquement pour défendre l'Office de la langue française. Ils ont de bonnes raisons d'avoir peur des réactions de la majorité anglophone. Quand le reste du Québec s'intéressera-t-il aux Pontissois francophones abandonnés? Ce qui se passe ici se passera ailleurs au Québec d'ici une génération ou deux, si la tendance se maintient…

9 commentaires:

  1. Bonjour monsieur Allard,

    Je lis vos articles avec beaucoup d'intérêt, ainsi que le déroulement de la politique au Québec et au Canada depuis le milieu des années 50. Suite à votre question du 24 avril 2015 et votre texte d'aujourd'hui sur le Pontiac, je suis plutôt pessimiste pour l'avenir de la langue française, NOTRE langue, au Canada hors-Québec et aussi, à plus long terme, au Québec même.

    L'élection de monsieur Péladeau comme chef du parti québécois nous donne une très mince lueur d'espoir. Nous sommes très conscient que TOUT va être tenté pour l'écarter avant qu'il ne soit élu premier ministre du Québec, ce qui mettrait en danger d'éclatement le Canada............... leur Canada.

    Les gens, en général, ne semblent pas être conscients que nous sommes en guerre et que TOUT sera permis pour les canadiens anglophones et leurs thuriféraires francophones à-plat-ventristes du pouvoir.

    La haine est palpable au travers des commentaires qu'ils écrivent sur Facebook, Twitter, Huffington Post, Le Devoir, La Presse, même le Journal de Montréal, et sûrement dans les journaux anglophones, ils ne nous laisserons aucune chance. Certains sbires journalistes aussi, malheureusement, font le sale travail de sape.

    Il va nous falloir être très alerte devant les attaques qui vont venir de toutes parts. Le gouvernement du Québec, pour sa part, a commencé la démolition de nos joyaux.

    Gilles Sauvageau

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  2. Le role de l’Église catholique pour les Orangistes!!!

    Je vous rappelle le rôles des évêques catholiques , surtout irlandais, dans toutes les régions du Canada. Ex. les Acadiens sous le contrôle d’Halifax, la Trahison des Métis à Bâtoche, le rôle du clergé lors des excommunions des patriotes, sans parler de l'évêque FALLON de London, ON qui a appuyé les Orangistes pour implanter le règlement 17, qui interdisait l’enseignement en français en Ontario.

    Je vous suggère « Les Sacrifiés de la bonne entente » qui raconte l'histoire des francophones du Pontiac Québécois, où l'anglicisation a fait des ravages, grâce aux services de leurs évêques anglais de Pembroke en Ontario.

    http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2002/les-sacrifies-de-la-bonne-entente.html

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  3. What business is it of yours who speaks what language? Who do you pushy people think you are telling others what language to speak, what to wear, what to eat? You are a sick bunch of human beings and I would suggest that you mind your own damn business! Pontiac and Gatineau were long bilingual and everyone got along just fine! You people spreading your hate has done nothing but ruin our real estate values and ruined the communication between our two peoples. You are horrible, despicable people and WE ARE CANADIAN AND WILL REMAIN SO! If you don't like it, move the backass part of Quebec and leave us to hell alone! Sick of the lot of you!

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    1. In your violently-worded answer, I can feel the very definition of hate. But then, I am used to it, having grown up as a French-Canadian in Ontario.

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    2. Excellente réponse à la bêtise humaine. Il n'y a rien à faire avec ce Richard Bain en herbe. Rien à ajouter.

      Gilles Sauvageau

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    3. Bain is as relevant to me as the FLQ is to you. Silly, silly response. I don't "hate" francophones - I hate the shit disturbers that won't let us live in peace with one another as we have for over 60 years and it's none of your business in what language I communicate with my friends and neighbours just like it is none of mine what language you communicate in with your friends and neighbours. Only separatists think it is their business what everyone else does and have bankrupt this province with this damn nonsense that has devalued our properties and hurt our economy badly. It is you that has displayed your stupidity and hate for everyone that is not pure laine francophone and let me tell you I am as proud of my heritage as you are of yours. Pain in the butts - all of you separatists that think you are better than everyone else! Disgusting troublemakers.

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    4. If I thought any response from me could further rational dialogue, I would try. So just let it all out if it makes you feel better...

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    5. I will never be able to "let it all out" about the maltreatment of your friends and neighbours because of your desire to become a "country" nor forgive you people for bankrupting us and making our properties valueless because no one wants to move here any longer. I hope all this makes you feel good and get used to the idea of partition because that's where this is headed. Over hall the population are not interested in your silly desire to leave Canada and unless you are willing to fight in the streets, get ready to move on!

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  4. Dehors les Libéraux! Vive PKP! Vive l'indépendance du Québec!

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