samedi 22 mars 2014

Tous contre le PQ ?

                          Vraiment?

Le Parti québécois, durant cette campagne électorale (et, sans doute, durant toute campagne électorale ou référendaire), a contre lui :

* l'ensemble des pages éditoriales francophones du Québec (à l'exception, et pas toujours, du Devoir) ainsi que la grande majorité des chroniqueurs des médias nationaux et régionaux;

* la quasi impossibilité d'assurer une couverture efficace de sa campagne (pas le seul parti dans cette situation, toutefois) à cause de l'agenda des médias imprimés et électroniques, et de la publication incessante de sondages médiatiques qui viennent indûment perturber toute la dynamique des campagnes électorales;

* l'ensemble des pages éditoriales, des chroniqueurs et des salles de rédaction des médias anglo-québécois et anglo-canadiens, ouvertement hostiles et plus que parfois hystériques, ayant diabolisé les «séparatistes» et tout ce qui s'en rapproche;

* tous les partis d'opposition (y compris Québec Solidaire) qui semblent avoir fait du PQ le seul ennemi qu'il faut vraiment abattre;

* tous les partis fédéraux, qui sont tout sauf neutres dans cette campagne, et l'ensemble de l'appareil fédéral sous la gouverne du parti de Stephen Harper;

* une armée de soi-disant experts économiques, toujours prompts à démontrer savamment qu'un Québec souverain serait moins viable qu'un Québec fédéré;

* un bloc implacable de 20 à 25% d'électeurs québécois anglophones, anglicisés ou en voie/à risque d'anglicisation qui ne participe jamais au débat de façon constructive, et qui se contente de s'opposer à tout ce qui favorise un Québec plus autonome et plus français;

* un nombre indéterminé de magouilleurs professionnels, prêts à tous les sales coups pour discréditer le PQ et son option;

* la peur irrationnelle, et toujours bien entretenue, d'une proportion appréciable du public devant la possibilité d'un autre référendum;

* et j'en passe.

De plus le Parti québécois, comme tous les autres partis, commet et continuera de commettre ses propres erreurs à l'interne, de contenu et de stratégie, dont il est seul responsable et qui, dans le contexte actuel, ne font qu'aggraver ses problèmes.

Que le PQ puisse gagner à l'occasion des élections dans de telles conditions atteste du petit côté rebelle qui a permis au peuple québécois, pendant plus d'un siècle, de survivre à l'étouffement de l'intégrisme clérical. Cette fois, l'élection ayant pris une drôle de tournure référendaire, l'opposition a sorti le rouleau compresseur...

La plupart des authentiques fédéralistes ont foutu le camp depuis longtemps. Il en reste très peu qui comprennent les véritables rouages d'une fédération, l'équilibre, l'indépendance et l'interdépendance qui doit exister entre les deux principaux niveaux de gouvernement, et surtout l'essentielle asymétrie d'un fédéralisme plurinational. 

Les vrais adversaires des souverainistes sont désormais des centralisateurs, partisans d'un Québec bilingue et tranquille, province-presque-comme-les-autres, soumise aux volontés d'Ottawa dans un Canada de plus en plus anglais. Et nombreux sont ceux, in-Québec et hors-Québec, qui sont prêts à asséner le coup de grâce à cette nation francophone qui les irrite depuis trop longtemps, qui n'a jamais accepté sa défaite historique...

La langue française est en danger. La laïcité est menacée. Notre poids dans la fédération diminue à chaque recensement. Un effritement identitaire se fait sentir dans nos secteurs frontaliers de l'Outaouais et dans la métropole. Cette élection, déclenchée sans motif suffisant par un PQ trop confiant (encore les sondages), risque de devenir un point tournant dans notre histoire. Et la forte présence du parti de Pauline Marois dans les médias sociaux risque de ne pas suffire pour sauver la mise...

Évidemment, tout peut arriver d'ici le 7 avril, mais aux militants péquistes, je me permets une suggestion : en plus de travailler très, très fort, une petite neuvaine à votre saint ou sainte préféré-e (pendant qu'il est encore temps) ne serait pas de trop...









8 commentaires:

  1. Je trouve qu'à cette étape-ci de la campagne électorale, ni le PQ, ni QS n'ont intérêt commun à se lancer toutes sortes d'invectives par les réseaux sociaux sur la question nationale.

    La perspective de l'élection d'un gouvernement libéral répugne à ma raison, soyons clair, et à la raison de la grande majorité des indépendantistes du Québec, j'en suis convaincu.

    À cette étape-ci de la campagne, il est trop tard pour convaincre des militants de QS de joindre les rangs du PQ pour espérer remporter la majorité le 7 avril, et inversement, la chose est peine perdue également.

    Cependant la perspective d'un gouvernement libéral majoritaire, elle, est une menace bien réelle, et il faut prendre les moyens de la combattre.

    Par un appel au vote stratégique? Certainement pas.

    J'ai invité un député-ministre du PQ à entreprendre du travail de coulisse, avec les gens de son entourage au PQ ayant l'esprit ouvert, pour des négociations avec des gens de la direction de QS, et ce, dans le but de concéder, immédiatement, de part et d'autre, des circonscriptions à l'autre parti où les chances d'élire un député est la plus réelle.

    Autrement dit, chacun devra accepter, autant à QS qu'au PQ, de retirer des candidats respectifs, et ce, dans le but de former un gouvernement de coalition. Nous n'avons plus le choix de l'envisager ainsi, sous cet angle, si nous ne voulons pas être forcés de vivre quatre années d'un gouvernement libéral majoritaire.

    Si je me restreins, intellectuellement parlant (car je suis un militant de QS), à me faire à l'idée d'une telle coalition gouvernementale, c'est que l'heure est grave, comme vous le soulevez à juste titre monsieur Allard. Je suis conscient que cela va demander des concessions idéologiques, pour un certain temps à QS, et l'inverse est semblable au PQ. Et puisque le PQ est le plus grand, en termes d'expériences au gouvernement et en nombres d'adhérents, pourquoi ne ferait-il pas preuve d'humilité en effectuant les premiers pas, en offrant d'emblée quelque chose d'intéressant pour fin de discussions à QS?

    Je me suis décollé le nez de l'arbre pour avoir un regard clair sur l'horizon au 7 avril, je sais que plusieurs péquistes ont la capacité d'en faire autant.

    Normand Perry
    http://normandperry.blogspot.ca/

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  2. J'ai relancé votre commentaire sur Twitter. Si vous l'aviez déjà fait, le clou sera martelé deux fois. Merci de votre apport à la discussion.

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  3. Nous avons eu presque la même idée en même temps, car je viens de créer un billet de blogue à partir de mon commentaire ici, que j'ai ensuite posté également sur Twitter. (http://normandperry.blogspot.ca/2014/03/lorsque-lheure-est-grave-il-faut.html).

    C'est un plaisir de collaborer lorsque la discussion est relevée ;-)

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  4. Je partage votre point de vue sur l'importance d'échanges plus relevés. Au plaisir.

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  5. Si 2 millions de souverainistes n'arrivent pas à créer et faire vivre un quotidien qui défend leur point de vue, ils n'ont qu'à s'en prendre qu'à eux même. Faut arrêter de se plaindre de la partialité des médias, ça ne changera pas.

    La seule solution (mais je doute que ça arrive) c'est la création d'un quotidien clairement souverainiste.

    Jean Émard

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    1. Je ne m'en plains pas. Je constate, et j'en tire des conclusions.

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    2. Je ne parlais pas de vous. Je lis des dizaines de messages TW tous les jours, de ceux qui dénoncen tle fait que La Presse ou un autre média manque d'objectivité.

      Jean Émard

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  6. Pauline , firme de genie conseil.

    https://www.youtube.com/watch?v=5pQsdacqK8M

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