lundi 18 avril 2016

Une bombe à fragmentation...

Photo à la manifestation du 18 février à Toronto
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«Nous savons, grâce à des recherches et des statistiques relativement récentes (notamment celles de chercheurs tels que le professeur Raymond Mougeon), que les élèves francophones du Centre-Sud-Ouest, de Toronto en particulier, ne désirent pas étudier dans une université unilingue francophone, préférant une institution bilingue, et pourtant, plusieurs insistent toujours pour que Toronto accueille (une future université franco-ontarienne).

«Nous savons que le bilinguisme n'est ni perçu ni vécu de la même façon à Toronto qu'il ne l'est dans les régions où la concentration de francophones est plus forte. Le bilinguisme à Toronto n'est pas simplement une question instrumentale, mais bien d'identité. La majorité des jeunes Franco-Ontariens de la région du Centre-Sud-Ouest s'identifient principalement comme bilingues.»
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C'est une véritable bombe à fragmentation que Donald Ipperciel, principal du Collège universitaire bilingue Glendon, à Toronto, vient de lancer dans le débat jusque là assez paisible sur le projet d'université franco-ontarienne. 


Le recteur Allan Rock, de l'Université d'Ottawa, n'y était pas allé avec le dos de la cuillère en octobre 2014 quand il avait affirmé péremptoirement que l'université franco-ontarienne existait déjà (l'Université d'Ottawa en étant l'incarnation…), mais son collègue de Glendon va bien plus loin!

Dans son texte à #OnFr, la tribune d'actualité du Groupe Média TFO (voir http://bit.ly/20O2boq), Donald Ipperciel attaque sur trois fronts l'évolution actuelle du projet d'université de langue française, mis en branle dans sa mouture la plus récente par le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) auquel se sont associés la FESFO (élèves du secondaire franco-ontarien) et l'AFO (Assemblée de la Francophonie de l'Ontario):

1) Il s'oppose à Toronto comme site d'un éventuel premier campus de cette université, un choix qui semblait pourtant rallier le gouvernement Wynne et les organismes de l'Ontario français.

2) Il affirme que les élèves franco-ontariens du Centre-Sud-Ouest ne veulent pas d'une université de langue française, s'appuyant sur des études inédites du chercheur Raymond Mougeon qu'il faudra mettre vite dans le domaine public…

3) Et le coup de grâce… il ajoute que la majorité des étudiants franco-ontariens du Centre-Sud-Ouest de la province ne se considèrent plus francophones... mais bilingues. C'est l'identité culturelle même de cette jeunesse qu'il met en cause!

On pouvait certes d'en prendre à l'arrogance du recteur Allan Rock, soi-disant francophile, dans sa proclamation de l'Université d'Ottawa comme vaisseau amiral de l'universitaire franco-ontarien, mais au moins cette institution s'est-elle donnée comme vocation partielle d'offrir un cheminement académique unilingue français dans l'immense majorité des disciplines.

Elle ne s'intéresse pas d'abord à une clientèle qui, au niveau identitaire, titube sur la frontière culturelle en attendant, presque invariablement, dans la génération suivante, de devenir unilingue anglaise. Mais ce que dit M. Ipperciel, de sa clientèle torontoise et du sud-ouest ontarien, c'est que l'environnement anglophone a asséné un coup mortel aux espoirs francophones et qu'en attendant l'assimilation totale, le mieux qu'on puisse espérer pour attirer ces jeunes francos-anglos, c'est un milieu universitaire bilingue où l'on met en place des éléments de construction identitaire…

Évidemment, par le ton, le message de M. Ipperciel ressemble beaucoup à celui que les autorités relancent régulièrement aux générations montantes quand, croyant avoir décelé une injustice à corriger, ces dernières agitent de nobles idéaux. Les jeunes, leur dit-on, vos rêves sont très beaux mais nos manières d'agir se forgent depuis des générations, elles ont fait leurs preuves et surtout, elles s'appuient sur des données solides et récentes qu'apparemment, vous ne possédez pas!

Eh bien, ces données, attribuées à un chercheur crédible, Raymond Mougeon, qui a «entrepris de vastes enquêtes sur les communautés francophones de l'Ontario» (voir http://bit.ly/1WB3siz), doivent être mises sur la table sans délai, pour être examinées par d'autres que ceux qui s'en servent pour opposer le projet d'université franco-ontarienne. Les RÉFO, FESFO et AFO doivent les exiger, compte tenu de l'utilisation qu'on vient de faire de ces travaux de recherche.

Le RÉFO et ses alliés ont accompli le quasi impossible depuis quatre ans avec les moyens du bord. Ils sont démunis face aux puissantes bureaucraties gouvernementales et universitaires. L'Université d'Ottawa à elle seule administre un budget de près d'un milliard de dollars par année. Le rouleau compresseur est en marche, même si quelques profs ont commencé à élever la voix et à lancer des défis aux recteurs des universités bilingues…

Ottawa et Glendon ont sorti leurs griffes… Les étudiants franco-ontariens et leurs alliés de tous âges doivent rester à l'offensive et exiger que toutes les parties jouent cartes sur table. Et surtout, ne jamais oublier que la justice n'a rien à voir avec le soi-disant «réalisme» d'un projet. Le pragmatisme ne doit pas servir à défendre l'injustifiable.









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