samedi 28 mars 2015

Bravo Mme Kenny !

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Canada 150 (-) – Fort. Fier. Libre

En , les Canadiens de partout au pays fêteront le 150e anniversaire de la Confédération. Le gouvernement du Canada invite les Canadiens à découvrir les événements marquants qui ont façonné l’histoire de leur pays et à exprimer leur fierté pour tout ce que le Canada représente : un pays fortfier et libre.

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Cette invitation, tirée du site Web de Patrimoine canadien, sera sans doute reprise par une foule de politiciens et porte-parole francophones - au Québec et ailleurs au pays - dans le cadre d'une campagne de propagande orchestrée comme la plupart des campagnes fédérales - en déformant l'histoire et en tentant de marginaliser ceux et celles qui oseraient essayer de «casser le party» du grand dominion…

La prochaine fois que j'entendrai un de ces haut-parleurs du beau-et-grand-bilingue-pays-dont-nous-devons-être-fiers-après-150-ans, je lui rappellerai les sorties de cette semaine de la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Marie-France Kenny, devant le Comité des langues officielles de la Chambre des Communes du Canada…

Photo UniqueFM

Les représentants et représentantes des minorités francophones hors-Québec se distinguent par leur modération quand vient le temps de parler des véritables ravages de l'assimilation et des trop maigres ressources consenties par leurs gouvernements (provinciaux, territoriaux et fédéral) pour les seconder dans leurs efforts - souvent héroïques - visant à assurer la pérennité de la langue et de la culture françaises loin du foyer national québécois.

On ne peut guère les blâmer d'être prudents dans leurs propos. Ils comptent presque tous sur les argents de coffres publics (qu'ils ne contrôlent pas) pour faire fonctionner leurs associations et activités. Ce sont des fonds auxquels ils ont droit, si ce n'était que pour réparer un peu les effets des persécutions qu'ils ont subies durant le premier centenaire de la Confédération, et qu'on leur verse trop souvent au compte-gouttes en n'oubliant pas de bien leur laisser savoir quelles mains les nourrissent.

Mais Mme Kenny est présidente sortante de la FCFA et ne se représente pas. Elle dispose sans doute d'une liberté que d'autres n'ont pas, et quitte son poste avec le poids des horreurs que doit subir tout dirigeant francophone hors-Québec dans ses relations avec les autorités anglophones et une majorité largement indifférente - quand elle n'est pas carrément hostile.

Alors retenez bien ses propos, qui témoignent de la réalité et non du pays des merveilles inventé par les propagandistes fédéraux et fédéraux-philes…

1. «La Loi sur les langues officielles est la loi la moins bien appliquée du pays, et ça fait 45 ans que ça dure…»

2. Quand il y a des infractions à la Loi sur les langues officielles, et il y en a des tonnes, «il n'y a aucune conséquence».

3. «Comme Canadienne, comme francophone, je sens qu'on me manque de respect alors que tout ce que je demande, c'est de ne pas être traitée comme citoyenne de seconde classe.»

4. Sur l'immigration anglicisante… «On voudrait tuer la francophonie à petit feu, éliminer nos communautés par attrition, qu'on ne s'y prendrait pas autrement».

5. Et un constat final: «À plusieurs endroits, ce n'est qu'une question de temps avant que nos communautés tombent en dessous du seuil requis pour recevoir des services et des communications en français des bureaux fédéraux. Et quand notre poids relatif sera tombé encore plus bas, que remettra-t-on en question à ce moment? Nos écoles de langue française »

J'ai à peu près la certitude que les propos de Mme Kenny n'ont pas été rapportés ailleurs qu'à Radio-Canada, TFO ou dans d'autres quotidiens que Le Droit (http://bit.ly/1ykZATI), et surtout pas dans les grands médias de langue anglaise du Canada… Comme d'habitude, les ténors du beau-et-grand-bilingue-pays continueront de nous abreuver de leur fiction aux lunettes roses… pour nous inviter à fêter en 2017…

Mais que dit au juste Mme Kenny? Que le seul garde-fou pan-canadien de la langue française est «la loi la moins appliquée au pays», et qu'il n'y a aucune conséquence à trouer cette loi allègrement… Que les francophones hors-Québec sont traités comme «des citoyens de seconde classe», contrairement aux Anglo-Québécois qui sont dorlotés depuis 1867…

Elle brosse un tableau de collectivités qui représentent une proportion de moins en moins grande de leurs provinces, au point où elles sont rendues à compter sur une théorique (et improbable) immigration francophone pour redresser quelque peu la situation… Elle évoque même une situation, dans un avenir pas très lointain, où les provinces anglaises remettront peut-être en question des droits acquis - comme les écoles françaises dans certaines régions. De quoi donner le goût de fêter les 150 ans de la Confédération?

De toute façon, à peu près personne ne parle de la «vraie» réalité des francophones hors-Québec. C'est l'indifférence générale même au Québec. Et cette ignorance permettra encore à des personnages comme Victor Goldbloom, Anglo-Québécois et ancien Commissaire fédéral aux langues officielles de pouvoir affirmer sans être contredit (comme en 1991 au sujet de la Loi 178 qui imposait la priorité du français dans l'affichage au Québec): «La Loi 178 aura pour effet de rendre les anglophones moins généreux à l'endroit des minorités francophones.»

Mais quel culot! Après avoir aboli les écoles françaises dans tous les territoires et provinces à majorité anglaise, après avoir rétabli ces écoles à la fin des années 60 sous la menace de la sécession du Québec, après un autre demi-siècle de luttes judiciaires et populaires pour faire respecter les droits reconquis et toujours menacés, il faudrait croire à une quelconque «générosité» des anglophones? Non mais…

Amenez-le, le 150e de la Confédération. Ce sera pour nous, j'espère, l'occasion non pas de célébrer mais de rappeler fièrement les combats que les francophones ont dû mener - même au Québec - pour continuer d'exister comme nation et comme collectivités.

Bravo Mme Kenny!







2 commentaires:

  1. Lente agonie


    Le rêve de Trudeau père relève aujourd’hui d’un fantasme irréaliste : le Canada est de moins en moins bilingue ?


    Je dirais plutôt un génocide culturel prémédité !

    Tania Longpré , 1 avril 2015
    http://www.journaldemontreal.com/2015/04/01/lente-agonie

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  2. Dommage que les Québécois ne nous soutiennent pas et préfèrent se replier sur leur propre nombril. Comme Montcalm a refusé d'aider Louisbourg en 1758, ce qui a ouvert la voie aux Anglais pour qu'ils arrivent à Québec l'année suivante.

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