lundi 2 mars 2015

«Traitée comme un animal»? Vraiment?

Ça commence à déraper comme prévu, cette histoire de Rania El-Allouli, la dame de Dollard-des-Ormeaux (Île de Montréal) qui s'est fait sermonner par la juge Eliana Marengo, de la Cour du Québec, pour avoir refusé d'enlever en cour son hidjab (foulard complet, visage découvert)… En plus des opinions excessives exprimées un peu partout, voilà que Mme El-Allouli en rajoute en affirmant qu'elle s'est sentie «traitée comme un animal» par la juge Marengo…

Heureusement qu'elle ne s'appelle pas Raïf Badawi et qu'elle ne se trouve pas en Arabie saoudite. Pour le simple fait de s'être exprimé librement sur un blogue, il a été condamné à la prison et à 1000 coups de fouet. Si un simple sermon, c'est être traité comme un animal, c'est quoi 1000 coups de fouet… qui pourraient - aux dernières nouvelles - être transformés en décapitation. Je ne dis pas que Mme El-Allouli aurait dû retirer son foulard, mais quelques reproches d'une juge… là, là… faut pas charrier…

J'estime pour ma part que cette dame est doublement victime… d'un tribunal qui aurait certes pu se montrer plus accommodant (même avec la charte de la laïcité de 2013 de Bernard Drainville, que j'appuyais sans réserve, Mme El-Allouli aurait pu se présenter devant un tribunal avec son hidjab) mais aussi, et surtout, victime de cette frange obscurantiste de l'islam qui oblige les femmes à porter des voiles d'inégalité et d'infériorisation, et à les convaincre qu'elles aiment ça…

Enfin, ce n'est pas cela que je veux aborder aujourd'hui. J'avais noté, à la fin des articles de langue française sur le Web - Radio-Canada, Journal de Montréal, Le Devoir - une grande diversité d'opinions exprimées par les lecteurs et lectrices - d'appuis inconditionnels à Mme El-Allouli aux «invitations» pas très polies à quitter le pays et à s'en retourner «chez elle»… on ne sait trop où… dans ces pays musulmans où la majorité des femmes portent une forme ou une autre de voile islamique…

Puis en fin de semaine et ce matin, j'ai commencé à jeter un coup d'oeil à la presse anglo-canadienne, trop souvent prompte à exploiter ce genre d'histoire pour enfoncer le clou d'un Québec francophone intolérant, xénophobe et raciste… Et effectivement, c'est de cette façon que je suis tombé sur le texte intitulé «Quebec woman says she felt "like an animal" when judge lectured her about wearing hijab», publié dans le Windsor Star (http://bit.ly/1E9q6Xe), en Ontario.

Je suis vite allé à la fin du texte pour lire les commentaires des Anglo-Ontariens, et suis resté quelque peu surpris (avant de me souvenir que dans les sondages d'opinion publique de 2013, près de 40% des Ontariens étaient sympathiques à la charte de la laïcité du gouvernement Marois). Alors que je m'attendais à une litanie de «c'est-tu pas épouvantable pour cette pauvre dame» ou quelque chose du genre, voici ce que j'ai trouvé. Je vous traduis les dix premiers commentaires dans l'ordre:

* Nous avons du respect et des règles dans une salle de tribunal. Il n'y a pas de chapeaux et pour moi, le sien (son foulard) était un chapeau… Nous sommes au Canada et nous devons suivre les lois et règlements du Canada...

* Ils crient à la discrimination à chaque fois qu'ils sont pris à briser nos lois… Ils haïssent nos lois, n'ont pas de respect pour notre société, notre drapeau… mais adorent nos avantages sociaux...

* Si vous n'aimez pas nos lois canadiennes, alors retournez chez vous...

* Je suis un immigrant moi-même et je respecte les règles du pays. Si elle n'aime pas ça, elle peut retourner à son pays d'origine avec ses enfants. Ce sont les Québécois qui la nourrissent…

* Je suis d'accord avec le juge à 100%. Ce n'est pas une question de race ou de religion. J'enlève mon chapeau partout et vous devriez faire la même chose. Cela s'appelle du respect pour NOTRE pays.

* Personnellement, ce jugement ne me déplaît pas. Je pense que les gens devraient comprendre les signes d'avertissement. Mme la juge exprimait de façon officielle ce que nous craignons trop souvent de commenter ouvertement.

* J'applaudis cette juge… Pas de chapeaux… Vous êtes dans NOTRE pays… respectez NOS règles. Nous comprenons votre foi musulmane mais respectez nos codes vestimentaires et nos traditions et croyances.

* Pas de chapeaux au tribunal. C'est ça le règlement. Nous sommes au Canada… les mêmes règles pour tous.

* C'est encore une histoire pour convaincre le troupeau de moutons avec les coeurs saignants à protester  contre la façon dont elle aurait été maltraitée…

* Nous avons des lois dans notre pays, comme dans le vôtre… Et pourtant nous n'amputerons pas vos mains… Peut-être pourriez-vous commencer à respecter nos lois… Nous vous demanderons seulement d'enlever votre foulard, merci…

Ces commentaires semblent plus la règle que l'exception quand on lit les propos de ceux et celles qui se sont donnés la peine de s'exprimer au journal Windsor Star. dans le sud-ouest ontarien. Ce n'est certes pas un échantillonnage scientifique, mais l'impression que ça me laisse, c'est que le climat actuel - au Québec, dans le reste du Canada et ailleurs dans le monde - fait sortir du placard un tas de gens qui autrement, feraient partie des majorités et minorités essentiellement silencieuses…
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Autre texte pertinent sur mon blogue. Entre la cravate et le hidjab… http://bit.ly/1Ah2B7b

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