mercredi 2 juillet 2014

La Fête du Canada à Ottawa...

La foule au Parlement, image de Radio-Canada

Je suis originaire d'Ottawa et je demeure toujours à proximité de ma ville natale… De mon coin de Gatineau, en voiture, je traverse le pont Macdonald-Cartier en moins de 10 minutes… Et comme la plupart des résidents de la région de la capitale canadienne, je sais qu'il vaut mieux ne pas trop s'aventurer au centre-ville - particulièrement aux abords du Parlement - le 1er juillet, à moins de pas souffrir d'ochlophobie ou de vouloir vraiment participer aux festivités de la «Fête du Canada».

C'est fascinant la Fête du Canada, à Ottawa. Dans cette ville tranquille par excellence, la Colline parlementaire et quelques sites limitrophes s'animent le premier juillet autour de grands spectacles et de feux d'artifices pour souligner l'anniversaire de la Confédération. Des rues et avenues qui seraient autrement plus ou moins désertes en soirée sont bondées. Je ne serais pas surpris si on avançait le chiffre de centaines de milliers de personnes… Un océan de rouge et de blanc (je parle des vêtements) et d'unifoliés de toutes dimensions… C'est pas autant que les grandes foules de la St-Jean/Fête nationale à Montréal mais ça impressionne…

Quand j'étais enfant, dans le quartier francophone ottavien de St-François d'Assise et Mechanicsville, à peu près personne ne célébrait le 1er juillet. À la Fête de la Reine (devenue la Fête des Patriotes au Québec), on entendait des feux d'artifices partout en soirée. À la Fête-Dieu et à la St-Jean-Baptiste, en juin, on assistait à de grandes processions / défilés et les maisons étaient pavoisées de drapeaux. Mais le 1er juillet, alors appelé «Fête du Dominion»? Rien d'autre qu'un congé, même dans les quartiers anglais… Tout ça devait changer dans les années 1960 avec la montée du mouvement indépendantiste au Québec, le choix d'un drapeau pour le Canada (1965) et les grandes célébrations du centenaire de la Confédération en 1967…

Un changement culturel profond s'est opéré depuis cette époque, et le 1er juillet est devenu - du moins à Ottawa - beaucoup plus qu'un simple congé. Mais jusqu'à quel point cela touche-t-il la population de la ville, à plus de 85% anglophone? On pourrait à prime abord avoir l'impression qu'une portion plus qu'appréciable des fêtards sont des touristes, venus d'un peu partout au pays pour goûter aux festivités et autres attractions d'une capitale qui en a beaucoup.

Quand on demeure à Gatineau, on peut s'imaginer que la Fête du Canada n'existe pas… À la St-Jean, on voit des maisons et des voitures avec des fleurdelisés (pas en grandes quantités, mais suffisamment pour en être conscients) et de grands artistes québécois se produisent à deux pôles différents de la ville (Hull et Aylmer). Le 1er juillet, les drapeaux canadiens sont rares et je n'en ai vu aucun sur une voiture, du moins pas dans mon quartier… La grande majorité de la population gatinoise, tout en s'opposant à la souveraineté du Québec, reste largement indifférente aux festivités pan-canadiennes… même si plusieurs assistent aux spectacles et que des milliers s'agglutinent près du Musée des civilisations pour voir les feux d'artifice en fin de soirée du 1er juillet.

Hier, fait plutôt rare, j'ai passé l'après-midi et la soirée à Ottawa, dans le quartier Westboro où demeurent l'une de mes filles et son conjoint. Un secteur très à la mode de la capitale, recherché des jeunes couples, avec ses boutiques, ses restos et ses rues résidentielles à proximité de la rivière des Outaouais et des parcs aux abords de l'eau. Nous avons bien sûr évité de traverser les ponts du centre-ville et avons opté pour le pont des Chaudières, un peu à l'ouest du quartier parlementaire…

En arrivant à Ottawa vers 13 heures, dans le secteur qu'on appelle les Plaines Lebreton (là ou aura lieu bientôt le Bluesfest), on croise le Transitway, la mini-autoroute est-ouest réservée aux autobus. Première constatation: il y avait foule aux nombreux arrêts d'autobus, des jeunes, des vieux, des familles avec des enfants, pas des touristes mais des gens d'ici, largement vêtus de rouge et de blanc (beaucoup de t-shirts avec feuille d'érable ou le mot Canada), en route vers le centre-ville.

Puis le long des boulevards en bordure de rues résidentielles, déambulaient d'autres piétons colorés, eux aussi se préparant à festoyer… Même phénomène sur plusieurs kilomètres, jusqu'au quartier de ma fille. De toute évidence, des dizaines de milliers d'Ottaviens, et même bien plus (Ottawa compte près de 900 000 habitants), ont le coeur à la fête le 1er juillet. Gros, gros changement par rapport à l'Ottawa de ma jeunesse, et contraste total avec Gatineau…

Après le souper, en dépit des menaces d'averses et d'orages, nous sommes allés faire une petite balade à pied à travers le quartier environnant, jusqu'aux abords de la grande promenade qui longe la rivière des Outaouais. Un quartier verdoyant où se mélangent les anciennes maisons (datant des années 1930 et 1940) et de nouveaux modèles qui les remplacent, une à une… Un nombre appréciable de résidences arboraient des drapeaux canadiens, mais quelques surprises nous attendaient…

Devant trois ou quatre maisons, des gens sur leurs perrons ou sur leur terrain nous ont salués en nous souhaitant Happy Canada Day… Dans une ville où, habituellement, les gens se croisent sans même lever la tête, cela a effectivement de quoi surprendre… À quelques endroits, des partys extérieurs étaient en cours, aux couleurs du jour évidemment. Dans la cour arrière d'une maison, sur la rue Churchill, non seulement y avait-il foule et odeur de barbecue, mais également un orchestre live qu'on entendait de loin… Et encore, un peu partout, ces files de gens, allant ou revenant du centre-ville, vêtus de rouge et de blanc…

J'ai trouvé qu'il y avait là matière à réflexion… Dans la capitale canadienne, la population semble avoir adopté le 1er juillet… et affiche ses couleurs bruyamment. Je ne sais pas comment les célébrations de la Fête du Canada se font ailleurs au Canada anglais, mais à Ottawa, le 1er juillet, ça se passe en rouge et en blanc et les unifoliés sont partout ! Et ça ne festoie pas qu'au centre-ville… les quartiers résidentiels (du moins celui que j'ai vu) s'animent aussi… 

Y a-t-il une morale à tout ça? Peut-être que non… mais j'ai en gardé une impression. Pendant que l'ardeur des célébrations de la fête du Canada semble s'intensifier dans la capitale, celle de notre fête nationale, au Québec, m'apparaît tiédir… Peut-être mon opinion serait-elle différente si je demeurais dans Hochelaga-Maisonneuve, ou à Saint-Hyacinthe, ou à Québec… Mais je suis sur la ligne de front, à la frontière, dans l'ombre de la Tour du Parlement… Tout de même…




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