Ces derniers jours, au Québec, des incidents d'intolérance envers des étrangers - et en particulier envers des musulmanes voilées - ont été fortement médiatisés. Débat sur la charte des valeurs oblige. Que 99% des Québécois se comportent correctement et accueillent sans heurts les différences, tout au moins dans leur comportement, ne semble intéresser personne. Inutile d'ajouter que toute injure à une minorité visible captée par la presse sert à renforcer les perceptions de xénophobie et de racisme au Québec.
Pendant ce temps, le racisme endémique auquel sont soumis les francophones hors-Québec depuis la Confédération, et qui se manifeste encore aujourd'hui, ne soulève aucun intérêt médiatique. Et pourtant, dans les médias de langue anglaise, la preuve de cette attitude haineuse envers le français (surtout) et le Québec (parce qu'il est français) s'écrit quotidiennement dans les commentaires de lecteurs aux grands journaux, y compris au quotidien de prestige du Canada anglais, le Globe and Mail.
Voici un texte fictif qui pourrait vraiment s'écrire si quelqu'un dans les médias s'en donnait la peine. Les citations que j'utilise sont toutes véridiques, et tirées du Globe (traduites par moi bien sûr). Et elles sont récentes, toutes de 2013. Et à force de les dire, je crois qu'une proportion appréciable d'Anglo-Canadiens les croit...
d'après notre correspondant
TORONTO - Réagissant à certains propos du Commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, des lecteurs anglo-canadiens ont fait savoir qu'ils en avaient assez du nettoyage ethnique auxquels les Anglo-Québécois et allophones du Québec sont soumis, et du climat de haine entretenu par des lois racistes appliquées par une police de la langue que l'on songe à doter d'armes semi-automatiques.
« Que faites-vous, Monsieur le Commissaire, pour protéger la minorité anglophone du Québec contre le projet de nettoyage ethnique auquel ils ont été soumis », a demandé un lecteur, ajoutant qu'il en avait assez du « régime dictatorial français ». « Ils jouent même l'hymne national de la France, La Marseillaise, aux étudiants immigrants », a-t-on ajouté.
« Nonobstant le fait que le reste du Canada a dépensé d'innombrables milliards de dollars au cours des décennies à accommoder le Québec sur le plan linguistique et financier, cette province a interdit à ses citoyens de communiquer en anglais », précise un autre lecteur. De fait, insiste-t-il, le mépris que le reste du pays manifeste à l'endroit du Québec est « une réponse directe aux séparatistes et aux communautés anglophobes que le Québec engendre ».
Les francophones eux-mêmes sont objets de mépris. « Le fait que quatre millions de Québécois ne puissent parler l'anglais est une honte... et une condamnation claire des déficiences du système d'éducation », a déclaré un autre lecteur. « Si seulement les Québécois pouvaient s'exprimer dans ce que le reste du monde comprend comme étant le français - à la place de leur dialecte incompréhensible d'Astérix »...
De toute façon, a résumé un autre correspondant, il est désormais trop tard pour sauver les anglophones du Québec. « Au cours des 40 dernières années, a-t-il précisé, divers gouvernements séparatistes québécois ont réussi à à éliminer la présence anglaise dans cette province »...
Les lecteurs ont indiqué par ailleurs qu'ils voyaient de moins en moins la pertinence du français ailleurs au Canada. « Cette langue est graduellement remplacée par le mandarin, le cantonais ainsi que diverses langues du Moyen-Orient et des Indes orientales », écrit-on. « Le français est le nouveau latin. Mieux vaut apprendre l'espagnol ou le mandarin », ajoute un second. Et la preuve ultime ? « J'entends l'espagnol beaucoup plus souvent que le français à Calgary. »
J'aimerais bien qu'on lise ça, aussi, de temps en temps, parce que c'est bien davantage une réalité que les incidents d'intolérance envers les minorités ethno-culturelles au Québec...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire