mardi 10 septembre 2013

Élizabeth II est un symbole religieux ostentatoire

Mes positions en faveur de la neutralité de l'État et de l'interdiction du port de signes religieux sont connues. Je maintiens ce que j'ai écrit par le passé à ce sujet, sur mon blogue et à l'occasion dans la page éditoriale du quotidien Le Droit. 

Les règles proposées par le gouvernement de Pauline Marois m'apparaissent donc éminemment raisonnables. Le fait d'avoir voulu en faire une espèce de charte de « valeurs québécoises » reste discutable, d'autres avenues étant ouvertes, mais les principes mis de l'avant reposent sur de solides assises.

J'aimerais cependant offrir un motif additionnel pour appuyer la démarche gouvernementale. Elle met de l'avant des valeurs nettement républicaines, et pourrait servir de premier pas vers une renonciation québécoise du régime monarchique qui nous a toujours été imposé, d'abord par la France puis par Londres.

Quel lien, direz-vous, entre la laïcité ou la neutralité et la monarchie canado-britannique? C'est fort simple, notre monarque, Élizabeth II, incarne dans sa fonction un parti pris religieux. Elle porte le titre de « gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre »...

Notre régime a donc à sa tête un chef religieux, occupant le sommet de la pyramide de l'Église anglicane. Faut-il préciser qu'aucun catholique, religion officielle/officieuse de près de la moitié des Canadiens et de la grande majorité des Québécois, ne peut accéder au trône d'Angleterre? C'est inscrit dans les règles officielles de succession ! Ainsi le Québec, en affirmant la neutralité et la laïcité de son État, sert une gifle méritée aux institutions monarchiques du pays et de la Grande-Bretagne.

Faut-il aussi rappeler que rien n'empêche - théoriquement - une province canadienne de se donner des valeurs et des parures de type républicain. L'ancien premier ministre Daniel Johnson en avait fait la proposition au gouvernement Trudeau dans les années 1960...

Alors, avant de lancer les accusations habituelles d'atteinte à la liberté de religion, de xénophobie, de racisme, enfin tout le bazar, pourquoi ne pas commencer par remettre en question le chef de l'État, symbole par excellence de ce que combat la démarche de neutralité et de laïcité.

Le gouvernement Harper, qui brandit déjà la menace des tribunaux pour protéger les « libertés fondamentales » des citoyens québécois, passe son temps à encenser une monarchie qui incarne la discrimination religieuse !

La séparation de la religion et de l'État, sur laquelle un peu tout le monde s'accorde tant qu'on ne touche à rien, ça doit inclure la personne qui orne nos timbres et notre monnaie... Élizabeth II est un symbole religieux ostentatoire !

Voir mon blogue et quelques éditoriaux.

Monarchie? République? dans Le Droit
http://bit.ly/17odoRV

Assez, c'est assez! Sur mon blogue.



1 commentaire:

  1. Vive la république!
    Le prosélytisme religieux (ou monarchique) n'a pas sa place dans l'espace public au Québec, à fortiori au sein de l'État. C'est une question de respect réciproque. Religion = croyance et pratique personnelle et privée – point – .
    Le jour où la cité sera composée d'un million de sikhs, d'un million de juifs, d'un million de catholiques et d'un million de musulmans qui afficheront leurs attributs imaginaires et leurs prétentions à la vérité, ce jour-là, il faudra capituler et fuir NOTRE cité et les laisser s'entredéchirer pour des mirages.
    L'Europe s'est entretuée pendant 200 ans pour des questions religieuses. Et la Palestine, elle appartient aux Juifs ou aux Palestiniens? 65 ans de mauvaise foi et de tueries, zéro désir de s'accommoder et de se raisonner.
    Ce n'est pas parce que l'Histoire se répète que nous devons répéter les erreurs de l'Histoire!

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