dimanche 20 mars 2016

Saint-Lazare, priez pour nous...

Récemment, le caractère haineux et raciste de nombreux messages francophobes publiés sur le site Web de la Canadian Broadcasting Corporation sous une nouvelle au sujet de Katherine d'Entremont, Commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, a provoqué une sainte colère en Acadie… au point de forcer la société d'État à interdire la publication de commentaires anonymes (http://bit.ly/1RpC14H).

Il était grand temps que ces débordements beaucoup trop fréquents de francophobie suscitent un débat public qui perce tant soit peu la carapace des grands médias. Évidemment, Radio-Canada en a abondamment parlé dans son réseau acadien, et sans doute au national, ainsi que CBC qui ne pouvait y échapper, étant visée. Il faut souligner aussi un texte relativement complet en manchette de la page trois du quotidien Le Devoir. Pas mal silencieux ailleurs, dans les hauteurs, mais c'est un début…

En 2011 et après, les excès de colère haineuse dans le sillage de l'affaire Thibodeau (le Franco-Ontarien qui avait osé demander un 7up en français à bord d'un avion d'Air Canada), étalés au grand jour avec la diffusion de milliers de commentaires aussi ignobles que ceux ciblant les Acadiens il y a quelques semaines, n'étaient pas à l'avant-plan de l'actualité, sauf dans les médias sociaux. Et pourtant, mon éditorial sur cette question dans Le Droit, en juillet 2011 (http://bit.ly/1P3K7yl), reste à ce jour celui (des miens) qui a suscité le plus de réactions du public sur Facebook et Twitter.

Le mois dernier, les excuses officielles pour le Règlement 17, offertes au nom de l'Ontario par la première ministre Kathleen Wynne, ont de nouveau attiré des vagues d'insultes et de menaces concernant la langue française... et le Québec! Dès que la langue française devient l'enjeu, que cela se passe en Nouvelle-Écosse ou au Manitoba, il se trouve des tas d'anglophones (toujours plus nombreux à s'exprimer que les francophiles) pour établir un lien avec le soi-disant «racisme» des Québécois…

Que cela soit faux n'a aucune importance ! Les médias de langue anglaise mentent depuis tellement longtemps au sujet du français et du Québec qu'ils en sont rendus à croire à leurs propres menteries… En un clin d'oeil, nos efforts de défense de la langue française, même les plus modérés, deviennent autant de manifestations de xénophobie, d'étroitesse d'esprit, d'intolérance et pire encore… Ces mensonges, doublés d'une ignorance générale de chapitres importants de l'histoire du pays, ont créé un terreau fertile pour la francophobie.



J'ai découvert aujourd'hui un autre incident, survenu en novembre 2015, impliquant la municipalité de Saint-Lazarre (entre Rigaud et Vaudreuil-Soulanges) et l'Office québécois de langue française (OQLF). Je n'avais rien vu sur cet incident dans les médias montréalais, pourtant tout proches, et c'est grâce à la diligence d'un ami franco-ontarien, Gérard Delisle, que j'en ai eu connaissance. Il avait bien pris soin d'annoter un article publié dans l'Ottawa Citizen, qui reproduisait le texte original du National Post.

J'ai retrouvé sur le Web l'article du Post, avec tous ces commentaires «édifiants» de lecteurs après le texte… Sous le titre Quebec town makes stand for English: Told to remove 'welcome' sign, decides to drop French too, on apprend que cette municipalité (étant majoritairement francophone et donc soumise aux dispositions de la Loi 101 en découlant) avait dû retirer le mot «welcome» de son panneau routier de bienvenue. Les élus anglophiles semblent donc disposés, ce printemps 2016, à retirer le français aussi. Pas d'anglais? OK, donc pas de français non plus…

Si ce que le maire de St-Lazare déclare est une indication de l'ambiance dans cette localité, on n'y comprend pas grand-chose aux enjeux linguistiques qui touchant l'ensemble du pays, du Québec et même de leur région. Il s'agit, dit-il, d'une intrusion des politiciens provinciaux dans les affaires locales de St-Lazare… Hmmm… Et, sur la même lancée, il ajoute que St-Lazare constitue un modèle de relations harmonieuses entre francophones et anglophones… Quand vous entrez à l'épicerie et que vous parlez en français, on vous répond en français. Si vous parlez l'anglais, on vous répond dans votre langue… Ouais, en voilà une qu'on entend souvent…

Il serait temps que les politiciens grattent sous la surface et examinent la dynamique linguistique à l'oeuvre dans cette municipalité idéale de St-Lazare… Ils verraient que les francophones, même majoritaires, s'y font lentement mais sûrement assimiler par la minorité de langue anglaise, comme d'ailleurs les francophones de plusieurs autres localités du sud-ouest de Montréal ainsi que du West Island… D'ici le prochain recensement (celui de cette année), la proportion de résidents de St-Lazare dont le français est la langue d'usage pourrait chuter sous la barre des 50%… On saura en 2017…

Selon les chiffres du recensement de 2011, en utilisant le critère de la langue maternelle, les francophones forment 53,3% de la population de St-Lazare, et les anglophones 36,5%. Mais quand on passe aux données selon la langue d'usage (la langue la plus souvent parlée à la maison), la proportion de francophones glisse à 50,3%, et celle des anglophones bondit à plus de 45% ! Cela signifie hors de tout doute qu'il existe des transferts linguistiques importants du français vers l'anglais. C'est une preuve d'assimilation, un phénomène qui, de toute évidence, ne se limite plus aux francophones hors-Québec.

Selon ce même recensement, la population de St-Lazare est désormais bilingue à 70%. Or, des taux si élevés de bilinguisme français-anglais, dans notre coin d'Amérique, s'accompagnent TOUJOURS de pertes identitaires chez les francophones, dont une proposition croissante se voit comme «bilingue», et non francophone, et de transferts linguistiques dans les générations suivantes, de plus en plus anglicisées. C'est ce que donne habituellement la «bonne entente» de ce type dans nos régions. Allez en parler aux francophones du Pontiac, en Outaouais, du moins à ce qui reste de cette francophonie… (http://bit.ly/1T3SIIa)

Les francophones du Québec et leurs compatriotes minoritaires des autres provinces cherchent à défendre une langue et une culture françaises menacées. On s'efforce de créer, partout où cela sera possible, des espaces francophones. C'est ce que fait la Loi 101. C'est ce que tentent de réaliser les organisations francophones ailleurs au pays. Apparemment, demander aux médias du Canada anglais de reconnaître la valeur d'assurer par des mesures appropriées une vitalité francophone dans le melting pot anglo-nord-américain, c'est trop demander… 

Dans le National Post, après cette nouvelle mal faite et incomplète sur St-Lazare, le public en rajoute… Voici quelques exemples,. pas du tout exceptionnels:

* Good for them, the language Gestapos are a hate-filled group…
* Abolish the language police… Don't like it (bilingualism), move to France. Time for this special treatment for Quebec to END once and for all. Time for our government to tell Quebec how it is…
*Our government should ship them to France…
*French is a dying language compared to English which is why Quebec behaves in such an absurd manner…
* I have a problem with these arrogant pricks that just want to shove French down our throats…
* A free country except Quebec…
* There is a sizable xenophobic, racist and insular portion of the Quebecois population that are so paranoid and delusional that they resort to this kind of stupidity…
* Time to ban the French language in Canada. English only...
* When are these strident francophones going to ban currency with English on it?
* If Canada is so bad, then get the hell out of here… I am fed up with with whining French… Cry me a river Frogs...

Ça ne sert à rien de continuer… Allez voir vous-mêmes… à http://bit.ly/1pVbSoa.

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