La semaine dernière, l'ancien chef libéral Stéphane Dion, un politicien avec lequel je suis rarement d'accord mais que je persiste à trouver sympathique, a révélé que le nouveau musée fédéral de l'histoire (l'ancien Musée canadien des civilisations, situé à Gatineau) avait prévu une trentaine d'activités pour commémorer le 150e anniversaire de la Confédération, en 2017, et que 26 de ces activités «vont célébrer des guerres».
La programmation du musée liée au cent-cinquantenaire tournerait autour d'anniversaires liés à la Guerre de 1812, la Première et la Deuxième Guerre mondiale, et comprendrait des expositions sur les médailles militaires. «La liste n'en finit plus sur les diverses expositions créées en lien avec la Première Guerre mondiale dont ou souligne le centenaire, déclarait M. Dion. Il y a plein de choses que l'on peut célébrer et tout est orienté vers le militaire.»
Parmi les activités non militaires du Musée fédéral, on note la commémoration du 400e anniversaire de la première visite de Samuel de Champlain en Outaouais, de la Proclamation royale de 1763, et de l'année 1967 qui sera l'objet d'une grande exposition-phare. M. Dion aurait voulu qu'on y inclue des repères comme la Charte des droits et libertés et le centenaire du droit de vote des femmes. L'ancien chef libéral devra se résigner à l'inévitable. À moins d'une défaite du gouvernement Harper à l'automne 2015, l'idéologie militaro-royaliste-conservatrice suintera de toutes les pores du Musée en 2017…
Remarquez que la question reste d'un intérêt relatif pour les francophones du Québec et du reste du pays. À moins d'ignorer tout de l'histoire du Canada, «nous» n'aurons pas grand-chose à célébrer à l'occasion du 150e anniversaire de la Confédération. Je dis bien «célébrer». Nous pourrions cependant en profiter pour commémorer toutes les injustices commises à notre endroit - contre la langue française, contre le Québec (parce qu'il abrite une nation à majorité francophone) - depuis la mise en oeuvre du pacte fédéral de 1867, et toutes les luttes que nous avons dû mener pour les corriger.
Ça, il y a fort à parier que le Musée fédéral de l'histoire en parlera peu, voire pas du tout. Ce sont pourtant, pour la francophonie canadienne et québécoise, des événements et des dates qui ont servi à définir l'essence de nos relations avec les gouvernements provinciaux, avec le gouvernement fédéral et avec la nation anglo-canadienne depuis le 19e siècle. Certains de ces événements ont même des composantes militaires, mais pas du genre à plaire aux hostorio-propagandistes d'Ottawa.
Voici donc une liste très sommaire d'événements structurants, essentiels, que le 150e anniversaire du Canada pourrait commémorer. De vieilles chicanes, sans doute, mais de vraies affaires. Toutes ont profondément marqué leur époque et les collectivités francophones du pays, d'un océan à l'autre, et leurs effets se font toujours sentir au 21e siècle.
1867 - début de la Confédération. Dans l'acte fondateur, l'AANB, la langue française ne jouit d'une protection constitutionnelle qu'au Québec et au gouvernement fédéral (et c'est très relatif à Ottawa). La langue anglaise est protégée même au Québec, tandis que les minorités canadiennes-françaises et acadiennes sont laissées à la merci de leurs majorités anglophones.
1869 - première rébellion Métis, sous Louis Riel, qui aboutira en 1870 à la création d'un Manitoba où le français et l'anglais ont un statut égal. La majorité anglophone supprimera le statut officiel du français en 1890 et abolira les écoles françaises en 1916.
1871 et 1877 - abolition des écoles franco-catholiques au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard (elles étaient déjà abolies en Nouvelle-Écosse). L'objectif clair est d'angliciser les Acadiens. Il y a même eu une émeute à Caraquet en 1875, avec l'intervention de l'armée…
1885 - deuxième rébellion Métis, en Saskatchewan cette fois, qui aboutit à la pendaison de Louis Riel. Une crise militaire et politique majeure dans tout le pays, et notamment au Québec.
1905 - création de l'Alberta et de la Saskatchewan où aucun droit n'est reconnu aux minorités canadiennes-françaises.
1912 - adoption du règlement 17 par le gouvernement ontarien, rendant les écoles françaises hors-la-loi. La répression qui s'ensuit contre la minorité franco-ontarienne aura été l'une des causes principales de l'opposition des Québécois francophones à la participation à la Première Guerre mondiale.
1917 - crise de la conscription. Intervention de l'armée canadienne au Québec en 1918, manifestations et citoyens innocents tués par l'armée. Les Québécois en voudront aux conservateurs pendant des décennies…
1942 - crise de la conscription. Référendum pancanadien. Le Canada anglais vote pour, le Québec contre. Qui l'emporte? Quelle question…
1960-1969 - le Canada français en ébullition; la Révolution tranquille, montée du mouvement indépendantiste et affirmation du caractère français du Québec; revendications hors-Québec pour rétablir les droits linguistiques supprimés. Une décennie riche en événements.
1970 - crise d'octobre. Contre le FLQ, groupuscule terroriste et meurtrier, Ottawa déploie l'armée et suspend les droits et libertés de tous les Canadiens. Emprisonnement de centaines d'innocents au Québec.
1982 - Coup d'État à Ottawa. Rapatriement de la Constitution sans l'accord du Québec et imposition de la Charte des droits et libertés qui nie la spécificité de la nation québécoise.
1987-1990 - la saga Meech. Nouveau refus de reconnaître le caractère distinct du Québec. Création du Bloc québécois qui, à compter des élections de 1993 et ce jusqu'à 2011, donnera au Parlement canadien une plus grande visibilité à la nation québécoise.
1990 - arrêt Mahé de la Cour suprême, qui impose à toutes les provinces anglophones de remettre aux francophones la gestion de leurs réseaux scolaires. Sans les tribunaux, la lutte se poursuivrait toujours.
1992 - référendum de Charlottetown. Nouvel échec de déblocage du bourbier constitutionnel.
1995 - Intervention d'Ottawa (pas toujours éthique) dans le processus référendaire québécois, comme en 1980. Avec les conséquences que l'on connaît.
1997-2001 - La sage de l'hôpital Montfort à Ottawa, où les Franco-Ontariens ont dû avoir recours aux tribunaux pour sauver leur seul hôpital. Cette lutte a mobilisé l'ensemble de la francophonie canadienne.
Pour les amateurs d'histoire militaire, notons que plusieurs de ces événements mettent en scène l'armée et les milices, utilisées contre les francophones de ce pays en 1869, en 1875, en 1885, en 1917 et en 1970… Cela constitue un thème commun qui pourrait être richement illustré au musée fédéral de l'histoire… Mais n'y comptez pas!
Quitte à vous surprendre, Chuck Guitté, le porte-parole fédéral, exprimait la vérité et la perception d’Ottawa, lorsqu’il parlait des commandites, lors de la commission Gomery en 2004: « Nous étions en guerre! ».
RépondreSupprimerOttawa et les anglais Orangistes ont toujours été en guerre contre la nation Québécoise!
1. En 1970, la crise (sic) d’octobre, Trudeau envoie l'armée au Québec pour terroriser la population ;
2. En 1940, la crise de la conscription, Camillien Houde, maire de Montréal, est interné dans un camp de concentration en Ontario ;
3. En 1917, la crise de la conscription, 1er avril 1918 à Québec où l’armée canadienne a ouvert le feu sur ses propres citoyens et tuée quatre personnes dans la foule et fait plus de 70 blessés ;
4. En 1900-1920, lors de l’élimination des droits des francophones en Ontario, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, etc.…
5. Entre 1870 et 1930, l’exil de millions de Québécois aux États-Unis (13 millions en 1980);
6. En 1885, massacre des Métis francophones et la pendaison de leur chef Louis Riel;
7. En 1837-38, oppression et exécution des Patriotes;
8. En 1759-1800, lors de l’occupation militaire;
9. En 1759, avant et lors de la prise de Québec, Wolf à fait éliminer plus de 30% de la population du Québec (incluant les Autochtones), en plus des violes et des pillages;
10. En 1755-1763, oppression, exécution et déportation des Acadiens.
Québec - Je me Souviens
http://www.youtube.com/watch?v=nWy1WzGI0wo
La Nation Québécoise