jeudi 8 janvier 2015

Deuil et espoir

Depuis le printemps dernier, j'ai l'impression d'avoir - plus souvent qu'à mon tour, et trop souvent dans un climat d'indifférence - défendu le droit à l'information, la liberté d'expression et la liberté de presse. Ma plume, je l'ai voulue libre, prompte et acérée. Et pourtant, devant l'horreur des assassinats à Charlie Hebdo, je suis presque tenté de garder ce silence que j'ai reproché à d'autres.

Sans doute parce que mes péripéties de 2014 sont bien banales comparées aux rafales de mitraillettes qui ont décimé le personnel de la salle de rédaction du magasin satirique parisien. Ma sécurité n'est pas en jeu. Je n'ai pas besoin de protection policière. Pour avoir cru à la liberté d'expression dans mon empire médiatique québécois, Power/Gesca, j'ai seulement été privé du droit d'écrire dans les pages de mon quotidien, Le Droit, et soumis à la censure. Rien de plus.

C'est bien peu quand on pense à la gravité des menaces qu'affronte avec bravoure l'équipe de Charlie Hebdo depuis des années, et aux conséquences de l'attaque meurtrière de ce 7 janvier 2015. Je suis fier de leur courage, et je suis fier aussi d'appartenir à une profession, à un métier qui nous place en première ligne des luttes pour la liberté et la démocratie. L'an dernier, 118 des nôtres ont péri en devoir, un peu partout, sur la planète.

J'aimerais bien croire que dans la situation des rédacteurs, caricaturistes et autres collaborateurs de Charlie Hebdo, j'aurais fait comme eux. Que j'aurais accepté, moi aussi, des affectations qui peuvent exposer un reporter ou un photographe au danger, à la violence, voire au sacrifice ultime. Mais ça, je n'en aurai jamais la certitude. À 68 ans, il est bien trop tard pour moi. Ce que je sais, cependant, c'est que les Charb, Wolinski, Cabu, Tignous, Maris et bien d'autres ont eu ce cran qui, je l'espère, servira d'exemple et d'inspiration à nos salles de rédaction. À tous. À toutes.

Dans le deuil, il doit y avoir de l'espoir !








1 commentaire:

  1. Toujours un véritable plaisir de vous lire, monsieur Allard !

    Gérard
    Ottawa

    www.flickr.com/gerarddelisle
    www.twitter.com/1minutealafois
    www.twitter.com/fotognique

    RépondreSupprimer