dimanche 5 mai 2013

Si c'étaient des étudiants anglo-québécois...

Si les étudiants collégiaux et universitaires anglo-québécois étaient présentement réunis en assemblée générale à Montréal pour parler du statut de l'anglais et des services en anglais au Québec, la horde médiatique - anglophone et francophone - déferlerait sur leurs assises !

Mais voilà, ce sont les délégués du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) qui sont en assises annuelles à Toronto pour discuter, entre autres, du projet de créer une université de langue française en Ontario et des moyens d'assurer la survie et l'essor du français au postsecondaire... Alors là, bien sûr, c'est l'indifférence médiatique presque totale...

Cela ne surprend guère de ne pas y voir les médias de langue anglaise... J'ai souvent l'impression qu'ils ne s'intéressent à nous que pour assouvir leur perception erronée d'une nation de bébés gâtés qui en demande toujours plus ou, pire, quand il s'agit du Québec, de racistes toujours prêts à s'en prendre aux pauvres Anglo-Québécois démunis... L'histoire de ce pays réfute toutes leurs perceptions mais ils n'ont que faire de la vraie réalité...

Cela fait mal, cependant, de constater la relative indifférence des médias de langue française... et en particulier ceux du Québec. Les rencontres étudiantes franco-ontariennes sont rarement des affaires flamboyantes. Ce n'est pas pas le « style » d'une minorité à qui l'on imposé, depuis plus de 100 ans, de quêter des miettes et surtout de s'abstenir de trop brasser la cage... Demander peu, et en douceur... parce que si les Anglais se choquent, ce sera pire...

Il y a eu une seule exception majeure depuis le règlement 17, en 1912, et c'est l'affaire Montfort où des milliers de Franco-Ontariens, appuyés cette fois par une forte présence médiatique, ont monté aux barricades et signé une importante victoire politique et judiciaire. Or, dans cet environnement où il faut presque toujours dire les choses sans les dire vraiment pour ménager les susceptibilités, et où il est de bon aloi de gonfler les statistiques favorables pour se convaincre que tout va bien, le RÉFO est une bouffée d'air frais.

Il y a là un noyau de jeunes qui semblent prêts à monter au front pour réclamer ce que les Anglo-Québécois ont en abondance depuis la Confédération : une université bien à eux, ouverte à toute la francophonie canadienne et internationale. Et ils ne cherchent pas à escamoter l'urgence de la situation, « Les statistiques sont alarmantes. L'assimilation est un enjeu auquel on fait réellement face », lançait vendredi Geneviève Latour, coprésidente du RÉFO juste avant l'ouverture des assises annuelles de l'organisation.

Dans un petit reportage de Radio-Canada, un des rares à parler du congrès, le journaliste s'est donné la peine d'interviewer la ministre ontarienne Madeleine Meilleur, qui a confirmé les craintes des sceptiques et sapé l'optimisme de ceux qui avaient cru voir un changement important de cap dans le présent gouvernement ontarien. L'université franco-onarienne, a-t-elle dit, « c'est pas une priorité pour moi pour l'Instant. Pour moi, c'est d'augmenter la disponibilité des cours pour les francophones dans le centre et le sud-ouest ontarien (Toronto et le sud-ouest). »

Voilà. Le ballon, déjà trop petit, se dégonfle à vue d'oeil. Alors que plus de la moitié des Franco-Ontariens qui poursuivent des études universitaires dans des institutions bilingues le font à l'Université d'Ottawa et que plus de 20% des étudiants francophones à l'Université Laurentienne, à Sudbury, sont inscrits à des programmes en anglais alors que ceux-ci sont disponibles en français... la ministre n'a comme priorité que la « disponibilité » de programmes en français dans le sud de la province... Retour à la réalité 101...

Pour le RÉFO, la route risque d'être longue et ardue. Sans le poids du nombre, sans un fort niveau de mobilisation, dans un climat d'indifférence médiatique, le défi est formidable. Mais pas impossible. Il suffit parfois d'une poignée d'irréductibles pour ébranler les puissances en place. La cause est juste et noble. Il ne faut surtout pas lâcher !


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