mercredi 10 août 2011

JE ME SOUVIENS

Avant le Vietnam, il y a eu les Philippines (1899 - 1902). C'est à la fin du 19e siècle que les États-Unis ont véritablement commencé à se comporter comme une puissance impériale. Après avoir vaincu l'Espagne, ils ont trahi leurs alliés philippins et asservi l'archipel. Des centaines de milliers de civils ont été tués.

Dans son édition du 8 juillet 1899, le Journal La Vérité, de Québec, pour des motifs autant religieux qu'humains, s'insurge contre le comportement des Américains dans ce texte qui s'inspire de nouvelles publiées dans des journaux des États-Unis. Notons que l'on commence par les crimes sacrilèges, pour ne parler qu'en second du massacre des habitants. Trait d'époque.

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UNE GUERRE HONTEUSE

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Il devient de plus en plus manifeste que non seulement les États-Unis font aux Philippines une guerre que rien ne justifie, une guerre de conquête, tout simplement, mais que les soldats américains font cette guerre, non pas en gens civilisés, mais en vrais bandits et en véritables sauvages.

Les journaux des États-Unis sont remplis de détails révoltants.

Le Times, de Minneapolis, numéro du 20 juin, raconte qu'au numéro 412 Nicollet Avenue, chez un nommé B.T. Drake, on peut voir des vêtements épiscopaux, évalués à 1500 $, volés dans une église des Philippines et envoyés à Drake par un nommé Beck , de la compagnie 1 du 13e régiment du Minnesota.

On raconte qu'un prêtre, essayant de protéger des propriétés ecclésiastiques, fut tué d'un coup de fusil.

Un soldat écrit : « Nous sommes installés dans une belle et grande église sur les montagnes. C'est un vieux monastère. Je parie qu'on n'y a jamais rien vu de semblable; des milliers de cierges qui brûlent; les hommes jouant et sacrant; plusieurs portant les vêtements des prêtres. »

Les soldats qui écrivent à leurs parents se vantent froidement de leurs actes de vandalisme, de leurs vols sacrilèges dans les églises, de leurs massacres de prêtres, de femmes et d'enfants, de leurs incendies. Un soldat, M. Michea, écrit : « Après avoir bombardé Malabon*, nous y sommes entrés et avons tué tous les naturels que nous rencontrions, hommes, femmes et enfants. »

Un autre, A.A. Barnes, de la batterie G, écrit : « Le général Wheaton donna l'ordre de brûler la ville et de tuer tous les naturels. Environ 1000 furent tués, hommes, femmes et enfants. »

Tout cela ne serait pas croyable si ce n'était en blanc et en noir dans les journaux américains.

Et ce qui est le plus révoltant, c'est que ces révélations horribles ne semblent causer aucune émotion aux États-Unis en dehors des cercles catholiques. Les journaux catholiques protestent contre ces abominations, mais leurs protestations restent sans écho.

*Le massacre de Malabon est documenté.

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