À l'époque des iPhone, iPad, iPod, Facebook, Twitter, blogues et innombrables applications Internet, en plus des logiciels et appareils audio-visuels de pointe, il est difficile d'imaginer ce que c'était dans les années 1960. Papier, machines à écrire, téléphone, télé (N&B puis couleur), magnétophones, la technologie à la disposition des étudiants et profs était - de notre point de vue - rudimentaire.
Les «techniques audio-visuelles» dans les écoles du Québec... en 1968.Extrait d'un article dans la Revue Maintenant, no 77, 15 mai - 15 juin 1968
« Il y a 4 ans, l'audio-visuel ne pouvait être considéré comme une réalité de l'enseignement. Quelques professeurs utilisaient la radio, particulièrement dans l'enseignement du français parlé, de l'anglais et de la musique : 56,8% des professeurs faisaient usage du tourne-disques mais seulement 32% des professeurs affirmaient dans une enquête que leur classe regardait habituellement les émissions de TV scolaire et 12% utilisaient le magnétophone. Quant aux diapositives, films fixes et films sonores, à peine une vingtaine y recourait dans un groupe d'au-delà de 300 enseignants, selon une enquête menée par le Comité audio-visuel de l'Alliance des professeurs de Montréal sur l'utilisation des techniques audio-visuelles dans les écoles de la CECM (1963-1964). [...] Nous en étions à la préhistoire de la technologie scolaire.
« Dans les années qui suivirent, on s'est tellement occupé de l'audio-visuel... qu'on l'a tué! Combien de professeurs n'ont-ils pas eu l'impression d'avoir plongé dans la pédagogie active dès qu'ils manipulaient diapositives et projecteurs? Certains ont donné des cours de géographie, utilisant parfois plus de 100 diapositives en 50 minutes. Le film pour le film! L'image pour l'image!
« Bref, les techniques audio-visuelles ne sont pas encore apparues dans les faits comme des instruments actifs de l'éducation. Elles le seront au moment où je ne devrai plus me déplacer à l'autre bout de la ville pour me procurer le matériel nécessaire, au moment où nous disposerons sur place d'un matériel conçu en fonction de l'enseignement et de la pédagogie.
« La formule du "kit" (jeu) serait à exploiter. C'est un ensemble pouvant inclure par exemple un volume pour le maître, une série de diapositives 35 mm accompagnée d'un enregistrement synchronisé, quelques petits films 8 mm ou 16 mm qui isolent et approfondissent des situations ou des notions étudiées à l'aide de diapositives, des textes et des images percutantes présentés aux étudiants grâce à la projection opaque ou en se servant d'acétates: enfin, un guide pédaoogique et un guide d'utilisation...
« Les possibilités de tels "jeux" audio-visuels sont énormes. Pensons aux professeurs de géographie qui doivent souvent reproduire des cartes et des tableaux; pensons aux professeurs de chimie, physique, biologie, botanique, etc. Pensons également aux futurs professeurs en formation humaine qui, sans ces "jeux", devront effectuer des recherches et monter de toutes pièces des cours sur des sujets aussi diversifiés que la personnalité, l'affectivité, la sexualité, la vie politique, économique, sociale, culturelle, morale, la civilisation technique, la communauté internationale, etc.
« Les enseignants sont-ils prêts à utiliser le matériel audio-visuel, particulièrement les techniques moins connues telles que l'épidiascope, la projection angulaire, les machines à enseigner, le tachytoscope, etc.? [...] La technologie, ce doit être une réalité chez nous aussi. L'an dernier, un éducateur s'exclamait : "Il est criminel de forcer ces enfants à voir et à étudier la réalité à travers les pages noires et arides de manuels scolaires alors qu'ils sont déjà habitués au contact visuel et sonore de l'objet de leurs études." »
Article signé par Serge Leblanc
Qu'écrirait-il aujourd'hui, si on lui commandait le même article?