samedi 7 février 2015

Les victimes du communisme?

Que des gens utilisent parfois les mots, expressions ou concepts tout croche, hors contexte, voire à contresens, je peux comprendre… Tout le monde peut se tromper, moi le premier… Mais que nos gouvernements le fassent lorsqu'ils ont à leur disposition des bataillons de linguistes et de juristes, ça je ne le comprends pas. Alors quand on vient essayer de me vendre une salade défraîchie qu'on appelle «monument aux victimes du communisme» (http://bit.ly/1DGGf2i), je dis: «minute, faut se parler là…»

Si on nous disait que c'était un monument aux victimes de Staline ou de quelque autre ogre soviétique, ou à ceux et celles qui ont perdu la vie en tentant de franchir le mur de Berlin, ou à tous ceux et celles qui sont morts en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Roumanie, au Cambodge ou en Chine parce qu'ils ont bravé la répression d'affreuses dictatures, je dirais: oui, ça va!

Mais les crimes perpétrés par ces régimes soi-disant «communistes» n'ont pas grand chose à voir avec le communisme véritable. Ils constituent plutôt une perversion des idéaux du communisme, qui propose - en principe bien sûr - la fraternité et la solidarité entre humains, fondée sur une mise en commun et un partage équitable des biens et ressources entre tous les citoyens. Un objectif sans doute noble… et sans doute irréalisable connaissant l'humanité.

Au 20e siècle, des monstres assoiffés de pouvoir et de sang se disant «communistes» ont pris le pouvoir et causé la mort de dizaines de millions de personnes innocentes. Staline n'est pas loin derrière Hitler dans l'échelle d'horreur de l'histoire humaine. Alors oui, rendons hommage aux victimes de ces horribles dictateurs, mais en faisant la part des choses. En nommant les coupables sans incriminer l'idéal qu'ils ont détourné pour arriver à leurs tristes fins…

Et si, malgré tout, on se retrouve avec ce bizarre monument aux victimes du communisme, pourquoi ne pas ériger tout près - et tout autant en évidence - un monument aux victimes du capitalisme? Ce ne serait ni mieux, ni pire, et tout aussi justifiable tant qu'à galvauder les termes. Le capitalisme en soi n'a tué personne, comme le communisme, mais des centaines de millions d'êtres humains ont perdu la vie ou ont vu leur vie ruinée à cause des crimes de capitalistes ou de défenseurs du capitalisme.

On peut inclure dans cette liste non exhaustive de victimes:
…tous ceux et celles, y compris des millions d'enfants, qui sont morts à causes d'horribles conditions de travail imposées par des entreprises sans scrupules ayant pour seul objectif d'augmenter leurs profits
…tous ceux et celles qui ont été tués, blessés, emprisonnés ou congédiés pour avoir voulu, depuis le 19e siècle, organiser des syndicats ou défendre le droit d'association des travailleurs et travailleuses
…tous ceux et celles qui ont été tués par des régimes dictatoriaux ou autoritaires parce qu'ils défendaient la classe ouvrière - ou simplement la démocratie - contre les abus de puissantes entreprises et de grands propriétaires terriens
…tous ces millions de personnes qui ont été ruinées, qui ont perdu leurs économies, leurs régimes de retraite, leur santé et même dans certains cas leur vie à cause de la cupidité débridée de profiteurs, de financiers, de banquiers, etc.
…ces centaines de millions de personnes qui sont mortes de la faim ou qui ont vécu (et vivent toujours) dans un état permanent de sous-alimentation pendant que des méga-multinationales accaparent les richesses et les ressources de leurs pays

On pourrait continuer ainsi pendant des pages et des pages…

Alors, au fond, ce qui me chicote dans cette affaire de monuments aux victimes du communisme, ce sont les sous-entendus idéologiques qui, dans des régimes comme les nôtres, finissent toujours par pointer le doigt du blâme à gauche.... Les victimes des escadrons de la mort en Amérique latine n'ont-elles pas autant de valeur que celles des assassins du KGB en Union soviétique… 







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire