Regards sur l'histoire
C'était en 1967
« Revenons à l'essentiel. De la coquille morte du nationalisme de naguère, les Canadiens français sont-ils capables de libérer leurs plus vieilles solidarités et d'en nourrir enfin un projet collectif qui puisse apporter sa petite contribution à l'édification de l'humanité? Alors seulement, nous aurons des raisons de perpétuer l'homme canadien-français.
« Pour l'instant, et je l'avoue sans honte, j'en suis réduit comme tout le monde aux sentiments les plus élémentaires. Quand j'observe les piétinements et les contradictions de nos pouvoirs politiques, quand je m'enlise dans le marais de nos querelles domestiques, quand je vois passer l'heure des options décisives dans tel ou tel domaine, je confesse mon pessimisme.
« Comme bien d'autres de ma génération, mon choix est fait, car s'annonce l'âge où on ne revient plus en arrière et où on s'obstine à des fidélités jalouses. Je continuerai de vivre, d'aimer, de rêver, d'écrire au Canada français. Je ne sais trop pourquoi. Pour ne pas trahir quelque idéal obscur qui vient de mes ancêtres illettrés et qui, même s'il ne devait jamais avoir de clair visage, ramène au sens le plus désespéré de l'honneur. »
Fernand Dumont (1927-1997), sociologue, professeur, poète, philosophe, théologien québécois.
Né un 24 juin, il a participé à la création de la Loi 101.
Extrait d'un article publié dans Le Devoir à l'occasion du centenaire de la Confédération, reproduit dans « La vigile du Québec », Hurbubise HMH, 1971.
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