Regards sur l'histoire
C'était en 1967.
« Nous savons que les anglophones sont majoritaires dans neuf des dix provinces canadiennes; les francophones, eux, sont majoritaires au Québec : voilà la situation dont il faut tirer profit. En effet, la concentration de plus de quatre millions de francophones dans une même province est le seul facteur qui donne, au départ, quelque réalité au concept d'association dans l'égalité. Le Québec est donc un milieu où les aspirations et les besoins de quatre francophones sur cinq, au Canada, peuvent être satisfaits : du seul fait de la concentration, la vie en français s'y réalise spontanément et est plus facile à organiser.
« C'est pourquoi, à notre avis, le rôle des Québécois dans la vie française au Canada doit être reconnu bien plus qu'il ne l'est dans la pratique, aujourd'hui : nous songeons en particulier au monde du travail, dans le secteur public fédéral et dans le secteur privé.
« Mais la situation a aussi un aspect politique : le Québec est la seule province où les francophones sont en majorité et les anglophones, en minorité. Cette fois, le poids du nombre joue en faveur des francophones et c'est pour eux un puissant levier. Ils peuvent d'abord exercer chez eux une influence prépondérante; il leur est en outre possible de se faire entendre par le reste du pays, notamment au Parlement fédéral, et ainsi de participer avec vigueur à la vie du Canada.
« Cela, bien entendu, ne va pas sans risque. Le problème peut donc se formuler ainsi : comment intégrer le Québec nouveau dans le Canada d'aujourd'hui, sans restreindre l'élan québécois, mais aussi sans risquer l'éclatement du pays. »
Extrait du Livre I, « Les langues officielles » du
Rapport de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme
(Commission Laurendeau-Dunton).
Gouvernement du Canada, 8 octobre 1967.
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