mardi 23 août 2016

Hijab à la GRC, burkini à la plage…. Quelles valeurs défend-on?


Alors que se poursuit le bruyant débat au sujet du burkini à la plage, voilà que risque de s'amorcer une autre cacophonie sur le port du hijab par des policières de la Gendarmerie royale du Canada, désormais autorisé par le gouvernement fédéral. Et l'on fera tout, comme d'habitude, pour taxer de xénophobes et racistes les Québécois francophones qui persistent à ne pas s'aligner avec enthousiasme sur les dérives multiculturelles-inclusives…

Le problème c'est qu'une fois pour toutes, le Québec doit se donner un gouvernement qui établira une hiérarchie des valeurs à défendre coûte que coûte. Le Canada anglais en est incapable. De fait, il s'y refuse, au nom d'une vague liberté tous azimuts qui finit par favoriser l'expression d'intégrismes intolérants, issus de mouvances qui n'hésiteraient pas, fussent-elles au pouvoir, à charcuter sans pitié cette «vague liberté tous azimuts». 

La volonté citoyenne doit édicter des valeurs fondamentales - celles qui guideront nos décisions quand d'autres droits et libertés seront en cause. Au sommet de cette pyramide des valeurs doit trôner l'égalité de tous les humains, hommes et femmes, de toutes races. Cette égalité est la valeur maîtresse de la démocratie, fondée sur l'autorité suprême de citoyens porteurs de droits égaux. Cette égalité est aussi la valeur qui interdit toute discrimination ayant pour effet d'inférioriser l'un ou l'autre sexe.

L'égalité en droit de tous les citoyens supprime de facto la monarchie, fondée sur une classe aristocratique de statut supérieur ayant à sa tête un homme ou une femme couronnée. L'égalité est nécessairement une valeur républicaine. Elle impose aussi à l'État une neutralité et une laïcité qui le rend accessible et ouvert à tous les citoyens, peu importe leurs croyances ou incroyances. Et elle favorise dans l'ensemble de la société des comportements respectueux de cette égalité.

La quête de l'égalité est l'une des causes humaines les plus nobles depuis l'antiquité et reste hors de portée dans plusieurs régions du monde, même aujourd'hui. Entre les injustices économiques, la soif du pouvoir et les intégrismes, religieux et autres, le chemin s'annonce ardu. Mais ici, au Québec, il existe un consensus en faveur de cette égalité, du moins en droit. Depuis l'ancien régime français et sous l'occupation coloniale britannique et anglo-canadienne, la société québécoise francophone a toujours favorisé l'entraide et la solidarité, pierres d'assise de l'égalité.

Sous l'étendard de l'égalité, nous saurions quoi faire devant des manifestations comme le burkini et le hijab… Le port de ces vêtements d'origine religieuse serait jugé en fonction de la valeur dominante et s'il l'on devait juger qu'il infériorise ou asservit la femme (ce qui à mon avis va de soi), minant son égalité, il serait condamné. Ainsi, il n'aurait jamais été question de permettre à une policière, chargée de faire respecter les lois et la valeur de l'égalité, de porter un signe attaquant cette égalité.

Advenant qu'on n'ait pas eu de jugement définitif sur la question de l'égalité des sexes, le hijab aurait été interdit de toute façon comme atteinte à la laïcité de l'État, elle aussi une composante déterminante de la structure juridique égalitaire garantie par les textes constitutionnels du pays.

Évidemment, la question n'est pas la même pour le port de ces vêtements dans la vie privée, où le statut de l'État n'est pas en cause. Tant le burkini que le hijab entrent en contradiction avec la valeur de l'égalité de la femme, et doivent être publiquement condamnés, mais la liberté individuelle d'expression doit malgré tout primer à moins de pouvoir démontrer avec preuve qu'il existe une contrainte contraire à la loi. Cela n'empêche pas toutefois l'État de favoriser une éducation publique à la valeur de l'égalité, afin de décourager les comportements et tenues privés qui y portent atteinte.

La Charte présentée par Bernard Drainville en 2013 aurait constitué un grand pas en avant vers cette égalité, mais elle n'a pas survécu au puissant tir groupé médiatique et politique en provenance du côté sombre…





2 commentaires:

  1. N'oubliez pas, monsieur Allard, que les féministes, qui sont surtout des femmes de gauche, ne sont pas toutes d'avis que le voile soit une marque l'oppression de la femme, quand celle-ci déclare le porter volontairement.

    Voyez par exemple la chronique de Francine Pelletier, dans le Devoir de ce 24 août. Elle n'est pas la seule féministe qui se porte à la défense du voile et de ses différentes déclinaisons : Catherine Dorion fait de même dans son tout nouveau blogue du Journal de Montréal.

    Non, vraiment, la partie n'est pas gagnée. Derrière cet enjeu se profile la montée en puissance de l'islam politique en Occident, qu'il n'est pas politiquement correct de dénoncer (sauf pour son aspect le plus violent).



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