lundi 15 août 2016

Félix dans son île… et en nous!

Mon épouse, Ginette Lemery, et moi avons décidé de passer trois jours de vacances à l'Île d'Orléans. Comme ça. Sans préavis. Sans planification. Coups de fil à la dernière minute pour repérer un bon gîte et petit déjeuner… La chance nous a souri… chambre disponible, les 9, 10 et 11 août, à «La belle histoire», une maison de l'époque des Patriotes (1838), située à Saint-Laurent de l'Île d'Orléans… Trois journées merveilleuses nous attendaient… En voici quelques fragments… (2e de 3)

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La reproduction métallique de Félix, en bordure de la route 368

Quand le sujet tient trop à coeur, ma plume s'assèche. L'émotion tasse les mots. Après 45 ans de journalisme, j'accouche d'un reportage, d'une analyse, d'un éditorial en un tournemain, mais peine à rédiger une note d'amitié ou d'amour à un proche. Alors, évoquer ma quête de Félix Leclerc à l'Île d'Orléans, ces derniers jours, c'est difficile. J'y pense, j'écris quelques mots, une phrase, que j'efface aussitôt….

Puis j'écoute Le tour de l'Île (bit.ly/2aSgFza), en quête d'inspiration… et reste plume bée…

Félix Leclerc est un géant. Le savait-il? Pas sûr… Félix, au fond, c'est nous, c'est le Québec français tout entier. Le vieux Québec de l'innocence, le Québec rudement éveillé, le Québec enfin engagé, s'efforçant tant bien que mal de prendre sa place au concert des nations. Félix a vu toutes ces époques, les a chantées, les a dites. Mieux que les autres. En notre nom. Avec ses mots. Sa voix. Sa guitare. Et il est mort dans son sommeil, sans avoir terminé l'oeuvre. Comme nous aussi, un jour, peut-être…

Quand je suis arrivé à l'île d'Orléans, la semaine dernière, je m'attendais à y voir plus d'hommages à la mémoire de notre barde national: quelque monument imposant, des indications de sa maison, de sa tombe, sa photo sur des affiches, ça et là… Même chez nous en Outaouais, le grand pavillon gatinois du Cégep de l'Outaouais s'appelle Félix-Leclerc. J'ai emprunté l'autoroute Félix-Leclerc (la 40) pour aller à son île. Des centaines (des milliers?) de lieux, de rues, d'édifices, de salles, de prix portent son nom dans toutes les régions du Québec et ailleurs, jusqu'en France !


L'entrée de l'Espace Félix-Leclerc, à Saint-Pierre

Je l'avoue, j'ai été déçu. Il y a bien l'«Espace Félix-Leclerc» (bit.ly/2aUirjv), un sympathique édifice aux allures de grange transformé en musée. On peut y visionner quelques films historiques au sujet de Félix, voir une reconstitution de son bureau, et feuilleter une abondante documentation. Mais le tout ne porte pas le sceau de grandeur que l'on serait en droit d'attendre. L'État québécois aurait dû depuis longtemps faire de cet endroit un lieu national de commémoration et de célébration de l'homme et de l'oeuvre.

Sans verser dans la commercialisation à l'extrême, Québec devrait proposer plus vigoureusement au public d'ici et d'ailleurs la librairie de l'Espace Félix-Leclec, où sont présentement disponibles pour achat les livres signés par Félix, ainsi que tous ses disques, auxquels on devrait s'efforcer d'ajouter l'ensemble des oeuvres d'autres artistes et auteurs qui lui rendent hommage, ou qui ont pour thème la vie, les compositions et l'influence de Félix Leclerc. La technologie d'aujourd'hui permettrait par ailleurs d'offrir aux visiteurs une variété de films, de spectacles, de chansons de bien meilleure qualité sonore et visuelle. Félix Leclerc mérite bien ça!

En face, de l'autre côté de la route 368, sur la pente descendant vers le fleuve, une reproduction métallique plus grande que nature de Félix, assis avec sa guitare, rehausse le décor mais celui ou celle qui passera un peu vite en voiture à cet endroit ne remarquera pas le panneau «Espace Félix-Leclerc», fort discret, et ne fera pas demi-tour pour tenter de connaître l'identité du musicien assis dans le champ.


Des pièces de monnaie recouvrent la pierre tombale...

Reste la tombe de Félix, d'une simplicité extrême, au cimetière du village de Saint-Pierre de l'île d'Orléans, à quelques kilomètres de là. Encore une fois, aucune indication à l'entrée du cimetière… Mais des gens persistent à la chercher et à la trouver. On y laisse apparemment des souliers de temps à autre… Quand j'y suis allé, il y avait à la base de la pierre tombale des fleurs séchées et sur le dessus, une abondance de pièces de monnaie laissées par les «pèlerins»…

Que le gouvernement actuel de Philippe Couillard, occupé qu'il est à brouiller les manuels d'histoire, à détruire ce qui reste de notre identité et à nous angliciser, laisse croupir la mémoire de notre plus illustre chansonnier ne surprendra personne. «On a un pays, le Québec, planté dans le coeur à jamais», déclare Félix dans un des films présentés à la grange. Ce genre de propos ne plaira guère à nos ténors multiculturels, toujours prêts à nous trahir pour bien moins que 30 deniers…

Mais le peuple chante encore et lit toujours Félix. Moi mes souliers, autant que L'Alouette en colère. À la Forge du Pique-Assaut, à Saint-Laurent de l'île d'Orléans, le forgeron Guy Bel affiche fièrement dans sa boutique une photo de lui et Félix Leclerc, remontant aux années 1970. Il n'est sûrement pas le seul. Quand les Jean Charest et Philippe Couillard ne seront plus que des notes en bas de page dans les textes historiques, la mémoire de Félix continuera de briller !

Il serait grand temps que le public fasse campagne pour offrir à Félix la visibilité qu'il mérite sur cette île d'Orléans qu'il avait fait sienne depuis 1970 et qui lui sera toujours associée!


Une des affiches à l'Espace Félix-Leclerc


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…à suivre

2 commentaires:

  1. Il y a aussi notre Gilles Vigneault qui vieillit et à qui le Québec devrait commander un hymne national avant que son tour ne vienne.

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  2. Il y a aussi notre Gilles Vigneault qui vieillit et à qui le Québec devrait commander un hymne national avant que son tour ne vienne.

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