mercredi 31 août 2016

Favorables au bilinguisme? Talk is cheap!

Texte du quotidien Le Droit du 31 août 2016

Toujours rusé, ce Graham Fraser. Notre Commissaire aux langues officielles vient de rendre public, fin août, un sondage sur le bilinguisme réalisé en février et en mars 2016 (bit.ly/2c96h7G). Quand on voit, en période électorale, les appuis aux enjeux et aux partis varier de jour en jour, parfois substantiellement, sur une période de quelques mois, on peut se demander à quel point l'opinion d'il y a six mois vaut toujours. On peut aussi s'interroger sur le délai de cinq à six mois entre collecte et diffusion…

Enfin, supposons que les données n'aient pas changé, et que les appuis au bilinguisme pan-canadien soient toujours aussi massifs. Que doit-on en conclure? D'un bout à l'autres du pays, les chantres officiels du «beau et grand bilingue pays» applaudissent et brandissent les chiffres de M. Fraser sous le nez des méchants «séparatisses» du Québec en chuchotant: voyez, ils vous aiment les anglais, ils sont en majorité favorables au bilinguisme a mari jusque ad mare.

Permettez-moi de répondre très simplement, dans la langue de l'autre: Talk is cheap! Il est facile pour un anglophone de Saskatoon d'applaudir le bilinguisme dans un sondage, mais il y a fort à parier qu'il n'apprendra jamais le français. Il n'en a pas besoin, et ne perçoit pas en avoir besoin. Le fait est que dans le Canada hors-Québec, la proportion d'anglophones bilingues (y compris les jeunes) est stagnante ou en baisse. S'ils nous aiment, donc, c'est certainement pas d'un amour assez fort pour fréquenter notre langue et notre culture.

Cette semaine, lors des audiences montréalaises de Patrimoine canadien sur les langues officielles, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc (aucun risque d'avoir affaire ici à un dangereux subversif…), soulignait le danger d'une situation où 55% des jeunes francophones au Canada sont désormais bilingues, contre seulement 13% des jeunes anglophones. M. Leblanc y voyait un risque pour la paix linguistique… Pas sûr de ça… Il y a plutôt là un autre indice de l'anglicisation croissante de la francophonie canadienne (y compris celle du Québec).

Alors qu'à l'extérieur du Québec, les anglos boudent le français qu'ils sont censés «appuyer» en si grands nombres, c'est tout le contraire dans «la belle province», où, même dans des régions unilingues françaises, telles le Saguenay, ainsi que les villes de Québec et Lévis, on se rue sur les programmes d'anglais intensif au primaire pour réaliser le rêve de notre irresponsable premier ministre, celui de voir une génération entière de Québécois bilingues dans un proche avenir. Quand nous serons tous bilingues, au Québec, le pays sera entièrement anglais.

On n'a qu'à consulter les statistiques des recensements fédéraux, bien plus fiables que des sondages d'opinion publique orientés d'avance. Dans les collectivités francophones hors-Québec, plus la proportion de bilingues est élevée, plus les transferts linguistiques vers l'anglais augmentent. Après quelques générations de bilingues, on revient tout doucement à l'unilinguisme… anglais cette fois. Parlez-en aux Franco-Ontariens et même aux Québécois des régions du Pontiac et de la Basse-Gatineau... Dans combien de familles voit-on des grands-parents francophones, des enfants franco-bilingues, des petits enfants anglo-bilingues et des arrière-petits-enfants anglais…

Le bilinguisme collectif, quand l'une des deux langues est dominée, n'est qu'une étape vers l'assimilation. Les Anglo-Canadiens peuvent apprendre le français sans risque identitaire. À 90% ils ne le feront pas mais ils le pourraient. Ils se contenteront d'aimer notre langue dans des sondages. Les francophones, surtout dans des milieux où la langue anglaise occupe une position de force (hors-Québec, l'Outaouais, Montréal), n'ont souvent pas le choix. L'anglais leur est imposé, au travail notamment. Et on connaît la suite…

Graham Fraser lance avec ce sondage une dernière salve, sans doute préparatoire aux célébrations du 150e anniversaire de la Confédération en 2017. Les partisans d'un statut bilingue pour la ville d'Ottawa n'ont pas manqué de diffuser les résultats pan-canadiens favorables à leur cause. Tout ce que je souhaite c'est que les nôtres accordent plus d'importance à la réalité vécue, la vraie, plutôt qu'aux voeux sans réelle conséquence d'un échantillonnage de 1000 Canadiens…

Talk is cheap!





4 commentaires:

  1. "Dans combien de familles voit-on des grands-parents francophones, des enfants franco-bilingues, des petits enfants anglo-bilingues et des arrière-petits-enfants anglais…" Répondez à la question avec données fiables à l'appui et vous allez vous rendre compte que ce dont vous suggérez par votre annecdote n'a aucune validité. Your talk is cheap!

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    1. Vous pourriez commencer par lire ce document de Statistique Canada (Les francophones de l'Ontario) à l'adresse http://www.statcan.gc.ca/pub/89-642-x/89-642-x2010001-fra.pdf avant de prendre le temps, comme je l'ai fait, d'analyser en détail les chiffres des recensements fédéraux de toutes les provinces.

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    2. Contrairement à monsieur Allard, je ne crois plus l'indépendance du Québec possible : les Canadiens-français du Québec trouvent le Canada trop confortable pour prendre le risque de le quitter et ils ne tiennent pas suffisamment à leur culture pour faire des sacrifices pour la conserver.

      Mais, contrairement à monsieur Lagacé, je suis persuadé, comme monsieur Allard, que notre assimilation tranquille a commencé : la majorité des Canadiens-français du Québec sera peu à peu mise à mal par l'immigration. L'assimilation des Canadiens-français hors-Québec, elle, est si évidente qu'il faut être volontairement aveugle pour ne pas la constater.

      Les fédéralistes jovialistes n'auront toutefois jamais à faire leur mea culpa : quand le poids démographique des francophones canadiens aura diminué de façon décisive, ils diront : «si nous avions fait plus d'enfants», «les gens qui s'assimilent le font de leur propre volonté» et «soyons réalistes, nous ne formons qu'un sixième (puis un huitième, etc.) de la population canadienne, et il nous faut accepter notre statut de minorité ethnique comme toutes les autres».

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    3. ÉMOTIONS D’UN VIEUX…………… de 76 ans…………… fort…………… presque 77…


      En ce 16 juillet 2016, j’ai le goût de crier mais je sens que ma voix ne porte plus dans ce Canada qui fût le mien jadis. Ça me désole de constater qu’elle n’a pas plus d’écho dans MON QUÉBEC, que ma famille du côté paternel occupe depuis 10 générations. Encore moins du côté de l’Ontario francophone que ma famille du côté maternel occupe depuis quelques générations. Pauline Julien chantait «Ce soir, j’ai l’âme à la tendresse», mais moi, c’est temps-ci, j’ai plutôt l’âme à la tristesse.

      Je sens que le navire de la francophonie, MA francophonie, est en train de sombrer lentement mais inexorablement dans cette Amérique du Nord anglo-saxonne et, de plus en plus, multiculturelle. Depuis près de 200 ans que le travail machiavélique pour nous faire disparaître comme peuple est commencé et, malheureusement, plusieurs d’entre nous se sont laissé berner, au fil du temps, par de belles paroles et de fausses promesses par NOS dirigeants membre de notre grande famille francophone, appuyés fortement par quelques détenteurs de la richesse et du savoir, la ploutocratie et l’oligarchie.

      Et LE PIRE, le peuple québécois continue de se laisser endormir, encore et encore, par ces «chanteurs de pomme» professionnels que je trouve coupables de haute trahison envers NOUS le peuple francophone.

      Je recommande très fortement, à ceux qui veulent vraiment en savoir plus pour comprendre, la lecture de «La Petite Loterie – Comment la Couronne a obtenu la collaboration du Canada Français après 1837» de Stéphane Joseph Kelly qui décrit le système de distribution de faveurs qui vise à gagner l’adhésion du rebelle et à en faire un parvenu, c’est-à-dire un membre de la minorité qui sacrifie les intérêts de celle-ci à des intérêts personnels.

      La politique de «collabo-ration» réussie grâce à l’action d’un petit groupe de parvenus qui acceptent ainsi le verdict de Lord Durham. En échanges de loyaux services, ils vont recevoir, sous diverses formes, des privilèges de la Couronne.

      Pour dire les choses plus crûment, ILS FURENT CARRÉMENT ACHETÉS.

      Et ils nous ont vendu pour un plat de lentilles.

      Ils ne se rendent même pas compte de tout le mal qu’ils nous ont fait, qu’ils nous font, et continue de nous faire par appât du gain et/ou du pouvoir.

      Vous êtes des pauvres types ! Vous me faites vraiment pitié.

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