Les histoires de lynchages sont fréquentes en 1899, aux États-Unis. Certaines ont été rapportées au Québec par le Journal La Vérité, qui dénonce régulièrement les excès et crimes des voisins du Sud. Dans le langage de l'époque, biens sûr, les Noirs étaient appelés « nègres ». Ce texte a été publié dans l'édition du 12 août 1899.
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À PROPOS DE LA LOI DE LYNCH*
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Nous lisons dans The Review, de Saint-Louis (Missouri), à la date du 3 août :
« La Virginie nous offre le premier exemple de la mise en accusation et de la condamnation de lynchers. Il y en deux qui viennent d'y être condamnés à cinq et six ans d'emprisonnement pour meurtre au deuxième degré. Et c'était pour avoir lynché un homme - un blanc, il va sans dire - accusé d'une attaque criminelle contre une femme.
« Comme on le voit, les autorités, aux États-Unis, règle générale, ne font aucune tentative de supprimer l'horrible plaie des exécutions sommaires. La condamnation de deux lynchers est un événement jusqu'ici inouï. Et, remarquez-le bien, la victime était un blanc. Les lynchers de nègres ne sont pas près d'être molestés.
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Nous lisons ce qui suit dans le Catholic Columbian du 5 août :
« Depuis quelques jours, six nègres ont été lynchés dans les environs de Bainbridge, Georgie, pour viol et vol. Le dernier tué est un nommé Charlie Mack. Un reporter qui assistait à cet homicide en donne les détails horribles que voici :
"Le prisonnier fut conduit au même arbre où Sammins avait été exécuté et y fut lié avec des chaînes.
"Tous ceux qui avaient des couteaux les sortirent, et se mirent à torturer le misérable. Les blancs qui l'entouraient, tout en reprochant au nègre son crime, lui enlevèrent de petits morceaux de chair qu'ils enveloppèrent dans des morceaux de papier pour les emporter comme des souvenirs.
"Les gens de la foule entourèrent Mack, coupant des morceaux aux muscles des bras et des jambes, enlevant de la chair aux côtes, mutilant ses doigts, tordant ses bras à les briser, enfonçant leurs couteaux dans ses chairs.
"Le nègre était devenu une masse de chair pantelante et saignante, n'ayant presque plus de formance humaine, avant que la foule ait daigné se servir de balles et de poudre.
"C'était merveilleux de voir la vie rester aussi longtemps dans cette carcasse mutilée et torturée. Après qu'ils eussent poussé cette barbarie à son extrême limite, les lynchers firent leur seul acte de miséricorde. Les chaînes furent enlevées, et la corde autour du cou fut raidie, et au moment où le corps - une masse de chaire déchiquetée mais vivante - montait dans les airs, l'ordre de faire feu fut donné. À ce commandement, les flammes jaillirent de centaines d'armes à feu, et le misérable était mort.
...
"La foule qui l'a ainsi déchiqueté était composée exclusivement d'Américains de naissance, et ils nous font toucher du doigt l'état actuel de la civilisation anglo-saxonne aux États-Unis." »
*Pour en savoir plus sur l'origine du lynchage (Loi de Lynch, nommée ainsi pour le juge Charles Lynch, de Virginie), voir Wikipédia. Plus de 2000 Noirs auraient été lynchés à la fin du 19e et au début du 20e siècle aux États-Unis.
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