Un livre à lire absolument!
Assistera-t-on, lentement et dans l'indifférence totale, à la disparition de la francophonie dans le Pontiac... une région qui, faudrait-il le souligner, se trouve bel et bien au Québec? Après un siècle et demi de domination anglophone, émaillée de persécutions à l'endroit des populations de langue française, ce qui reste de la francophonie agonise…
Dans ce coin de l'Outaouais, on trouve d'un côté des collectivités solidement anglophones, majoritairement unilingues, et des communautés bilingues de langue maternelle française… Ces dernières se sont fait imposer depuis longtemps, à coups de bâtons, cette «bonne entente» qui fait de l'anglais la langue usuelle de communication entre francophones et anglophones. D'une génération à l'autre, une partie de ces bilingues, constatant l'inutilité et l'infériorité du français, l'abandonnent et ne conservent en souvenir qu'un nom de famille prononcé à l'anglaise…
Un siècle de répression, l'oeuvre d'une classe dirigeante anglo-raciste et d'un clergé ontarien anti-francophone (le Pontiac étant rattaché au diocèse de Pembroke, en Ontario), avec la complicité quasi criminelle des puissances politiques à Québec et Ottawa, a laissé des marques indélébiles. Dominés jusqu'à la soumission, la majorité des francophones se diraient probablement heureux, en 2016, de cette «bonne entente» dont ils font les frais. L'anglicisation n'a pas seulement usé leur résistance, elle a érodé leur identité…
Aujourd'hui, ils ne sont peut-être plus que treize irréductibles à poursuivre la lutte plus que centenaire contre les injustices faites aux francophones du Pontiac. On ne connaît même pas l'identité de tous ces patriotes, sauf qu'ils s'appellent le «Groupe des 13» (voir bit.ly/29QJrn8). On sait qui est leur porte-parole, Mme Lise Séguin. D'autres - craintifs à juste titre dans une région de persécution - apportent leur soutien sous la couverture de l'anonymat. Ils sont peut-être les derniers militants et crient dans un désert politique et médiatique. On en est presque à l'extrême onction…
Il y a quelques jours, le mouvement Impératif français a tenté de mobiliser l'opinion publique en faveur des Pontissois de langue française (voir bit.ly/29tgABi), mais sa démarche a frappé dans le vide… Quelques petits textes sur le Web (La Presse, L'actualité) et un article dans le journal Le Droit, ainsi qu'une mention ça et là à la radio… puis rien. Aucun commentaire de l'Église, des gouvernements ou des députés. Zéro. Même nos vaillants patriotes indépendantistes, si prompts à lever des boucliers pour défendre langue et patrie, ne semblent pas avoir de temps à perdre avec quelques milliers des leurs au bord du précipice…
J'oscille entre le découragement et la colère. L'inaction est totale. L'Église catholique, qui n'avait pas consulté les francophones du Pontiac pour les confier aux griffes anglo-ontariennes, semble souhaiter maintenant une expression de volonté de rattachement au Québec, sachant fort bien que telle demande ne viendra pas… Les vaincus ne combattent plus, ils se résignent et se convainquent qu'ils sont bien heureux ainsi. L'archidiocèse de Gatineau, par la voix de Mgr Durocher, doit les rapatrier au Québec sans consultation ou se faire complice des péchés graves du passé.
Quant à Québec, son indifférence est carrément criminelle. Au début des années 1930, les francophones du Pontiac étaient tellement découragés de l'absence du gouvernement québécois qu'ils ont fait appel aux organisations franco-ontariennes, habituées aux luttes scolaires… Au lieu d'avoir le regard constamment fixé vers le Nord, d'offrir à rabais nos ressources aux multinationales et de vouloir bilinguiser tous les jeunes francophones, notre demi-État devrait au moins avoir la décence de venir enquêter sur ce qui est arrivé aux nôtres - avec son consentement - dans le Haut-Outaouais.
Un petit jet de venin pour les médias. En 1955, le journaliste Pierre Laporte, du Devoir, s'était aventuré au Pontiac et avait été horrifié par le sort réservé aux francophones. Il avait porté leurs souffrances à la une du quotidien montréalais. Rien n'a changé. Le quotidien Le Droit, en nouvelles et en éditorial, revient périodiquement sur les malheurs de la francophonie pontissoise. Et rien ne change. Mais où sont-ils, les autres médias? Silence assourdissant. Si ça se passait à Montréal, on en entendrait sûrement parler au National… Mais à Fort-Coulonge? À l'Île-du-Grand-Calumet? Oubliez ça…
Même les inspecteurs de l'Office de la langue française ne s'y rendent plus, depuis qu'ils ont été chassés de Shawville il y a une vingtaine d'années… Faudrait peut-être que Québec leur achète quelques blindés canadiens d'Arabie saoudite pour les protéger… Ce que Québec pourrait faire, cependant, avec quelques milliers de son deux millions de surplus, c'est faire l'inventaire de la situation des francophones du Pontiac, et en tirer les conclusions qui s'imposent. Mais c'est sans doute trop espérer de ce gouvernement Couillard sans couilles…
Je ne suis qu'un citoyen de l'Outaouais, ancien journaliste et éditorialiste, indépendantiste même (ce n'est pas un avantage ici), sans influence autre que celle conférée par l'Internet. Mais je lance ce cri aux forces vives du Québec. Il y a ici une injustice historique à corriger. La grande majorité des francophones du Pontiac ne réclameront pas votre soutien, n'étant guère disposés ou en mesure de combattre. Mais il en reste au moins 13 qui luttent. Ces treize, même s'ils étaient les derniers, méritent que le tamtam patriotique québécois les appuie, et fasse connaître partout ce qu'on a fait aux leurs depuis 1867, en réclamant justice!
Si rien ne bouge cette fois, alors il ne restera qu'à ériger, à la frontière ouest de la ville de Gatineau, une pierre tombale à la mémoire de ces vaillants Pontissois qui ont persévéré pendant si longtemps avant de disparaître, usés par de trop nombreux combats et lâchement abandonnés par leurs compatriotes des autres régions du Québec…
Je trouve tout ça très triste. J'arrive d'une croisière d'une semaine aux Îles-de-la-Madeleine. Nous sommes vraiment colonisés, pas à peu près. Dès qu'il y a quelques anglophones dans un groupe de 450 personnes, qui pour la plupart parlent et comprennent le français, les organisateurs passe au bilingue même si leur anglais laisse à désirer. Toute la documentation est bilingue, également. J'ai été témoin à Percé qu'un guide touristique anglophone qui baragouinait le français, nos bons québécois se forçaient pour lui parler en anglais.
RépondreSupprimerC'est frustrant, en effet. Ce n'est pas toujours le cas, mais je sais d'expérience que certains se font un malin plaisir de plaider l'ignorance du français. Ma stratégie dans ces cas là continuer en français comme si de rien n'était ou en désespoir de cause baragouiner à outrance. C'est permis par l'Église: Un Mgr Villeneuve, nationaliste comme on disait à l'époque recommandait: Si tu n'as pas le choix que de parler anglais, parle le plus mal possible. Baragouin pour baragouin.
RépondreSupprimerJe vous prie de bien vouloir lire les commentaires qui suivent le vôtre. Contrairement au vôtre, il n'y a pas de venin dans nos messages. Il est très possible de faire cohabiter le français et l'anglais. Je vous prierais de bien vouloir vous informer car il y a de bien belles choses qui se font en français dans le Pontiac. Bonne journée!
SupprimerLe groupe des 13... Comme s'il n'y a personne d'autres que ces 13 personnes qui ont le français à coeur! Je suis une enseignante passionnée de ma francophonie. Depuis plusieurs années, nous faisons vivre un Génies en herbe CULTUREL à tous les élèves de l'Établissement Primaire Pontiac. Nous sommes un groupe d'enseignants à organiser cet événement et plusieurs autres événements faisant la promotion de la langue française. Je vois mes élèves tomber en amour avec cette si belle langue! SVP, informez-vous avant de répandre de telles nouvelles! Le jour n'est pas encore arrivé où il y aura une pierre tombale à l'entrée du Pontiac! Oui, il y a du travail à faire mais il n'y a pas que le groupe des 13 qui plaide la cause du français. Les enseignants sont là également!
RépondreSupprimerJe continue...Il y a également plusieurs initiatives personnelles comme les soirées-cinéma qui se passent uniquement en français, à la maison Bryson, une fois par mois. Je fais partie des personnes organisatrices de ces soirées. Je n'ai pas vu un membre du groupe des 13 venir à ces soirées-cinéma. Pourtant, ces soirées sont là pour offrir à la population pontissoise une occasion unique de voir un film en français. Il y a également la soirée de poésie annuelle qui se passe uniquement en français! Tous ces événements montrent que le français vit dans le Pontiac. Bien entendu, il y a du travail à faire! Je crois seulement que nous devons tous apprendre à vivre ensemble, pas l'un au détriment de l'autre.
RépondreSupprimerDepuis un peu plus de cinq ans déjà, nous avons une orientation bien définie concernant le développement d'une identité francophone chez nos jeunes du Pontiac. dans notre région, les établissements scolaires de langue française exercent un leadership de premier plan au niveau de son expertise en construction identitaire francophone en intégrant plus particulièrement une pédagogie culturelle au coeur des pratiques pédagogiques. Cette expertise se reflète même à des tables nationales comme ses participations et contributions à l'ACELF (Association canadienne d'éducation en langue française). En cette matière dans le domaine de l'éducation, le Pontiac représente un chef de file intéressant et innovateur comparativement à ce qui fait ailleurs au Québec. À cet égard dans nos écoles, nous travaillons au quotidien avec une clientèle diverse provenant, entre autre, de foyers exogames ou francophiles. Pour tous, nous avons une vision d'un bilinguisme additif où le français doit occuper une place aussi importante que l'anglais, mais avant tout dans le cœur de nos élèves; car ceux-ci représentent l'avenir. Alors non, il n'y aura pas de pierre tombale à l'ouest de Gatineau tant et aussi longtemps que l'école agira comme pivot au cœur des familles et des communautés pontissoises afin d'améliorer la réussite en langue française de l'ensemble de ses élèves.
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