«Ah que l'hiver tarde à passer…»
Gilles Vigneault avait raison. Mon pays, c'est bel et bien l'hiver, et celui ou celle qui - comme moi - n'aime pas les climats froids passe tous les ans de longs mois à espérer un printemps trop souvent tardif… à moins de pouvoir s'organiser une escapade vers le sud… plus loin qu'une Floride aux chaleurs incertaines… disons jusqu'au Mexique. Une dizaine de journées tropicales dans la péninsule du Yucatan dans un tout-inclus, près d'une plage, a de quoi dépayser et casser les reins de l'hiver en plein coeur de janvier… une petite vengeance contre Jacques Cartier qui aurait pu voguer vers les Carolines au lieu de s'engouffrer dans les eaux glaciales d'un golfe nordique…
Le 8 janvier, mon épouse et moi, avec une de mes filles, son conjoint et leurs deux enfants (une de 2 ans, l'autre de 4 mois), avons donc filé sur les ailes d'Air Transat vers le centre de villégiature «Azul Fives» à Playa del Carmen pour une semaine et demie de répit des -20, des grattes et de tout ce qui peut nous embêter, individuellement et collectivement, dans notre coin de pays. Et s'il est vrai, pour moi du moins, que la seule vue des palmiers met un baume sur notre interminable froidure, le journaliste que je suis reste constamment aux aguets, et à l'ère Internet la planète entière (y compris nos amis et nos proches) «grouille, grenouille et scribouille» dans l'iPod que je traîne même sur la plage «wi-fi-ée»…
Notre plage
J'aurais pu, si je n'avais pas juré avant mon départ de laisser ma plume à la maison (et si je n'avais pas craint la colère justifiée de ma douce moitié), pondre un texte de blogue à tous les jours. J'ai quand même gardé en mémoire quelques expériences vécues durant ces vacances qui mériteraient d'être bloguées quand l'occasion s'y prêtera. Je les lance ici, pêle-mêle, pour ne pas les oublier, mais aussi parce qu'elles pourraient évoquer des souvenirs ou des réflexions chez ceux et celles qui sont déjà passés par les mêmes destinations.
Le français à Air Transat
Le voyage a mal commencé à l'aéroport d'Ottawa, où, en plus d'afficher un retard, le vol d'Air Transat semblait être le seul qu'on n'annonçait qu'en anglais… Même traitement unilingue anglais au moment de vérifier nos billets et étiqueter nos bagages… Et même chose au retour, à l'aéroport de Cancun, au Mexique, où le personnel d'Air Transat faisait ses annonces de départs pour Montréal (Montréal prononcé à la française par surcroit) et Ottawa en anglais seulement (même pas en espagnol) alors qu'une forte proportion des passagers étaient francophones… C'est bizarre pour une entreprise qui, à bord de ses avions, du moins ceux que j'ai pris, respecte rigoureusement l'égalité des deux langues… et qui offrait au complexe hôtelier un excellent service en français.
Le français à l'hôtel Azul Fives (Playa del Carmen)
Cancun étant la destination hivernale préférée des Américains, je ne m'attendais pas à parler français très souvent à Playa del Carmen. J'ai été surpris. D'abord, il semble que près du quart des clients de ce centre de villégiature étaient Québécois ou Canadiens français, ou francophones d'Europe. Sur la plage, dans les restos et bars, sur les sentiers, on entendait partout les accents d'ici. Il y avait même du personnel québécois grâce à la présence de stagiaires de l'Institut d'hôtellerie à Montréal. Quelques Mexicains faisaient aussi un effort pour s'adresser à nous dans notre langue. Un serveur mexicain a même exigé qu'on ne lui parle que français. Dans le restaurant «La Brasserie», de l'hôtel, notre choix pour les petits déjeuners, les affichages sur les murs étaient largement en français, et nous déjeunions en écoutant de vieilles chansons d'Adamo, de Christophe, d'Aznavour, de Richard Anthony et bien d'autres.
Notre resto du matin. La Brasserie Le Bistro.
Une suggestion, transmise à l'hôtel par un des stagiaires québécois. Sur les 40 chaînes de télé offertes, on pourrait en inclure une ou deux en français… Les chaînes offertes sont presque toutes espagnoles et anglaises (sauf une en italien…).
Le bilinguisme à la mexicaine
En jasant avec un barman sur la plage, ce dernier m'a demandé si, par chez nous, nous étions nombreux à parler deux langues, en l'occurrence le français et l'anglais. Lui ayant expliqué un peu la situation de notre coin d'Amérique du Nord, il m'a informé que je me trouvais dans une zone bilingue du Mexique, dans le Yucatan, et que sa langue maternelle n'était pas l'espagnol, mais la langue des Mayas. Et que la grande majorité des autochtones du territoire jadis occupé par la civilisation Maya avaient conservé leur langue traditionnelle. Alors, quand j'arrivais le matin pour commander ma boisson sucrée aux bananes (sans alcool), je pouvais lui dire «Malo' Kin», au lieu de Hola, Buenos Dias ou Buen Dia. Ce que je n'ai pas manqué de faire…
Le personnel mexicain
Je suis allé au Mexique à trois reprises, et jamais (ou presque jamais) je n'ai rencontré un Mexicain antipathique. Ils, elles sont invariablement polis, souriants et agréables, contrairement à nombre de touristes qu'ils ont l'obligation de côtoyer ou de servir. J'ai appris, par un agent de tourisme à l'hôtel même, que le personnel de chambre était payé 56 pesos par jour… Environ 5$ par jour, c'est la moitié du salaire horaire minimum ici… et le coût de la vie est aussi élevé au Mexique qu'ici si je me fie aux prix des articles divers offerts aux magasins ou dans les publicités télévisées…
Un groupe de mariachis… toujours populaire.
Nous nous efforçons toujours d'être polis avec eux, de ne pas ménager les «por favor» et les «gracias», en plus de laisser un pourboire à chaque service. Avec le salaire qu'ils reçoivent, ils en ont besoin… J'ai vu trop de clients les traiter avec indifférence, sans pourboire, y compris quelques Elvis Gratton de par chez nous…
Les familles
Les hôtels Azul sont spécialisés dans l'accueil des familles et à voir le nombre de groupes familiaux sur place, y compris plusieurs de trois générations (grands-parents, parents et enfants) dont le nôtre, je me demande s'il y a pas là une tendance en tourisme. Il était fascinant d'arriver devant le principal restaurant buffet à l'heure du petit-déjeuner et de voir la file de poussettes à l'entrée… sans compter les cris de dizaines d'enfants à l'intérieur.
Dans une aire réservée aux tout-petits, on trouve même des chaises longues adaptées à la taille de jeunes enfants…
L'Internet
Le centre de villégiature que nous avons choisi n'incluait pas l'accès à l'Internet dans son tout-inclus… ce qui me semble un peu regrettable en 2015… Alors il a fallu débourser 90$ US de plus (avec rabais de 15% parce que clients d'Air Transat) pour brancher nos iPad et mon iPod…
Avec l'Internet, avec Twitter, avec Facebook, la dynamique des vacances tropicales change. Quelques centaines d'«amis» Facebook bien gelés (dans le sens de froid…) ont l'occasion de suivre notre périple grâce à une photo quotidienne et quelques commentaires. La méga-manif de Charlie Hebdo à Paris et les autres rassemblements, ainsi que la sortie du premier numéro du magazine après les assassinats, me passionnent bien plus que le sable et la mer. Et en plein milieu de notre séjour, voilà que mon épouse apprend la mise en tutelle du CSSS de Gatineau, où elle travaille. Il y a 20 ans, avant la prolifération de l'Internet et du wi-fi, le rattrapage de l'actualité se serait fait au retour…
Mais voilà. Nous sommes de retour. Je m'étais convaincu que j'avais hâte de revenir chez nous, et de la nécessité d'apprendre à apprécier davantage la saison froide… Aujourd'hui, il fait -15 en plein jour et le vent est mordant… Je retournerais volontiers au +28 degrés des plages du Yucatan…
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