mardi 23 octobre 2012

Données linguistiques du recensement de 2011 : près du point de non-retour ?

Demain matin, Statistique Canada rendra publiques les données linguistiques du recensement de 2011. Comme on nous promet des statistiques « détaillées » en quatre volumes, je suppose que nous pourrons consulter les résultats du recensement pour chaque province, ainsi que pour les différentes municipalités à l'intérieur de chaque province, comme c'est le cas pour chaque recensement depuis au moins une cinquantaine d'années.

Sur la plan global, la proportion de francophones (langue maternelle et langue la plus souvent parlée à la maison) sera à surveiller. Elle est à la baisse depuis des décennies, et rien n'indique une modification de la trajectoire. Il sera particulièrement intéressant de comparer les données pour les francophones et les allophones. Au recensement de 2006, selon la langue maternelle, les francophones représentaient 22,1% de la population canadienne (en baisse), et les allophones 20,1% (en forte hausse à chaque recensement). Le point de croisement approche.

Au niveau des provinces, la situation des minorités canadiennes-françaises et acadiennes, toujours préoccupante, pourra être de nouveau jaugée. La différence entre les données sur la langue maternelle et la langue la plus souvent parlée à la maison constituera un élément clé pour la compréhension de la dynamique de l'assimilation. L'écart entre les deux s'est accru au cours du dernier demi-siècle.

Par exemple, à Cornwall (Ontario), en 1971, il y avait 18 165 personnes de langue maternelle française (38,5% de la pop. totale) et 14 860 selon la langue d'usage, soit celle la plus souvent parlée à la maison (31,5% de la pop. totale. Au recensement de 2006, il y avait, sur une population totale d'environ 45 000 personnes, 12 230 francophones selon la langue maternelle (27,2% de la pop. totale) et seulement 6 655 personnes dont la langue d'usage était le français (14,8%). Ces chiffres parlent d'eux-mêmes.

Le cas de Cornwall n'est pas exceptionnel. Évidemment, le phénomène est moins accentué dans les localités où les francophones sont majoritaires, mais il est présent, sauf dans des endroits comme Edmunston ou la péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick, où la majorité francophone est écrasante. À Edmunston (N.-B.), le nombre d'anglophones a diminué de moitié au cours des 50 dernières années. Cependant, dans des villes comme Bathurst ou Campbellton, où les francophones sont à égalité ou légèrement majoritaires, ils se font assimiler.

Au Québec, dans les localités outaouaises du Pontiac en particulier et dans certaines municipalités de la vallée de la Gatineau, la francophonie est clairement en déclin. Même dans des municipalités comme Vaudreuil-Dorion, en banlieue de Montréal, pourtant très majoritairement francophones, on enregistrait en 2006 des pertes au profit de l'anglais, c.-à-d. que le nombre de francophones selon la langue d'usage était moins élevé que le nombre de personnes de langue maternelle française...

Il faudra regarder tout ça demain, globalement et cas par cas, pour tenter de déceler ou confirmer des tendances. Il serait surprenant qu'on y trouve beaucoup de bonnes nouvelles. Nous approchons du point de non-retour.


Quelques endroits à surveiller : 

Au Québec :

Gatineau, Montréal, Laval, Vaudreuil-Dorion, Châteauguay, Campbell's Bay, Fort-Coulonge, Low, Kazabazua.

En Ontario :

Ottawa, Cornwall, Sudbury, Welland, Timmins, Kapuskasing, Hearst, Hawkesbury, Prescott, Russell, Windsor

Au Nouveau-Brunswick :

Moncton, Dieppe, Campbellton, Bathurst, Edmunston


Pour comparer avec 2006, allez à cette adresse :

http://www12.statcan.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/index.cfm?Lang=F




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