mercredi 9 juillet 2014

Pour ceux qui ont aimé Memphis Belle...

L'avion Sentimental Journey, à Gatineau

Tout ce qui touche de près ou de loin les causes, le déroulement et les séquelles de la Seconde Guerre mondiale me fascine… Les livres, les lieux (j'ai enfin visité les plages du débarquement l'an dernier), les musées, les témoignages, les documentaires, les photos, les archives de journaux et magazines, et bien sûr les films… J'ai dû voir des grands classiques comme Le jour le plus long et Tora! Tora! Tora! une quinzaine de fois chacun… Et je ne compte plus le nombre d'heures passées à visionner Casablanca, mon film préféré entre tous…


Le minuscule poste du mitrailleur arrière

Alors quand j'ai lu la chronique de Patrick Duquette dans le quotidien Le Droit et appris que, du 7 au 13 juillet, l'aéroport de Gatineau accueillerait un bombardier B-17, le quadrimoteur qui avait transporté tant d'équipages alliés au-dessus de l'Europe et du Pacifique durant le second conflit mondial, l'avion qu'avait immortalisé le sympathique film Memphis Belle, je n'ai pu résister. Il fallait que je le voie de très près. Le toucher. Circuler dans les entrailles de ce bombardier de 70 ans, de la cabine de pilotage au minuscule poste de mitrailleur arrière. L'imaginer en mission, sous le feu ennemi…


Comme un long cigare à quatre moteurs...

Je n'apprécie guère le fait que les bombes larguées par les B-17 - aussi appelées Forteresses volantes - ne visaient pas toujours des cibles militaires ou industrielles, et que des milliers d'obus se sont abattus dans des quartiers civils, mais la Deuxième Guerre mondiale a été le théâtre des pires horreurs des temps modernes, et la bravoure des jeunes gens qui ont sacrifié leur vie pour combattre la tyrannie nazie mérite toujours d'être rappelée. Les équipages de B-17 n'avaient qu'une chance sur quatre de compléter les 35 millions nécessaires à leur retour à la vie civile. Trois fois sur quatre, ils étaient abattus…


L'équipage d'un B-17 en 1943 (photo de mon cousin)

Un de mes cousins a affiché sur Facebook une photo d'un des oncles de sa mère, prise en 1943, alors qu'il était mitrailleur arrière d'un B-17. Les dix membres de l'équipage sont photographiés devant leur quadrimoteur, en uniforme d'apparat. Il y a fort à parier que la quasi totalité d'entre eux n'ont pas vu la fin de la guerre. Que ressentaient-ils en se hissant dans le ventre de l'avion, au départ d'une mission, avec les équipages de centaines d'autres B-17, pour voler au-dessus de l'Europe occupée jusqu'en Allemagne, pris en cible par la défense anti-aérienne et les chasseurs à croix gammée?


Une mitraillette, sur la boîte de munitions...

L'intérieur de l'avion s'apparente à un long cigare. On y marche le plus souvent penché. Avis aux claustrophobes: éviter! Pendant la guerre, en mission, l'avion était bourré de bombes et de munitions. Un coup direct pouvait le faire éclater en mille miettes… Le bombardier volait à 10 000 mètres et n'était pas pressurisé… Il fallait utiliser l'oxygène… Et la température pouvait baisser à -40 à cette altitude, même à l'intérieur de l'avion… Inutile d'ajouter que les mitrailleurs, qui devaient tirer à mains nues contre la chasse ennemie, soufraient souvent d'engelures graves…


Il n'en reste que 9 en service...

Quelque 11 000 de ces appareils ont été construits. Même si l'avion était robuste et pouvait revenir à la base avec de graves dommages, près de 5 000 d'entre eux ont été abattus avant la fin du second conflit mondial. Il n'en reste aujourd'hui que neuf en service, dont l'avion Sentimental Journey, en montre à Gatineau. Pour 10$ on peut y entrer et obtenir des explications du personnel américain (il y avait cependant un Français de Biarritz dans le groupe), et pour 425$, on peut être passager dans une envolée de 25 minutes.

Comme tous les autres anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, les appareils B-17 se font rares… Un jour, pas très lointain, les acteurs - les humains comme les machines - d'un conflit mondial qui a largement façonné le monde dans lequel nous vivons ne seront que des souvenirs. Visiter un B-17, c'est un peu l'occasion ultime d'un voyage dans le temps, d'une communication directe avec un artefact d'une époque révolue, la chance d'entendre le dernier écho d'une génération de vaillants combattants du ciel... 





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