Depuis 50 ans, d'abord comme étudiant, puis comme journaliste, mon principal outil - je dirais presque mon seul outil - a toujours été un clavier. D'abord ceux des bonnes vieilles machines à écrire Underwood, puis brièvement ceux des machines à écrire électriques que je détestais, puis, à partir du milieu des années 1980, les claviers des ordinateurs. Les marteaux, les scies, les perceuses, les jeux de clés nécessitent des compétences que je n'ai pas...
Étant nul (voire une menace...) en bricolage, je suis totalement allergique à des magasins comme IKEA où tout, absolument tout, requiert de l'assemblage. L'enfer, IKEA, c'est pareil... J'ai par contre une fascination pour les magasins Canadian Tire, qui ressemblent à des espèces de capharnaüms où s'empilent, rayon après rayon, les objets et outils les plus divers... pour l'auto, l'électricité, la plomberie, certains mobiliers, la chasse, la pêche, et bien plus. Un monde que je trouve à la fois étrange et attrayant. Une grande surface du 21e siècle avec l'âme d'un ancien magasin général des temps passés...
À Gatineau, du moins dans mon secteur de Gatineau, celui qui s'appelait Gatineau avant que les fusions des 40 dernières années imposent l'appellation Gatineau à un méga-territoire, le stationnement du Canadian Tire est toujours bondé. J'ai parfois l'impression que toute la ville se donne rendez-vous dans les allées de cette super quincaillerie. Les gens y semblent à l'aise, comme s'ils étaient chez eux. Ils cherchent, ils trouvent. C'est du moins l'impression que j'ai. Moi, par contre, entre la porte d'entrée et la porte de sortie, je ne sais jamais dans lequel des 80 et quelque rayons me rendre... j'ai besoin d'information... et donc de trouver un employé pour me renseigner... et c'est là que le fun commence...
Hier soir, avec mon épouse, je suis allé au Canadian Tire pour acheter une structure métallique de rangement (à tablettes), que nous n'avions pas trouvée la veille dans l'immense (plus gros qu'immense) IKEA d'Ottawa où des gens peuvent errer à la recherche des portes de sortie pendant des jours... Un endroit horrifiant... Alors nous voilà au Canadian Tire dans l'espoir de repartir avec notre structure de rangement... Poussant notre panier, on arpente l'ensemble du magasin en vain... On a bien repéré deux allées d'articles de rangement mais rien qui ressemble à ce dont on a besoin...
Et nous voilà tout à coup devant un comptoir dans le secteur de l'automobile où trois préposés semblent attendre qu'un client vienne les solliciter... Une aubaine : trois employés disponibles au même endroit ! Alors je pose la question : où dois-je me rendre pour voir les structures de rangement, s'il y en a dans le magasin ? Ils ne savent pas. Ce n'est pas leur département. Allez au comptoir d'information, dit l'un d'eux, dans l'allée 26. On vous renseignera... On avait déjà vu ce comptoir dans notre premier kilomètre de marche dans le magasin... On avait cru qu'il s'agissait du rayon de la peinture... et il n'y avait personne...
Alors, hop, au comptoir de l'allée 26... Les chiffres des rangées sont identifiés en gros... N'y manque que le 26 bien sûr mais entre 24 et 28, on ne peut guère se tromper... Il n'y a personne... même pas de clients qui attendent. Quelques minutes plus tard, un employé au regard fatigué se pointe avec un client en laisse, et on en profite pour lui demander où aller... Près de la caisse 1, dit-il, les structures sont toutes là... et on finit par en trouver une qui fait notre affaire (diable, il y aura de l'assemblage requis...). Mais il y a une note sous la structure : pour les articles de cette rangée, veuillez demander de l'aide...
Demander de l'aide, mais à qui? Je regarde autour et vois le comptoir « Service à la clientèle » où, par miracle, une employée est libre... Vite, avant qu'elle se sauve ou qu'un autre client la subtilise, je lui parle. À qui on demande de l'aide pour les structures de rangement? Ce n'est pas ici, dit-elle, (et sûrement pas au comptoir de l'automobile), rendez-vous au comptoir d'information de l'allée 26... Merci, on sait où c'est, on y est déjà passé deux fois...
Retour au comptoir de la rangée 26, où il n'y toujours personne devant les étagères de gallons de peinture... Après quelques minutes, une employée s'amène pour nous informer qu'elle est « un peu » occupée avec d'autres clients mais qu'elle finira par revenir... Mon épouse commence à se décourager. Peut-être pourrait-on commander en ligne et faire livrer ? Attendons encore un peu... L'employé au regard fatigué est de retour, encore avec un client, et nous voyant, crie: Christian, es-tu occupé? Ce Christian mystérieux n'a pas répondu... et on ne l'a pas vu non plus...
Finalement, la fille « un peu » occupée revient et elle l'est toujours, mais pas pour longtemps, assure-t-elle. Et de fait, elle revient vite. On lui pose la question de tantôt, et elle se rend avec nous près de la caisse 1, dans l'allée des structures de rangement. Faut-il faire livrer (c'est 45 $...) ou cela vient-il en boîte... Elle doit vérifier et part avec nous à la recherche d'un ordi dans une des allées (un de ces vieux ordis du 20e siècle où l'écriture s'affiche en vert lumineux sur fond noir...). Oui, il en reste une seule dans l'entrepôt !
Elle doit la trouver, et mesurer pour voir si ça « fitte » dans le coffre de l'auto... Mais cette fois, nous sommes tombés sur la bonne ! Pas question de refiler le dossier une nouvelle fois au comptoir de l'allée 26 (où elle ne travaille pas d'ailleurs, elle dépannait...). Jusque là, nous nous sentions un peu comme Astérix et Obélix dans la maison de fous (Les douze travaux d'Astérix), nous avions l'impression de tourner en rond... et d'être dans un magasin où les employés disponibles ne sont jamais ceux dont vous avez besoin...
Cueillant au passage un ruban à mesurer, la jeune fille file à l'entrepôt, mesure le tout, et revient environ 5 minutes plus tard avec la structure en boîte sur un chariot. Pouvons-nous emprunter le chariot jusqu'à l'auto? C'est plutôt pesant... Pas besoin, dit-elle, je vais vous accompagner au stationnement : « Je suis jeune et forte », lance-t-elle avec le sourire. Oui, mais il faut passer par les caisses où il y a toujours des files d'attente. Parfait, dit-elle, je reste avec vous ! Incroyable ! Ça, c'est du service ! Sortez les médailles d'honneur. On a trouvé l'employée Canadian Tire du mois !
Elle a attendu aux caisses, poussé le chariot jusque dans le stationnement, m"a aidé (sans effort apparent) à placer la lourde boîte dans le coffre et est repartie avec le sourire... En fin de compte, vive les Canadian Tire !
Nous ne sommes pas cependant à la fin de l'histoire... J'ai dans le garage deux boîtes... une d'IKEA, l'autre de Canadian Tire, qui contiennent un meuble et une structure nécessitant de l'assemblage... Les choses risquent maintenant de se gâter...
Même histoire chez Rona. Chaque section a son employé dédié, donc bonne chance pour trouver celui ou celle qui sera en mesure de nous informer, et ça, c'est quand ils connaissent leur produit.
RépondreSupprimerTu te souviens de cette annonce dans laquelle on voyait un employé se sauver Voire courir) au moment ou le client l'avait remarqué ? Il m'est arrivé la même chose au Canadian Tire de Boucherville il y a quelques années. Deux fois plutôt qu'une. Je suis partie à rire et suis repartie chez nous. Tant pis, je vais me sauver moi aussi:)
RépondreSupprimerJe sais que votre billet date, mais je suis tombée dessus en faisant des recherches dans le cadre d'un cours. Étant une fan finie d'Astérix, j'étais déjà au formulaire A-38 au cinquième paragraphe. Lecture très rafraîchissante, merci pour cette délirante tranche de vie M.Allard. :D
RépondreSupprimerMerci d'avoir lu! Salut à vous!
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