L'excellente caricature de Bado dans Le Droit, 25 avril 2015
Vous voulez savoir à quel genre d'ineptie se butent les Franco-Ontariens quand ils tentent d'affirmer des droits élémentaires qui auraient dû être reconnus depuis plus d'un siècle?
Vous n'avez qu'à lire cette citation de la première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, rapportée par le journaliste Jean-François Dugas (http://bit.ly/2050Uu6) dans le quotidien Le Droit vendredi dernier, 23 octobre: «Je sais que la francophonie souhaite améliorer les débouchés pour leurs études postsecondaires. Pour moi, il est très important de déterminer s'il s'agit d'un nouvel édifice, de nouveaux programmes ou encore d'une nouvelle institution. À l'heure actuelle, je ne sais pas, mais il est très important de trouver une solution.»
Décidément, Mme Wynne ne semble pas avoir compris grand-chose à la campagne que mènent depuis maintenant plus de trois ans le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et ses organismes partenaires (AFO, FESFO) en faveur de la création d'une université de langue française en Ontario. La première ministre se demande s'il faudra construire un nouvel édifice, créer de nouveaux programmes ou encore mettre sur pied une nouvelle institution… ajoutant qu'il est «très important de trouver une solution»…
Mais une solution à quoi? Si elle - ou un membre de son gouvernement - avait pris quelques notes en février 2015 lors de la conférence de presse du RÉFO (regroupement des étudiants de langue française au postsecondaire), de l'AFO (Assemblée de la francophonie de l'Ontario) et de la FESFO (étudiants francophones au secondaire), elle aurait vu que les porte-parole de l'Ontario français lui proposaient une démarche à la fois claire et logique.
En effet, après avoir dressé le bilan de plus de deux ans de consultations exhaustives, les représentants franco-ontariens avaient demandé à la première ministre Wynne de prendre d'abord et avant tout l'engagement de créer une université de langue française en Ontario, puis de former un «Conseil des gouverneurs transitoire» chargé d'assurer le démarrage de cette université avant 2018 (bit.ly/17ffg4n).
Ce «Conseil des gouverneurs transitoire» aurait entre autres pour mandat:
1) de commander une étude sur les scénarios d'implantation de l'université;
2) de prioriser un premier campus dans le centre-sud-ouest de la province (probablement à Toronto);
3) d'assurer une garantie de financement;
4) de proposer un projet de charte universitaire; et
5) de nommer une administration centrale ainsi qu'un sénat académique.
Je suis de ceux qui croient que la priorité au centre-sud-ouest est mal avisée, et que l'effort principal doit porter sur les régions d'Ottawa et Sudbury (sans pour autant délaisser la région torontoise). Mais ça c'est un autre débat. Ce que la première ministre ne peut contester, c'est la clarté des étapes présentées: un oui de principe à l'université, un conseil des gouverneurs, une étude des scénarios d'implantation, un financement, une charte, une administration.
Déjà à l'automne 2013, on trouvait que la décision tardait...
Elle a reçu cette proposition il y a huit mois déjà et son gouvernement avait sans doute suivi les consultations régionales, le sommet provincial et les rapports entre 2012 et 2015. N'importe quel expert à son service (et elle en a des tonnes…) lui aurait dit qu'avant de parler d'un édifice, de nouveaux programmes ou de création de l'institution, il faudrait passer par une étude sérieuse des scénarios possibles d'implantation d'une université de langue française.
Ce gouvernement, francophile dans ses discours mais parfois frileux dans son action, aurait pu dire oui de façon très officielle au projet d'université de langue française dès 2012, quand a débuté la revendication du RÉFO, et mettre à l'oeuvre une batterie d'experts qui aurait sans doute déjà terminé une ébauche de scénarios d'implantation. Mais non, rien n'a été fait et il paraît évident, à ce stade, qu'on ne voudra pas trop toucher aux deux principales institutions bilingues, l'Université d'Ottawa et l'Université Laurentienne, toutes deux des foyers d'assimilation depuis des décennies.
Aujourd'hui, fin octobre 2015, devant des demandes claires et précises, la première ministre Wynne se demande toujours ce qui se passe… «À l'heure actuelle, je ne sais pas», ose-t-elle déclarer. Si le gouvernement Couillard traitait ainsi les étudiants et étudiantes anglo-québécois, on crierait à la xénophobie et au racisme from coast to coast… mais comme il ne s'agit que de francophones hors-Québec… Bof… ça peut attendre…
Pour conclure, un rappel d'une caricature à la une d'octobre 1968 dans La Rotonde, journal étudiant de langue française de l'Université d'Ottawa, pour démontrer l'effet d'assimilation d'une université bilingue… On demandait déjà à cette époque une université de langue française...
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