Le projet de loi 14 est moribond. Les libéraux
contestent le principe même de cet effort de renforcement de la Loi 101, les
caquistes projettent plutôt de l’édenter article par article, et le
gouvernement Marois n’a pas suffisamment de députés pour en assurer l’adoption.
À la fin, au rythme où vont les choses, seules survivront quelques vagues
intentions sans conséquences. Et derrière cette levée de boucliers de l’Opposition
se profile une tendance, de plus en plus perceptible, vers l’abandon tout court
du projet historique d’un Québec français.
Dans une déclaration conjointe, le nouveau
chef libéral, Philippe Couillard, et le porte-parole libéral pour la Charte de
la langue française, Marc Tanguay, n’y vont pas de main morte. « Le
bilinguisme, déclarent-ils, n’est pas une menace, mais un atout essentiel
auquel tous les jeunes Québécois doivent avoir accès. » Outre le fait que MM.
Couillard et Tanguay ne semblent pas comprendre la réelle différence entre un
bilinguisme/plurilinguisme individuel enrichissant et le bilinguisme collectif
comme signe d’assimilation d’une société, leur message est clair :
l’anglais est « essentiel » et « tous » les jeunes Québécois francophones doivent
l’apprendre…
Ce que le Parti libéral propose donc, si ses
intentions se réalisent, c’est l’évolution vers un Québec carrément bilingue,
où la notion du français langue commune perdra graduellement toute utilité.
Pourquoi chercherait-on à promouvoir le français comme langue de travail, ou à
l’exiger comme langue d’affichage, si tous les francophones peuvent bien se
débrouiller en anglais ? Et si tous les francophones du Québec apprennent
un jour l’anglais comme le souhaitent MM. Couillard et Tanguay, qu’en
concluront alors les allophones et anglophones québécois ? Qu’au
fond, il n’est plus vraiment nécessaire de connaître le français… même au
Québec.
Le chef de la Coalition Avenir Québec,
François Legault, a beau sermonner les libéraux – avec raison – sur leur manque
d’ardeur à défendre la langue française, son parti partage avec le PLQ un appui
enthousiaste au projet d’anglais intensif à l’école primaire ; le refus d’une
remise en question du statut bilingue de certaines municipalités ;
l’opposition à la francisation obligatoire de petites entreprises ;
l’appui au droit des militaires francophones d’angliciser leurs enfants au
Québec ; et la protection de l’accès des francophones aux cégeps de langue
anglaise, entre autres. De fait, après lecture de la liste de conditions posées
par la CAQ pour un « appui » au projet de loi 14, il ne reste pas grand-chose
du projet de loi 14.
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