On peut comprendre la fatigue. Le combat pour la survie collective dure depuis plus de 200 ans, dans un environnement hostile, sans lumière perceptible au bout du tunnel. Pire, la zizanie règne dans les tribus de la nation…
Les signes d'épuisement surgissent partout ces jours-ci. Chez les intellectuels, les politiciens, les syndicalistes, dans les sondages d'opinion publique. De vieux routiers abandonnent, les jeunes semblent tièdes… Des médias se font éteignoirs…
Alors, pour ceux et celles qui n'ont jamais voulu, ou qui ne veulent plus cheminer vers une destiNation qui paraît désormais hors de portée, voici une recette sûre de repos total. Et le plus merveilleux, c'est que tout ce qui suit est déjà en marche ou en préparation. Vous n'avez qu'à laisser faire...
Il suffit de :
- bilinguiser, puis angliciser tout en douceur les Québécois francophones (on commencera par la 6e année…) plutôt que d'exiger un français de qualité pour tous et toutes. L'assimilation finira par mettre fin aux querelles linguistiques.
- cesser d'enseigner l'histoire nationale et ranger pour de bon les «vieilles chicanes»... Rien comme une Alzheimer collective pour permettre aux puissants de forger des peuples heureux, dociles et malléables…
- oublier la démocratie, un système trop exigeant fondé sur la liberté de l'information, le choc des idées et l'engagement citoyen. On se contentera de chialer contre les politiciens «sales» pendant quatre ans, en attendant de les réélire…
- laisser fermer des journaux et mettre la hache dans des salles de rédaction pour se plier aux impératifs financiers des empires, au lieu de lutter pour des médias vibrants et des plumes libres.
- continuer, pour plusieurs, de se réfugier dans le confort d'une «gauche» minoritaire mais solidaire, plutôt que de marcher main dans la main, le temps qu'il faut, avec ceux et celles qui entrent par la «porte de droite»....
- poursuivre les palabres sur des référendums hypothétiques (lointains ou pas) au lieu d'insister sur ce qu'il est possible de faire concrètement aujourd'hui, dans la prochaine année (jusqu'aux élections fédérales) et d'ici 2018 (prochain scrutin québécois) pour sortir du cul-de-sac.
- répéter ad nauseam les mots magiques «ma priorité c'est l'économie», sans jamais véritablement s'attaquer aux abus d'un régime qui s'agenouille devant le capital et laisse pour compte les démunis.
- prêter les eaux de notre fleuve, de nos rivières et lacs, les forêts et le sous-sol québécois à des pollueurs sans scrupules et laisser le nettoyage (ainsi que la facture) des dégâts aux générations futures, si générations futures il y a...
Dans L'urgence de choisir (1971), Pierre Vallières, en décidant de se rallier au PQ, écrivait: «Nous sommes acculés à gagner cette bataille ou à disparaître de l'histoire.» Gagner des batailles, c'est dur. Disparaître tranquillement de l'histoire, c'est moins dur…
S'il y en a, cependant, qui préfèrent la résistance aux voies de la facilité, il nous reste encore un peu de temps…
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