Le Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire
en Ontario français (http://bit.ly/1pjgFrB) aura lieu au début d'octobre.
Après deux années de consultations, on y mettra la touche
finale à un projet de régime scolaire universitaire de langue française.
Cet événement doit intéresser tous les Québécois, les Acadiens
ainsi que les Canadiens français des autres provinces.
Du 3 au 5 octobre prochain, quelques centaines de Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes, étudiants et étudiantes en tête de file, se réuniront à Toronto et y prendront des décisions importantes pour l'avenir de l'Ontario français et de l'ensemble du Canada français, y compris le Québec.Si les médias ne sont pas au rendez-vous cette fois, si les yeux des publics québécois (francophones et anglophones), acadiens, canadiens-français - et, pourquoi pas, anglo-canadiens - ne sont pas rivés sur les les débats qui se dérouleront dans les salles des écoles Toronto-Ouest et Saint-Frère-André, il y a quelque chose de pourri dans ce royaume d'Elizabeth II.
Depuis 2012, le Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO), qui représente les étudiants et étudiantes francophones collégiaux et universitaires, a remis à l'avant-scène le vieux projet d'université de langue française en Ontario. Faut-il rappeler que les Anglo-Québécois ont trois universités, et que si on tentait de leur imposer le sort des Franco-Ontariens au postsecondaire, on verrait des médias anglos hystériques, des appels à l'intervention de l'armée canadienne et une commission d'enquête de l'ONU…
Toujours est-il que le REFO a fait un formidable boulot, organisant l'an dernier et cette année des rencontres de consultation dans toutes les régions de l'Ontario, accumulant des appuis, s'adjoignant deux importants partenaires, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario et la FESFO (étudiants et étudiantes du secondaire).
Ce qui était au départ le projet d'une poignée d'étudiants et d'étudiantes est devenu l'espoir des forces vives de l'Ontario français. On voit maintenant aux côtés des étudiants du REFO des professeurs, des dirigeants d'associations, ainsi qu'un nombre croissant de citoyens engagés.
Une cause juste
La cause est juste. Pendant que les anglophones du Québec contrôlent un système d'éducation bien à eux et fort bien garni depuis 1867, les francophones hors-Québec ont subi partout des persécutions, les Franco-Ontariens autant que les autres. Les injustices ont été corrigées graduellement du primaire au collégial au cours du dernier demi-siècle, mais pas à l'universitaire.
Alors que les Acadiens du Nouveau-Brunswick s'enorgueillissent de leur Université de Moncton, les Franco-Ontariens - quand ils ne sont pas obligés carrément d'étudier en anglais - doivent fréquenter des institutions universitaires bilingues où ils sont presque invariablement minoritaires et où le processus d'assimilation se poursuit. Il n'y a que la petite Université de Hearst pour sauver la face…
Le gouvernement ontarien aurait pu depuis longtemps remettre les pendules à l'heure, ou tout au moins prendre une position de principe ferme en faveur de la création d'une université de langue française. Mais il se contente de suggestions, de petites mesures à la pièce, et laisse entendre qu'il sera à l'écoute de la «communauté», et notamment à ce qui ressortira du sommet du 3 au 5 octobre.
Mais il n'y a pas que le gouvernement à faire bouger. Les deux monstres sacrés bilingues, l'Université d'Ottawa surtout mais aussi l'Université Laurentienne, ne voudront pas qu'on porte atteinte aux structures qu'elles ont érigées au fil des décennies. Et elles sont puissantes!
Alors Queen's Park regarde où le vent souffle. Si le sommet des «États généraux sur le postsecondaire en Ontario français» tombe à plat, si les étudiants se dégonflent (ce qui apparaît fort improbable), si les appuis se font rares, si l'opinion publique ne se manifeste pas, si les médias traitent l'événement comme une activité marginale, il faudra oublier l'université française… pour longtemps.
Les consultations étudiantes depuis 2012 ont fait ressortir un consensus général sur un élément majeur: la gouvernance. Peu importe la solution proposée, les programmes postsecondaires de langue française, de leur planification à leur réalisation, devront être régis par les francophones eux-mêmes. Restera à définir le modèle et la structure que prendra la future université de langue française, ce sur quoi il ne semble pas, pour l'instant, se dégager de consensus.
Quasi silence médiatique...
Aux dernières nouvelles, les inscriptions allaient bien et quelques centaines de participants seront au rendez-vous, le 3 octobre. Sur le front médiatique, cependant, il y a lieu de s'inquiéter. Le communiqué du 8 septembre invitant la communauté franco-ontarienne à s'inscrire au sommet des États généraux n'a été repris que par l'Express d'Ottawa et l'Express de Toronto.
Rien à Radio-Canada que je sache, rien dans les pages de nouvelles du quotidien Le Droit que je sache*, aucun avant-papier dans les grands médias québécois. Chez moi j'ai une chemise pleine de coupures de presse, de copies d'articles Web et de liens à des pages Web qui ont rendu compte des consultations jusqu'au printemps 2014. Il y a eu, dans Le Droit, une dizaine d'éditoriaux traitant du dossier universitaire et du projet du REFO. J'en aurais écrit d'autres, mais on m'a mis à la porte le 30 mai…
Et là, on arrive aux derniers kilomètres, presque à la ligne d'arrivée, là où se prennent les décisions les plus importantes, et c'est le silence médiatique quasi complet. C'est un peu scandaleux. On pourrait toujours espérer un texte dans Le Devoir qui, plus que d'autres, s'est intéressé au sort des francophones hors-Québec. Dans les autres quotidiens et médias électroniques québécois, ce sera sans doute le désert habituel, comme dans les grands médias anglo-canadiens.
J'espère avoir tort, mais si le passé est garant du présent et de l'avenir…
Enfin, je fais confiance aux étudiants et à leurs alliés. Cette fois, ils ne lâcheront pas et ils semblent avoir préparé une relève. Et à mes concitoyens québécois, je dis: vous ne devez pas rester indifférents au sort des francophones de l'Ontario et d'ailleurs. Ils ont besoin d'appuis, de solidarité. Et leur vécu peut fort bien devenir le nôtre d'ici une génération ou deux si les tendances actuelles se maintiennent…
En voyant la façon dont l'Ontario traitera leurs demandes justes, on pourra mieux décider quel genre de relation conserver avec le reste du pays…
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*Le lendemain de la rédaction de ce texte de blogue, dans son édition du mercredi 24 septembre, le quotidien Le Droit publie un texte sur le sommet dans un cahier publicitaire sur la Journée des Franco-Ontariens (25 sept.). Cela signifie que le service de la publicité du journal, responsable de ce cahier et de son contenu, a fait le travail de rédaction, et non la salle des nouvelles. Matière à réflexion...
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