vendredi 8 juillet 2011

JE ME SOUVIENS

Il y a lieu de rappeler, de temps en temps, comment le français a été traité en ce pays avant les grands éveils du dernier demi-siècle. Et quel sort pourrait l'attendre, éventuellement, si nous oublions les leçons de l'histoire...

Voici quelques extraits de « Vie française », ancienne revue du « Comité de la survivance française », des années 1950 et 1951.

Air Canada

« Le ministre fédéral C.D. Howe, dans une lettre à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, écrivait : "Je partage entièrement les vues du président des directeurs de votre société sur l'opportunité d'employer le français [...]. J'ai déjà attiré l'attention des directeurs d'Air Canada sur cette question et on m'a donné l'assurance que, où il est approprié de le faire, on se servira de la langue française dans une plus grande mesure qu'on ne l'a fait jusqu'ici."

« Considérant que la langue française n'est plus utilisée sur les billets, sur la publicité et sur les diverses affiches paraissant à l'aéroport de Dorval, pour n'en citer qu'un, les délégués (au congrès de la SSJB) réclament énergiquement auprès de qui de droit un judicieux usage de la langue française. »

Le français et les banques

« On peut observer à Montréal un phénomène curieux. Dès qu'on passe de l'est à l'ouest de la ville, on s'aperçoit que subitement, et comme par hasard, toutes les succursales des grandes banques canadiennes (anglaises) ne s'annoncent plus qu'en anglais seulement alors que dans l'est elles affichent un bilinguisme scrupuleux.

« Pourquoi cette partialité très nette dans l'ouest où il y a proportion beaucoup plus forte de Canadiens français que d'Anglais dans l'est? On s'avise même de répéter la chose dans des villes à forte majorité française comme Québec, Arvida et Grand-Mère. Ces maisons auraient intérêt à se rappeler que la clientèle canadienne-française a le droit d'être servie et sollicitée dans sa langue. »

Voeux pour Radio-Canada

Lors de son congrès de 1950, l'Association canadienne des éducateurs de langue française (ACELF) adopta la résolution suivante :

« Que la Société Radio-Canada diffuse sur son réseau français, quotidiennement et gratuitement, un quart d'heure de "chansons" d'inspiration française, comme médium de formation et de culture française ».

Encore sur Radio-Canada

« Le service de la citoyenneté nous apprend que Radio-Canada a émis des séries de programmes contre les préjugés de race. L'intention est excellente. Surtout quand on sait que notre radio nationale refuse systématiquement des programmes français à une large fraction de la population française au Canada. »

Cinéma français à Ottawa?

« La Rotonde, le journal des étudiants de l'Université d'Ottawa, vient de souligner l'utilité d'un cinéma français à Ottawa. Les carabins ont obtenu l'appui du premier ministre du Canada lui-même. Voici ce que pense du projet M. Louis Saint-Laurent : "Le Canada étant l'héritier de deux cultures, il y a certainement place à Ottawa, la capitale du pays, pour un cinéma où l'on pourrait présenter des films français. D'ailleurs, pareille entreprise ferait certainement ses frais, car non seulement l'élément français de la population d'Ottawa lui accorderait son appui, mais aussi nos concitoyens de langue anglaise ne manqueraient pas d'aller voir de temps à autre les productions de films français ou même canadiens-français." »

(En 2011, il n'y a toujours pas de cinéma français dans la capitale...)

Tourisme à Québec

(Parlant d'étudiants américains venus en touristes à Québec) : « Espérons qu'ils ne se sont pas contentés de circuler dans les rues «touristiques» de la Vieille Capitale. Ils n'auraient alors vu de Québec que des rooms, baths, vacancies, showers. Les propriétaires de ces demeures vivent du caractère français de Québec, mais ils n'ont pas l'intelligence requise pour le comprendre. Ils persistent à offrir uniquement de l'anglais à un tourisme qui vient ici pour trouver surtout du français. La SSJB de Québec a écrit à une centaine de ces «exploiteurs» du caractère français de Québec pour les inviter à se franciser eux-mêmes. Elle n'a même pas reçu une réponse. »

Pendant ce temps, à Ottawa...

« Dans Le Droit d'Ottawa, M. G.-H. Gagneau signale qu'au ministère fédéral du Commerce, vingt-trois fonctionnaires principaux sont anglophones. Il n'a pu trouver un seul nom canadien-français en parcourant la liste des présidents et directeurs de douze organismes qui relèvent de ce ministère. L'une des conséquences de cet état de chose, c'est que le rapport annuel de ce ministère vient de paraître en anglais seulement. »


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