Le titre du haut, exact. Le titre du bas, erroné.
Quand j'étais jeune, étudiant et Franco-Ontarien, je militais au sein d'organisations qui luttaient pour obtenir des écoles de langue française. Au primaire. Au secondaire. Au collégial et à l'universitaire. Nous, les francophones, étions une minorité, sauf dans quelques régions, et conscients que le gouvernement ontarien serait toujours celui de cette immense majorité anglophone de 90% et plus… Nous étions habitués à voir ce gouvernement comme un adversaire ou un obstacle…
Quelle ironie! Me voilà aujourd'hui, à 70 ans, à Gatineau, au Québec, dans une contrée à forte majorité francophone, obligé de reprendre le combat pour l'école française (une faculté de médecine cette fois) contre un gouvernement très provincial qui aurait dû être un allié, mais qui se comporte plutôt en parfait colonisé! Et le pire c'est que la collectivité, mal informée par Québec, par McGill et par des médias bien trop dociles, applaudit un premier ministre qui obligera les étudiants francophones en médecine de Gatineau à recevoir la totalité de leurs cours magistraux en anglais.
Si ne pas dire toute la vérité c'est mentir, M. Couillard et ses troupes ont menti. Ils ont brandi, presque fièrement, avec les médias comme courroie de transmission, que 92% de l'enseignement à cette faculté de médecine se ferait en français. L'impression ainsi laissée, c'est que la présence de l'anglais serait quasi marginale. Certains journalistes, y compris celui du Droit et l'animateur matinal à Radio-Canada, ont fait mieux que d'autres et mentionné que l'ensemble des cours magistraux serait donné en anglais, mais sans faire ressortir suffisamment toute l'importance de cette situation.
En ondes à 104,7FM, le polémiste Roch Cholette a été plus agressif avec le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Il l'avait littéralement dans les cordes à un certain moment quand il a fait valoir que le 92% d'enseignement en français incluait les stages, qui se font en milieu clinique à Gatineau où la langue de travail est toujours le français.
Mais il n'a pas asséné le coup de grâce, pour démontrer que le 8% (j'aimerais qu'on m'explique ce calcul) en anglais, c'était toute la première année et demie d'un programme de six ans qui comporte quatre années de stages et de résidence, et que les étudiants arriveraient à ces stages et en résidence avec un vocabulaire et un bagage de connaissances théoriques et techniques acquis en anglais alors qu'ils auraient à effectuer leur boulot en français…
Le premier ministre Couillard ne s'en offusque aucunement. Au contraire. Il a déclaré en ondes à la station Rouge-FM et au Droit: «Je pense que les étudiants ici n’y verront aucun problème». Et il a ajouté qu'ils devraient même se considérer chanceux d'être associés à «l’université McGill, une des universités les plus renommées au monde». Hé, les jeunes francos… Avoir la chance d'être pris en charge pendant un an et demie dans la langue des conquérants, par l'une des plus éminentes institutions de nos anciens Rhodésiens. On l'entend presque murmurer, merci bwana…
D'ailleurs, faut-il ajouter que les communiqués officiels de Québec et de McGill annonçant le feu vert pour la construction de cette faculté à l'hôpital de Gatineau ne font aucune mention de la langue d'enseignement. Ce silence est déjà, en soi, un mensonge. Dans un échange de courriels, McGill a confirmé que les cours de base des premiers 18 mois étaient donnés en anglais, ajoutant que par la suite, «les formations locales sont données en français». Quant à une possible francisation des cours théoriques, McGill affirme: «dès que les ressources locales seront disponibles, on souhaite augmenter la proportion offerte en français»…
Donc, si je comprends bien, toute augmentation de l'offre en français devra émaner de Gatineau, et non du campus montréalais de McGill, et ça reste un «souhait». Nulle part n'évoque-t-on une possible francisation complète, comme en mars 2014… Pourquoi le ferait-on? Selon M. Couillard, les cours en anglais, ce n'est pas un problème. On est chanceux, même. McGill daigne nous honorer de sa présence…
Vingt-quatre heures après l'annonce, aucun média n'a vraiment alerté la population à cette très claire anglicisation de nos étudiants francophones en médecine. Dix-huit mois de cours où toutes les matières de base seront enseignées en anglais, ça laissera des traces. Les étudiants franco-ontariens, qui ont bien plus besoin de l'anglais que nous, en étaient parfaitement conscients quand ils ont revendiqué, et obtenu, une faculté de médecine unilingue française à Ottawa.
Ce relatif silence médiatique explique peut-être que nos ténors de la francophonie et de la souveraineté n'aient levé aucun bouclier… De fait, c'est le calme plat… Seul le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, a déclaré dans les pages du Droit qu'il était important qu'au Québec, les francophones puissent «s'instruire dans leur langue». C'est en effet la moindre des choses…
Je croyais naïvement que les francophones, ici au Québec, avaient toujours le droit d'être instruits en français, même à l'université. Mais c'est faux. M. Couillard l'a dit lui-même. Québec a donné à McGill tout l'ouest du Québec en médecine. Les francophones n'ont pas le choix: ici à Gatineau ce sera la médecine McGill, tant que Québec ne se décidera pas à porter ses culottes...
SOS Québec… SOS Franco-Ontariens… Ça va mal ici…
Et voilà pourquoi les anglos viennent étudier en médecine à l’Université McGill???
RépondreSupprimerLe quart des médecins d'Ottawa formés au Québec
http://www.lapresse.ca/le-droit/actualites/sante/201301/30/01-4616799-le-quart-des-medecins-dottawa-formes-au-quebec.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4626193_article_POS1
À l'échelle provinciale, l'Ontario compte un total de 25480 médecins en pratique active, dont 9% ont été formés au Québec. Sur l'ensemble des quelque 2200 médecins ontariens ayant fait leurs études dans la Belle Province, près des trois quarts ont obtenu leur diplôme de l'Université McGill. Cette dernière est la seule université anglophone du Québec à offrir la formation en médecine.
Je vais être ridicule parce que quand il vient aux débats linguistiques interminables au Québec, le Québec est le bon endroit pour être ridicule. Qu'on expulse toutes les personnes qui parle l'anglais, fermer toute leur institution jusqu'à ce que l'anglais est parti pour de bon. De cette façon, ils peuvent aller harceler, les Italiens, Chinois etc.etc ...
RépondreSupprimer